24 février 2021, 19:00

BLURR THROWER

Interview Guillaume Galaup

Blogger : Clément
par Clément

Pile-poil deux ans après la réédition de son premier EP « Les Avatars du Vide » chez Les Acteurs de l’Ombre, le one-man band parisien BLURR THROWER est de retour avec cet album à la couverture surprenante. A l’image de sa musique qui inspire spleen et mélancolie, ces quelques fleurs fânées sur fond blanc n’invitent pas à célébrer la joie de vivre, pour sûr. Il faut dire que son black metal atmosphérique clair-obscur, jonglant entre ambiances crépusculaires et rythmiques noircies, est plutôt du genre costaud. Guillaume Galaup, unique maître à bord, lève le voile sur ce premier album pour HARD FORCE...


Bonjour Guillaume. Ton premier album, « Les Voûtes », vient de sortir chez les Acteurs de l’Ombre. Dans quel état d’esprit es-tu ? A quelle date remonte la genèse de cet album ?
Bonjour Clément. Je suis épuisé et essoré, mais fier du résultat. Je pense que nous sommes allés au bout de tout ce que nous avons tenté de réaliser Cäme, Les Acteurs de l'Ombre et moi-même. J'ai commencé à bossé sur « Les Voûtes » dès la fin de « Avatars du Vide », le premier EP du groupe, et j'ai stoppé sa production jusqu'à très peu de temps si l'on intègre à l'album son Artbook, pour moi un élément essentiel à la diégèse du projet. L'arrêt a été marqué distinctement par une période très lumineuse, d'une liberté intense, et je voulais clore la diégèse du projet sur un moment grâcieux. Les astres se sont alignés, c'est parfait ainsi.

La première chose qui frappe à la vue de cet album est l’artwork. C’est Cäme Roy de Rat qui est à l’œuvre avec des photographies que tu as réalisées. Comment s’est déroulée cette collaboration ?
J'avais construit un proto artwork reprenant mes photographies et Cäme l'a sublimé à sa manière. En ajoutant sa patte tout en respectant réellement ce qui construisait le propos : l'artwork est un piège dressé contre l'auditeur. Apaisant et léché aux premiers abords, l'album se doit de se refermer comme un piège à loup.

Du côté des textes, tu as collaboré avec Gaétan Juif sur la création de poèmes obscurs, profonds où l’on sent le désespoir, l’apathie pointer dans chaque recoin...
J'ai en effet utilisé un texte de Gaétan pour le morceau "Germes Vermeils" (L'aurore nous enterre, éditions Percée). Cette collaboration s'est faite de manière naturelle, dans la mesure où je devais prendre quelques clichés de l'ouvrage que sortait Gaétan. Je l'avais sous la main, le mal était fait. Le poème écris au travers des "Voûtes" est de moi en revanche. Je vois BLURR THROWER comme une œuvre autobiographique, et j'écris dans les moments où j'en ressens le besoin. Le poème - tout comme ceux présent dans l'Artbook - retracent donc des moment clés de ces dix dernières années. Certains écrits sont lumineux et romantiques, d'autres sont plus sombres, ils sont tout comme ce que je tente d'écrire musicalement et de capturer en photographie, le miroir d'une forme de bipolarité. L'illusion de l’apaisement contre le noir tautologique. Cette opposition est essentiel à toute la diégèse du projet et fait écho à une condition psychiatrique que je romantise à loisir dans le cadre du projet.

« Les Voûtes » a tout d’un véritable tour de force, entre moments sauvages où les guitares tournoient et la batterie déferle sans jamais baisser la garde et d’autres parties plus calmes, plus introspectives – Sur le premier EP c’était déjà le cas mais l’on sent ici que ces deux mondes n’en forment plus qu’un seul parfaitement cohérent. Est-ce la marque de fabrique du groupe ?
J'ai toujours été naze en transition et il est possible que les moments ambiants soit des caches misères que je tente d'améliorer le temps passant. De plus cela fait sens avec les émotions que je tente de véhiculer à certains moments clés des albums. Je pense donc que cela peut être une marque de fabrique, mais je suis conscient que certains le font mieux que moi. C'est l'intensité et la sincérité que j'injecte dans l’œuvre qui peut être différenciant.

BLURR THROWER est catégorisé dans le "cascadian black metal" où des groupes reconnus comme WOLVES IN THE THRONE ROOM, FELL VOICES ou ALDA ont fait leurs preuves. Même si tu partages avec eux la recherche d’ambiances crépusculaires, que penses-tu qui te différencie d’eux au final ?
Je suis naze en transition ET aussi en catégorisation du black metal. Pour moi le cascadian, c'est FELL VOICES, ASH BORER et WEAKLING. Je respecte profondément les groupes comme WOLVES IN THE THRONE ROOM ou AGALLOCH et leur influence sur le black metal moderne, mais je ne partage en rien les valeurs que les groupes véhiculent. Je crois au black qui mutile, apparenté à un shoot de vitriol, à l'art qui veut mettre à nu et faire mal. En cela je pense avoir une petite place au sein de cette scène.


Concernant l’un des formats de l’album, celui-ci sera disponible en cassette. Que penses-tu de cette nouvelle vague qui déferle depuis quelques années maintenant avec des labels spécialisés dans les sorties dans ce format ? A titre personnel, écoutes-tu toujours des cassettes ?
L'album ne sera pas disponible en cassette. La cassette présente en bundle avec l'artbook est une prise d'un projet qui nous tenait à cœur avec les membres de CEPHEIDE, BAUME et TIME LURKER. C'est un format que j'apprécie énormément d'abord pour son esthétisme et pour la magie que propose la bande, son grain, ses défaillances et son côté évolutif au travers du temps, mais je me rends compte utiliser de moins en moins son support pour son écoute. Nous avons utilisé la cassette pour son côté collector et difficilement "MP3-able".

De superbes éditions limitées de l’album sont également proposées par votre label, peux-tu les présenter à nos lecteurs ?
J'ai toujours vu BLURR THROWER comme une tentative d’œuvre d'art la plus complète et tautologique possible. De fait nous sommes extrêmement fiers de présenter en accompagnement du disque un Artbook qui comprend une multitude de photos, de poèmes et d'écrits donnant beaucoup de clé de compréhension à la diégèse du projet. L'artbook est accompagné d'une cassette audio citée plus haut, un badge fait main et une multitude d'autres goodies.

A ce sujet, Les Acteurs de l'Ombre est un label reconnu pour la qualité de son catalogue et de cette "patte" post-black qui colle à la peau d’une partie de ses artistes. Est-ce ce qu’y t’a poussé à signer chez eux ?
Je ne suis pas en phase avec ce discours que l'on tient sur le label et de cette dite patte post-black. Pour moi, Les Acteurs de l'Ombre, ce sont des groupes comme PARAMNESIA? TIME LURKER, CREPUSCULE D'HIVER, HYRGAL, de très grands groupes qui n'ont rien de "post". C'est plus du fait de ces représentants que je me suis directement vu dans leurs rangs ; très proche des ambitions de produire un black metal cascadien "à la française", en face du label allemand Vendetta.

Le format "one-man band" n’est pas compatible avec d’éventuelles tournées, surtout dans la période de crise que nous traversons. Est que tu as cependant déjà pu assurer quelques concerts en 2018 et 2019 ?
A ce jour je n'ai jamais fait de live avec BLURR THROWER mais simplement avec BASILIQUE, un projet très orienté live avec les membres de BAUME et CEPHEIDE. Nous préparons des concerts pour BLURR THROWER dès que cela sera matériellement et contextuellement possible.

Et si tu ne devais retenir qu’un seul événement depuis la création de BLURR THROWER, lequel te viendrais immédiatement à l’esprit : le pire et le meilleur ?
Le meilleur restera la signature chez Les Acteurs de l'Ombre, qui a démontré que j'étais légitime dans mon Art. Le plus complexe a été ma rupture avec ma femme qui, j'espère, se ressent sur le disque.

Encore merci pour ta disponibilité Guillaume, que peut-on souhaiter à BLURR THROWER pour 2021 ?
Du courage pour entreprendre autre chose pour l'heure ! Merci à toi Clément pour l'interview.


HARD FORCE et Les Acteurs de l'Ombre vous proposent de gagner la version digipack de l'album. Pour cela, rien de plus simple, il vous suffit de répondre à cette question :
"Quel artiste a réalisé la pochette de l'album ?" et d'envoyer un mail avec vos nom & prénom et adresse postale à concours@hardforce.com avant le 2 mars minuit.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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