9 mars 2021, 20:00

MORK

Interview Thomas Eriksen

Adoubé par les plus grands de la scène black metal, MORK est devenu un réel acteur du domaine grâce à une musique sincère, brute et inspirée. Le cinquième album « Katedralen », entièrement composé par Thomas Eriksen, est un véritable chef-d’œuvre qui ravira toutes les oreilles curieuses. C'est Thomas lui-même qui nous parle de la genèse de l'album, de ses projets et qui n'hésite pas à dévoiler quelques petits secrets intéressants.


Pour commencer, peux-tu nous dire si cette période de pandémie a eu un impact sur la production de ce nouvel album à venir, « Katedralen » ?
Pas tant que ça. La seule chose qui est impactée, ce sont les concerts que nous ne pouvons pas assurer. On a pris l'habitude de jouer en live depuis 5 ans et l'année dernière aurait dû être l'année où l'on assurait le plus de concerts. On aurait dû faire une tournée européenne complète, une tournée sud-américaine, une tournée dans les pays scandinaves et jouer à Wacken... mais tout est tombé à l'eau. Heureusement, nous avons pu jouer quelques concerts en Norvège. En tous cas, quand je ne suis pas en studio ou en concert, je suis de toute façon créatif. J'ai travaillé sur l'album et sur l'EP qui est sorti en novembre et j'ai créé mon propre podcast.

« Katedralen » semble être un album très personnel, très ancré dans le black metal, bien sûr, mais aussi ouvert sur de nouveaux horizons. La façon dont tu l'as composé est-elle différente de celle utilisée sur les précédents albums ?
Oui, les albums de MORK sont toujours en évolution. Au début, je faisais du black metal primitif, strict, étroit, pas surproduit. Pour chaque album suivant, j'ai été chercher un peu plus loin et je me suis ouvert. Je suppose que je commence à trouver ma place dans le monde du black metal et « Katedralen » n'est pas loin de la perfection pour moi. C'est en tout cas le plus varié dans les atmosphères. J'en suis très fier mais de toute façon, je ne pourrais pas sortir un album sans en être satisfait. C'est une belle réussite pour moi, je suis content.
 


Le dernier titre de l'album "De Fortapte Sjelers Katedral" va dans ce sens, il est bien plus long que les autres et très atmosphérique. Il ouvre vraiment sur de nouveaux horizons. Que peux-tu nous en dire ?
Oui, en fait, il est très représentatif de tout ce que représente l'album. Il est lié au titre « Katedralen » que j'ai trouvé il y a de nombreuses années, en 2008 je crois. Je voulais faire un EP conceptuel avec 3 ou 4 titres qui raconterait l'histoire d'une personne ou plusieurs qui seraient amenées dans un paysage désolé sur un grand pont. Arrivées de l'autre côté, le pont s'effondrerait et elles verraient alors une cathédrale devant elles. Ce serait la cathédrale des âmes perdues. C'était l'idée principale mais j'ai ensuite travaillé sur d'autres choses et le projet n'a jamais abouti bien qu'il était très avancé. Récemment, en 2018, je voyageais avec le groupe et en mangeant dans un avion alors que tous les titres étaient bien avancés pour le nouvel album, j'ai eu cette idée qui m'est revenue. Donc voilà, le titre est de retour bien que ce ne soit pas pour un concept album. J'ai essayé de mettre toutes les idées de l'EP dans la dernière chanson de l'album, c'est pour ça qu'elle est si longue. Je voulais un long morceau mais quand j'écris de la musique, je ne sais jamais trop où ça va m'amener. Je joue un riff et le reste vient au feeling. La partie funeral-doom à la fin de la chanson est très spéciale pour moi. Quand j'ai entendu les parties lentes composées à l'époque, mon passé est revenu à la surface. Quand j'ai découvert le black metal, j'ai aussi découvert le funeral-doom et j'ai découvert le groupe finlandais SKEPTICISM. C'était il y a de nombreuses années mais à ce moment là, je me suis dit que je voulais ce joueur d'orgue sur ma musique. J'ai alors contacté Eero Pöyry (claviers de SKEPTICISM) et je lui ai demandé de participer à « Katedralen » et il a accepté. Donc cette chanson a vraiment beaucoup de sens pour moi.

Et le fait que ce soit la dernière chanson de l'album lui donne encore plus de charisme je trouve non ?
Oui, tout à fait. Elle était faite pour se trouver à la fin de l'album et la partie à l'orgue en fin de morceau ouvre vraiment sur un horizon sombre. J'en suis très content. La dernière chanson de l'album précédent « Det Svarte Juv » était spéciale aussi. C'est donc mon deuxième album avec une fin théâtrale. J'ai peut-être trouvé une formule ?

Te sens-tu plus confiant en ce que tu produis grâce au succès que tu rencontres avec MORK ?
Non, simplement à l'époque du premier album, j'avais hâte de savoir ce que la communauté black metal penserait de celui-ci. Est-ce que je serais accepté ou juste considéré comme un autre groupe sans intérêt ? Mais je fais toujours la musique que j'aime et avec laquelle je me sens confortable. Ce qui a changé aujourd'hui, c'est que je fais ce que je veux en fait. Par chance, je n'ai pas besoin de répondre aux attentes des gens. J'essaye d'être le plus sincère possible. La musique fait partie de ma vie, ce n'est donc pas si difficile.
 


​Avoir des amis comme Nocturno Culto de DARKTHRONE doit aider à la légitimité non ?
Je ne sais pas. Je l'ai connu il y a quelques années maintenant et il a chanté sur mon deuxième album. A l'époque, c'était quelque chose de grandiose pour moi bien sûr car mes deux groupes de black metal préférés sont BURZUM et DARKTHRONE. Donc avoir les membres de ces groupes qui m'acceptent parmi eux était juste génial ! Je suis plus jeune qu'eux, pas de la même génération alors le fait qu'ils m'acceptent est plutôt cool. Aujourd'hui, les choses sont plus fun. On est amis avec Nocturno Culto et on passe du bon temps ensemble, même en dehors de la musique donc son accord est plus facile.

Il va finir par s'habituer à chanter sur tes albums !
Oui, la prochaine fois il pourrait y chanter seul d'ailleurs ! Mais en fait, pour être tout à fait honnête et sans dévoiler trop le secret, on est en train de monter un projet ensemble. Mais comme il a du mal à suivre un projet de cap en cap, c'est un peu compliqué ! Mais j'y travaille ! Il est le vocaliste parfait, pur black metal, brut et sans concession. J'aime sa personnalité. 

Et qu'en est-il de Dolk de KAMPFAR ?
C'est un peu la même histoire. Il est venu ici dans mon studio et on a passé du bon temps. La seule différence c'est que c'était la première fois que je travaillais avec lui de manière créative. On est amis depuis longtemps et on a joué ensemble sur quelques scènes avec nos groupes respectifs. Quand il a accepté de faire des vocaux sur « Katedralen », j'étais curieux. Et il a vraiment apporté ses propres idées. Il est vraiment très créatif et a fait progresser ma musique. J'en suis très heureux. "Født Til A Herske" fait d'ailleurs l'objet d'un single avec une vidéo.
 


Comment décides-tu quel titre tu vas extraire de l'album ?
C'est toujours très dur. Mais comme je fais 100% de l'album, j'ai aussi la main sur lui à 110%. J'ai une espèce de feeling concernant les titres à sortir en premier. J'essaye de sortir les chansons qui auront le plus d'impact sur les fans. Mais je peux me tromper parfois...

Tu as choisi David Thiérrée pour illustrer la pochette de ton album. C'est le meilleur pour représenter la musique de MORK ?
Quand j'ai vu ce dont était capable David et ce qu'il a fait pour moi la dernière fois, je suis tombé amoureux de son art. Pour moi, au début, le black metal était une histoire de noir et blanc. C'est encore ce qui coule dans mes veines aujourd'hui et le pinceau de David fait un travail formidable d'ombres et de lumières en noir et blanc. C'est incroyable ! Je lui ai donné le concept autour de l'album et il l'a vraiment bien intégré. Je suis vraiment reconnaissant du travail qu'il fait pour MORK.

C'est important pour toi de respecter les standards du black metal, le noir et blanc comme tu disais, le corpse paint aussi... ?
Oui et non. Je fais cela car je pense que c'est bien à ce moment là. Mais peut-être qu'à l'avenir, j'utiliserai des images en couleur ou je mettrai une jupe sur scène ! Peut-être... En fait, c'est juste pour dire que je me moque de ce que les gens pensent de moi. Tout ce que je fais, c'est parce que j'en suis convaincu. Les gens ont de toute façon toujours quelque chose à dire, surtout sur les réseaux sociaux. J'essaye de me préserver et de toute façon le black metal revient à faire ce que tu veux.

L'album est sorti le 5 mars et le 6, il y a eu une release-party filmée à Oslo. A quoi pouvaient s'attendre vos fans ?
Ah, c'était un secret ! Mais je me sentais très privilégié de jouer au Rockefeller car tous les groupes dont je suis fan y ont mis les pieds. Les gars de KAMPFAR et de 1349 aurait dû y jouer mais avec ce COVID, ils n'ont pas pu... Quoi qu'il en soit pour nous, c'était un concert filmé car je voulais vraiment en faire bénéficier les fans qui ne pouvaient être sur place.

On voudrait bien vous voir en France, en vrai...
Oui, on viendra vous rendre visite dès que possible ! J'adore la France, j'ai passé du temps à Nice, Antibes, Cannes et à Paris bien sûr. Vous avez un super pays, très historique. Et vous avez des vins géniaux !

Un petit concert MORK, DARKTHRONE, KAMPFAR, SKEPTICISM serait parfait !
Oui ce serait génial en effet mais Nocturno Culto est très casanier et il ne veut pas sortir de Norvège alors ça va être dur à négocier ! Mais en effet, ce serait cool !

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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