18 mars 2021, 17:54

LE JOUR OÙ…

Rob Halford a remplacé Ronnie James Dio dans BLACK SABBATH


​Un seul chanteur peut se targuer d'avoir remplacé, chronologiquement parlant, Ronnie James Dio et Ozzy Osbourne au sein de BLACK SABBATH : Rob Halford, le Metal God !

Un soir de novembre 1992, le téléphone sonne chez Rob Halford à Phoenix, dans l'Arizona, où il a posé ses valises. Six mois plus tôt, il a "quitté" JUDAS PRIEST, fatigué des prises de tête perpétuelles entre les deux guitaristes, K.K. Downing et Glenn Tipton. C'est Tony Iommi qui lui fait une proposition, impressionnante, mais qu'il ne peut décemment pas refuser : remplacer, le temps de deux shows, Ronnie James Dio au sein de BLACK SABBATH. Un de ses chanteurs préférés, qu'il écoute quasiment chaque soir avant de monter sur scène, rappelait-il encore en 2019.

Les 14 et 15 novembre, Ozzy Osbourne donne en effet ce qui est alors présenté comme les deux ultimes concerts de sa carrière, points d'orgue du "No More Tours", au Pacific Amphitheatre à Costa Mesa, en Californie. Un clin d'œil au titre de l'indispensable « No More Tears », son sixième album solo sorti un an plus tôt. Outre SEPULTURA, qui ouvre la soirée, c'est BLACK SABBATH, dont le Madman fut le chanteur jusqu'en 1979 avant de s'en faire virer, qui est convié en première partie. La dernière fois où il a joué avec Iommi et Geezer Butler, le bassiste, c'était le temps d'un bref set au Live Aid, en 1985, à Philadelphie. Où apparaissait aussi JUDAS PRIEST d'ailleurs. Et il est convenu que le dernier soir, en deuxième rappel, Ozzy les rejoindra sur scène pour quatre morceaux, histoire que la boucle soit bouclée.

Mais il est hors de question pour Ronnie James Dio, qui remplaça Osbourne le temps de deux albums, « Heaven And Hell » (1980) et « Mob Rules » (1981), avant de partir fonder DIO puis de retrouver Iommi & Co avec « Dehumanizer » (1992), de fouler la même scène que lui. Surtout en tant que première partie. « Ce sera sans moi, c'est un clown », aurait-il déclaré au guitariste gaucher, si l'on s'en tient à ce que ce dernier rapporte dans Iron Man, My Journey Through Heaven And Hell with Black Sabbath, son autobiographie sortie en 2012. Et surtout, il est persuadé que cela scellera le retour d'Ozzy au sein des pionniers du heavy metal.

Sueurs froides chez les Britanniques, Iommy et Butler ne voulant bien entendu pas laisser filer l'opportunité exceptionnelle qui leur est donnée de profiter de la notoriété de leur ex-chanteur pour montrer leur valeur à un large public pour qui le nom de BLACK SABBATH appartient à un passé révolu. Quant à Vinny Appice, batteur de la formation qui jouait précédemment dans DIO, il est pris entre deux feux… Alors tant pis si le chanteur américain quitte à nouveau le groupe, Iommi pense aussitôt à Rob Halford, originaire de Birmingham, comme lui et BLACK SABBATH, pour jouer les hommes providentiels. 

Halford accepte aussitôt et les trois musiciens le rejoignent à Phoenix pour répéter le set, deux ou trois heures durant. Précision : non pas chez lui, mais dans un local "normal" où les musiciens présents tombent à la renverse quand ils voient débarquer ensemble les quatre légendes… Le chanteur encourage même le groupe à jouer deux morceaux qui n'apparaissaient plus en live depuis longtemps, "N.I.B." et "Symptom Of The Universe". Tout se passe bien, d'autant plus qu'Halford, en grand fan de BLACK SABBATH qu'il est, connaît déjà quasiment toutes les chansons par cœur. Tant mieux : il n'y aura qu'une seule et unique répétition, le show ayant lieu 48 heures plus tard.

C'est donc plutôt confiant, quoiqu'un peu stressé, que Rob attend le début du concert. Mais personne n'a abordé la question de l'entrée sur scène et il va vivre un moment digne de Spinal Tap. « Nous nous sommes tous préparés et je me suis dirigé avec Tony vers le côté gauche de la scène, racontait-il à Tone Deaf en novembre dernier. Les lumières s'éteignent, les fans se mettent à hurler, l'intro du concert démarre et je lui demande : "Tony, quand est-que l'on monte sur scène ?". Mais il a disparu. Je le cherche partout. Pas de Tony. Et merde. Je suis tout seul, j'avance en trébuchant dans l'obscurité, en essayant de trouver l'entrée de la scène… 
Je finis par y arriver, il y a de la fumée, alors j'avance, persuadé que le reste du groupe est déjà en place. Je me retrouve au milieu de la scène, il y a un peu de lumière et les fans deviennent dingues. Je regarde autour de moi. Je suis tout seul. » Un moment de grande solitude pour le Metal God, ambiance "Should I Stay Or Should I Go" des CLASH… Pour éviter de montrer qu'il s'agit, en quelque sorte, d'un faux départ, il prend son mal en patience. Quelques minutes plus tard, Iommi, hilare et fier de son coup, et les autres débarquent. « C'est un petit farceur » commente le chanteur avec le sourire.
 


Compte tenu qu'Internet n'existait pas à l'époque, le remplacement du grand Ronnie James par le non moins grand Rob est une surprise pour tous les spectateurs. De l'avis général, les deux concerts sont une tuerie, même si le téléprompteur sur lequel défilent les lyrics s'arrête. Heureusement, le Metal God avait pris soin de faire coller au sol les paroles des chansons, au cas où. Mais debout, il n'arrive pas à les lire. Ce qui l'oblige à chanter, un genou à terre, pour pouvoir les déchiffrer, pour être sûr de ne pas se tromper… Là encore, le public n'y voit que du feu et pense que cela fait partie de son jeu de scène. Halford se plantera sur "Children Of The Grave" qu'il attaquera un peu trop tôt… Trois fois rien quand on sait que les quatre hommes n'ont eu que quelques heures pour répéter.

De nombreux bootlegs circuleront alors, dont l'un des plus "célèbres" porte le titre – évident – de "The Priest Comes To The Sabbath"...

La set-list du 14 novembre...
01. The Mob Rules
02. Computer God
03. Children of the Sea
04. Symptom of the Universe
05. N.I.B.
06. Die Young
07. Into the Void
08. Heaven and Hell
Rappel
09. Supernaut
10. Neon Knights


Et celle, légèrement différente, du 15 novembre :
01. The Mob Rules
02. Children of the Grave
03. Children of the Sea
04. Symptom of the Universe
05. N.I.B.
06. Die Young
07. Into the Void
08. Heaven and Hell
Rappel 1
09. Sweet Leaf
10. Neon Knights
Rappel 2 (avec Ozzy et sans Rob)
11. Black Sabbath
12. Fairies Wear Boots
13. Iron Man
14 . Paranoid (après le set d'Ozzy, en toute fin de soirée)

Douze ans plus tard, Rob Halford chantera à nouveau avec BLACK SABBATH, en tant que remplaçant d'Ozzy cette fois. Victime d'une bronchite, ce dernier n'était en effet pas en mesure de jouer au Ozzfest en ce 26 août 2004 à Camden, dans le New Jersey. Mais ceci est une autre histoire…

Pour en revenir brièvement à R.J. Dio, l'Américain retrouvera une troisième fois Iommi, Butler, accompagnés d'Appice – soit le line-up du BLACK SABBATH de « Dehumanizer » – mais cette fois sous le nom “transparent” de HEAVEN & HELL. Histoire de différencier son ère de celle d'Ozzy, c'est vrai, mais aussi d'éviter quelques problèmes légaux avec ce dernier, dit-on. Les quatre hommes enregistreront un unique album studio, le très recommandable « The Devil You Know », sorti en avril 2009. Un an plus tard, Ronnie James perdra son combat contre le cancer. 

Le mois dernier, Vinny Appice confiait à Rock Fantasy qu'il avait été deux fois vaguement question qu'Halford rejoigne BLACK SABBATH pour de bon. La première à l'issue de ces deux concerts en 1992 ; la seconde, au sein de HEAVEN & HELL, après la disparition du petit chasseur de dragons...


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Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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