Dire qu'on vient de passer un an sous des masques Made in China, un an à renifler ce tissu synthétique de m... qui irrite la gorge, qui laboure les pommettes et qui font que le soir quand tu l'enlèves enfin, t'as l'impression d'être à la place de Dumbo tellement que ça tire les oreilles ! Marre, marre, marre ! Pour passer ses nerfs, il n'y a qu'une seule et unique solution possible : lire ce nouveau numéro de Labels & Les Bêtes et s'enfiler d'un coup les 6 albums chroniqués en montant le son au-delà du raisonnable...
Tant qu'on a des oreilles d'éléphant, autant en profiter au maximum non ?
MCDEATH - « Lord Of The Thrash » (Indépendant)
Faire du thrash et prendre un nom qui évoque le death metal, dès le départ cela ne semblait pas franchement une très bonne idée. Mettre presque 10 ans à sortir leur second album non plus, à l'époque en 2015 (le précédent « Spit Of Fury » datant de 2006)...
Croyez-vous que la formation germanique aurait pensé à mettre ce laps de temps à profit pour changer de nom et en adopter un autre qui prête moins à confusion (genre MUCK DONALD, LICK BEERGER, PIZZA BUTT, MURDER KING pour rester dans le même esprit à la limite...), voire modifier leur pochette et la rendre plus professionnelle ?
Que nenni, braves gens ! MCDEATH a préféré peaufiner en priorité ces 10 titres formatés comme des bombes au napalm et bien lui en a pris : on sent tout de suite que les arcanes du thrash n'ont absolument pas de secret pour les Allemands. D'entrée "Baptized In Black" sonne presque comme du CHILDREN OF BODOM gonflé à bloc et le reste présente un niveau d'intensité similaire, s'offrant le luxe d'un gros trait de génie ("Evil Lyn" et son refrain tout en harmoniques).
Un petit clic sur ce petit bijou d'un lointain passé s'impose !
(Crapulax)
BRAND OF SACRIFICE - « Lifeblood » (Indépendant)
On sait que les canadiens vouent un véritable culte à la violence, le nombre de formations affiliées au metal extrême l'atteste depuis des décennies, même si dans l'ensemble elles sont restées cloîtrées dans les profondeurs de l'underground. Le groupe de deathcore originaire de Toronto BRAND OF SACRIFICE vient rajouter une nouvelle pierre à cet édifice cyclopéen, sauf que la pierre de 2021 ressemble plus à un bloc de 20 tonnes qu'à une briquette de Lego.
Le petit plus de ce nouvel album ? L'utilisation de samples aussi discrets qu'efficaces ("Demon King", "Altered Eyes"), des riffs inspirés du marteau-piqueur des gars de la voirie du bas de la rue ("Animal") et surtout des hurlements démoniaques à souffler les portes de l'enfer (avec entre autres quelques invités de marque comme Ben Duerr de SHADOW OF INTENT, Frankie Palmeri de EMMURE ou Eric Vanlerberghe de I PREVAIL).
Bref un ensemble d'éléments choisis méticuleusement dans le seul but de détruire les capacités auditives des fans et qui au passage écrase toute forme de concurrence.
(Crapulax)
FUATH - « II » (Season Of Mist)
FUATH c'est le projet parallèle de l 'excellent Andy Marshall de SAOR et c'est tout naturellement que le deuxième album de ce one-man band s'intitule « II » puisque le premier volet datant de 2016 se nommait « I ». Alors que penser de ces 5 titres de black metal atmosphérique ? Que du bon. Marshall propose une musique brutale et rapide aux influences très marquées du black metal des années 90.
S'éloignant du caledonian metal de son groupe originel, il nous emmène dans un univers bien plus sombre et agressif grâce à des riffs costauds et des rythmes blastés. De longs passages mid-tempo et mélodiques agrémentés d'une batterie lourde donnent une ambiance quasi chamanique qui contraste avec les moments de pure frénésie.
Des titres comme "The Pyre" ou "Into The Forest Of Shadows" rappellent facilement du BURZUM ou du DARKTHRONE des temps anciens alors qu' "Essence" se veut plus épique et atmosphérique. A croire que l'environnement écossais est aussi inspirant que les paysages scandinaves.
En tous cas, espérons que ce « II » ne soit pas le dernier album du groupe tout comme « I » devait l'être.
(Aude)
ESCUMERGAMËNT - « ...ni degu fazentz escumergamënt e mesorga... » (Avantgarde Music)
Voilà donc un nom mystérieux pour un groupe qui l'est tout autant. Visiblement formé par des membres honoraires et émérites de la scène black metal suédoise, ESCUMERGAMËNT évolue dans un black metal atmosphérique de haute couture.
Essayer de trouver qui se cache derrière le line-up est à peu près aussi facile que deviner où se trouve le paysage brumeux de la pochette de l'album. Peu de chances de succès. Mais cela n'a pas d'importance tant les six titres de ce premier album méritent toute notre attention. Le black metal du combo est sincère et authentique avec un son brut et épuré. « ...ni degu fazentz escumergamënt e mesorga... » a été enregistré en live session dans une petite chapelle au milieu des bois en plein hiver et on peut en effet y ressentir le froid mordant environnant.
Les vocaux hurlés caverneux, les guitares acérées, la basse omniprésente, les rythmes imposants et les claviers funestes rivalisent d'ingéniosité. Mention spéciale au très profond et lourd "Antediluvium", véritable joyau de black metal implacable.
Qu'il est plaisant de voir que la scène suédoise regorge de pépites, même si c'est un peu triché puisque ESCUMERGAMËNT n'est pas tout à fait néophyte. A vos paris !
(Aude)
EXANIMIS - « Marionnettiste » (Klonosphere)
Jeune groupe formé du côté de Nancy, EXANIMIS remet à l’honneur le vieil adage qui indique que la valeur n’attend pas le nombre des années. Il faut dire que le trio a quelques atouts à faire valoir comme un passage par la Music Academy International de Nancy qui lui confère une grande maîtrise instrumentale ainsi qu’un sens affûté de la composition. Et cela se ressent tout du long de cette heure qui navigue à l’envi du heavy prog' au black sympho en passant par le melodeath épique où s’invitent des claviers généreux, quelques solos tonitruants et une section rythmique dont l’expertise est indiscutable.
Oui, le groupe sait se faire technique sans tomber dans le démonstratif, se concentrer sur l'essentiel pour éviter les écueils des morceaux à tiroirs. Et signe ici un album solide qui réussit le tour de force de ne pas se limiter à une compilation d’invités sans queue ni tête mais à une œuvre homogène où chaque participant mérite sa place.
La prestation de Clément Denys (batteur également chez FRACTAL UNIVERSE) est à ce titre impressionnante. « Marionnettiste » est pour le coup une entreprise ambitieuse dotée d’une production impeccable qui délivre un message sans ambiguïté : FLESHGOD APOCALYPSE peut trembler, EXANIMIS est dans le quartier !
(Clément)
JOURS PÂLES - « Eclosion » (Les Acteurs de l’Ombre)
Né sur les cendres d’ASPHODELE, alors fruit de la rencontre entre Spellbound (AORLHAC) et Audrey S. (AMESOEURS), JOURS PALES reprend à son compte le titre de l’album de ce dernier pour poser les bases d’une entreprise bien plus sombre. En effet, les 50 minutes que durent « Eclosion » font la part belle à un black metal plutôt mid-tempo, mélancolique qui le rapprocherait des premiers travaux de WOODS OF YPRES ou AGALLOCH. Christian Larsson (GLOSON, ACACIA), fidèle au poste, tient toujours la basse pendant que James Sloan (à l’œuvre chez UADA) et Phalène se partagent les guitares et la batterie.
Audrey Sylvain a quant à elle quitté le navire pour voguer vers d’autres horizons. La recette, elle, a changé au profit d’un renforcement du côté metal de l’ensemble avec toujours ces mélodies de toute beauté et les guitares qui tranchent bien net.
C’est propre, carré et la patte de Spellbound est identifiable dès le morceau d’ouverture, splendide et musclé, « Illunés ». Ceux qui suivent l’artiste depuis quelques temps et sont à la recherche d’une version plus musclée d’ASPHODELE trouveront à coup sûr leur bonheur sur ce disque !
(Clément)
