31 mars 2021, 19:27

Malcolm Young

Une interview inédite du guitariste d'AC/DC


Même si Angus Young a plus souvent été sous les feux des projecteurs en raison de ses talents de soliste et de son jeu de scène épileptique, tout fan d'AC/DC qui se respecte connaît le rôle primordial de Malcolm, son grand frère, qui préférait l'ombre. Trois ans et demi après sa disparition, à l'âge de 64 ans, The Coda Collection a publié sept heures de vidéos retraçant la carrière du plus grand groupe de binaire du monde. Et, au passage, a exhumé une interview restée jusque-là inédite de celui qui était tellement plus que le guitariste rythmique des Australiens d'adoption...

...En voici quelques extraits.


Les débuts d'AC/DC dans les années 70
« On essayait juste de divertir les gens. Quand on a commencé, les gérants des clubs nous disaient : "Il faut que les gens dansent, comme ça, ils boiront plus". C'est comme ça qu'on a fait nos gammes, en faisant en sorte que les gens aient chaud et qu'ils transpirent pour avoir envie de boire. Nous sommes restés dans le même état d'esprit. Nous n'avons jamais oublié que les spectateurs paient pour venir nous voire jouer. Tout le reste était un bonus. Nous étions juste un groupe de club. Les choses ont évolué et nous aussi par la même occasion. »

La découverte de la musique en Australie
« Au début des années 60, on se sentait coupés du monde. Les hits venus d'Amérique arrivaient avec deux mois de retard. Nous avions tout un tas de mini-stars qui régnaient en maîtres à la télé. On avait le Top 20 et Radio Luxembourg. On l'écoutait pour savoir ce qui se passait vraiment dans le monde de la musique. Nous avons vu les BEATLES à la télé à Glasgow avant qu'ils aient un hit et avant de partir nous installer en Australie. Six mois plus tard, nous avons découvert qu'ils avaient un succès énorme. Il a fallu six mois pour que ça arrive en Australie. »

L'importance du blues pour lui
« Mes frères écoutaient du blues de Chicago. Un d'entre eux, John, adorait BIG BILL BROONZY. Tu commences à noter des noms sur ces albums et à les écouter. On ne dirait pas comme ça, mais quand ta famille se retrouve déracinée en partant s'installer à l'autre bout du monde parce que ton père ne trouve pas de boulot, tu n'avais pas l'impression de faire partie du système – si tant est qu'il y en avait un. On a dû se battre à de nombreux niveaux. On se retrouvait dans ce que chantaient les bluesmen. Ils pouvaient nous faire rire. Ils parlaient de la vie quotidienne et ça nous a causé. On a plongé. »

Comment Angus et lui se sont mis à jouer ensemble
« Nous n'avons jamais vraiment joué ensemble. Moi, j'aimais les BEATLES et les STONES, tandis qu'Angus préférait les trucs plus lourds, comme Hendrix et CREAM avec les solos. Moi, j'écoutais les chansons en tant que telles – la batterie, le chant, le côté musical. Je m'intéressais aux accords, à tout ce qui se passait autour de la guitare. On s'est retrouvé à jouer ensemble quand j'ai monté un groupe. On voulait prendre un claviériste et puis à la place, j'ai engagé Angus (rires). Angus avait son petit groupe de rock, mais ils ont arrêté. Il m'a dit que c'était terminé et je lui ai dit de passer au local le lendemain pour s'éclater. Nous allions jouer du rock'n'roll, c'est aussi simple que ça. Son arrivée a été importante. Il n'était pas encore déguisé en écolier. George et ma sœur l'ont beaucoup aidé à ce niveau. "Angus, il faut que tu aies un gimmlick". Ils pensaient qu'un bon groupe avait toujours un truc qui pouvait parler aux gens. Ma sœur a dit : "Pourquoi tu ne mettrais pas ton uniforme d'écolier avec le short ?". C'est elle qui en a eu l'idée et ce petit mec est devenu un géant. Croyez-moi, il peut s'enflammer, il ne fait pas semblant. Il y va à fond. Je ne pense pas que quiconque pourrait devenir aussi intense en prenant des cours dans une école d'acteurs. C'est ce que le public attend de lui et il le lui donne. Même moi, je ne sais pas comment il fait pour se mettre dans cet état. »

Les premiers concerts du groupe
« Les Australiens étaient dingues, ils se battaient… Du coup, ça poussait Angus dans ses retranchements. A la fin de la soirée, tout le monde était conquis. Il portait un uniforme, mais il savait jouer de la guitare. On allait dans des clubs, on regardait ce qui se passait et aucun groupe ne jouait de la musique qui donnait envie aux gens de se lever, de rocker et de danser. Les gens dansaient sur les disques qui passaient entre les groupes. (…) Le juke-box diffusait "Jumpin' Jack Flash" (des STONES) et la piste de danse était pleine. A l'époque, tous les groupes qui passaient jouaient de la musique de hippie. Ils ne captaient rien. La porte était grande ouverte pour nous. Au tout premier concert, dès la toute première chanson qu'on a joué, ils nous ont mangé dans la main. On a fait "Jumpin' Jack Flash", on a jammé au milieu, on y a glissé un peu de Little Richard, "Great Balls Of Fire", encore deux morceaux des STONES. Des trucs qu'on connaissait à peu près. On démarrait, on faisait du bluff. Du moment que les gens dansaient, on faisait notre job. Plus ils dansaient, plus ils buvaient. Tout le monde était ravi. Partout où l'on jouait, on nous proposait des résidences. Le groupe était opérationnel. Melbourne a à peu près la même taille que L.A. et Londres, mais des gens de Sydney nous appelaient pour le groupe. C'est allé vite. A l'époque, on n'était pas déconcertés, on se disait juste : "Oh cool, un autre concert". » 

Son jeu et celui d'Angus
« Ce qui m'intéressait le plus, c'était les accords, la chanson dans sa globalité plutôt que les parties individuelles. D'un côté, j'étais content parce que j'avais un style plus mélodique. Angus était plus rock. J'ai aussitôt trouvé ça génial. Ça n'aurait eu aucun sens que je fasse des solos. Il n'y a jamais eu de chamaillerie entre nous, au contraire, parce que nous voulions juste que le groupe fonctionne. »

Jouer dans un groupe avec son frère
« Il n'y a rien d'extraordinaire à ça. On a des hauts et des bas, c'est comme ça quand on s'est toujours connus. Mais il y a beaucoup de gros avantages. Des frères se disputent, mais ils sont aussi très proches. Dans le groupe, il y a un peu d'agressivité. Mais ce n'est certainement pas un problème pour AC/DC. Le pire, c'est pendant l'enregistrement des albums parce que tout le monde a un peu la pression. On est dans un espace confiné et ce sont des choses qui arrivent. Mais dans l'ensemble, on a beaucoup de chance de ce côté-là. »

Bon Scott
« En gros, Bon a pris les choses en main. Il était plus vieux et il avait déjà joué avec un autre groupe. C'était un homme d'expérience. On avait écrit une ou deux chansons et il nous a encouragés à composer davantage. Il nous disait : "J'ai une idée sur cette putain d'époque que j'ai quitté : "She's Got Balls"". On avait déjà écrit quelques morceaux, mais quand il est arrivé, on a eu la voix de l'expérience. On avait toujours les oreilles grandes ouvertes. Il nous poussait à aller plus loin. Les gens étaient contents quand le premier chanteur [Dave Evans] est parti. On pouvait jammer. Il était tellement mauvais. Une semaine plus tard, Bon débarquait. Il avait des chansons, des idées, il était motivé. Il était sérieux. Nous, on était heureux de jouer avec quelqu'un comme lui. On était juste contents de jouer. Lui avait de plus gros objectifs. »


Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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