L'aura de SETH manquait un peu dans le paysage du black metal français, dans le paysage du black metal en général d'ailleurs. Sept ans ont passé depuis « The Howling Spirit » et ce nouvel album « La Morsure du Christ » est attendu par les fans comme le Messie, si la comparaison ose être employée. Doté d'un nouveau line-up avec à la basse Esx Vnr (VORKREIST, ARKHON INFAUSTUD [live], ex-MERRIMACK, ex-GLORIOR BELLI, ex-PURGE) à la guitare Drakhian (GRIFFAR, ex-LOUDBLAST) et aux claviers Pierre Le Pape (MELTED SPACE), les Bordelais sont prêts à en découdre.
SETH est plus qu'un groupe de black metal, il joue sur tous les tableaux artistiques en proposant un véritable univers sombre et blasphématoire. A commencer par la pochette de l'album, réalisée par Leoncio Harmr et représentant la cathédrale Notre-Dame de Paris en flammes, un enfer rouge de poussière et de braises incandescentes. L'atmosphère est campée et le thème est dicté : la destruction de l'édifice sera le symbole du déclin de la religion pour un monde sans Dieux. Fil rouge de « La Morsure du Christ », la violence, la mort et l’Antéchrist seront omniprésents tout au long des sept titres de l’album.
Les paroles ensuite : rédigés en alexandrins et, pour ne rien gâcher, dans notre belle langue de Molière, les textes prennent d’autant plus de corps qu’ils ont une résonnance poétique non négligeables.
La musique enfin : SETH s’inscrit dans un black metal technique, lourd, brutal mais finalement assez mélodique, emmené par des musiciens hors pair et un chanteur aux hurlements endiablés. Alternant avec subtilité les passages hyper rapides, blastés avec des moments plus lourds et lents, le tout emmené par des claviers très atmosphériques, « La Morsure du Christ » retient l’attention par sa construction limpide et son ambiance hypnotisante. Il est construit tel un poème sombre, une Ode aux ténèbres de l’âme comme l’aurait fait Baudelaire en son temps et dont les membres de SETH s’inspirent. De "La Morsure du Christ" à "Le Triomphe de Lucifer", le voyage se veut quasi initiatique et des titres comme "Métal Noir" ou "Hymne au Vampire (Acte III)" sont de véritables trésors d’intelligence musicale. Mention spéciale à "Sacrifice de Sang", rythmé, aux breaks sublimes et à l’atmosphère captivante. S’il n’y avait qu’un titre à garder, ce serait celui-ci.
Mais heureusement, pas de choix à faire, si ce n’est celui de se procurer ce sixième album indispensable à la discographie de l’adepte de black metal.