Tout comme son collègue et ami Mark Tremonti au sein d’ALTER BRIDGE, Myles Kennedy est un hyperactif. Il était donc évident que l’artiste allait mettre à profit l’arrêt des tournées et les nombreuses heures confiné chez lui pour composer et peaufiner les nouveaux titres de son second album solo, « The Ides Of March », faisant suite à l’excellent « Year Of The Tiger », sorti en 2018.
C’est sous un angle complètement différent que Myles Kennedy a abordé ce nouvel album. Alors que « Year Of The Tiger », qui relatait le décès de son père et les souffrances qui en ont découlé, et montrait une facette acoustique, plus country et folk, cette fois, Myles Kennedy fait la part belle au rock'n'roll, teinté d’une pointe de blues, de jazz et faisant preuve d’un bel éclectisme. Et surtout d’un optimisme fort agréable en ces temps troublés. Cet album est moins éloigné de ce que Myles fait avec ALTER BRIDGE et au sein de Slash & THE CONSPIRATORS, que le précédent. On y retrouve la voix inimitable du musicien, un peu nasillarde, mais toujours extrêmement mélodique, avec ce don inné pour les compositions qui font mouche, et des accords et soli de guitare de toute beauté.
Au menu, 11 chansons qui se promènent allègrement entre ballade semi-acoustique ("Love Rain Down", la plus ancienne composition de l’album, "Moonshot"), hard rock qui fait taper du pied ("In Stride", "Get Along", "Sifting Through The Fire"), touche country ("Wanderlust", qui se rapproche du premier album, "Tell It Like It Is", sur laquelle on peut presque sentir la poussière du sud des USA) et pointe jazzy/bluesy et sensibilité à fleur de peau ("Worried Mind", "The Ides Of March", le titre le plus complexe, avec sa structure alambiquée et ses 7.39 minutes au compteur).
D’après l’artiste, cet album a aussi été un excellent moyen de canaliser ses angoisses (et les nôtres, au passage), de laisser son cœur s’exprimer et de faire ressurgir son positivisme. Une façon d’accepter que les choses sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir ne puissent être changées, accepter d’être confronté à l’inconnu, accepter également de voir ses habitudes s’écrouler et ne pas prendre pour argent comptant ce que l’on croit comme acquis. Un appel aussi à la paix de l’âme et la paix entre les êtres, quelles que soient leurs origines, leurs croyances et convictions socio-idéologiques.
Myles Kennedy est un artiste complet, profondément attachant et doté d’immenses qualités d’écriture et de composition. Il prouve, une fois de plus, avec « The Ides Of March », que l’on peut être un hyperactif extrêmement productif sans rogner sur la sincérité et la qualité de sa production.