14 juin 2013, 04:35

BLACKMORE'S NIGHT : Candice Night

 

 

 

Alors que toute la troupe Hard Force et Metal XS prend la route ce lundi matin de retour du Sonisphere à Amnéville, ce n'est pas ce soir que je reverrai mes terres nantaises. En effet, ce n'est pas un train mais une carriole qui m'attend en gare de Metz, deux chevaux harnachés devant lesquels se tient un ménestrel tenant une pancarte, une inscription à la plume d'oie mentionnant mon nom, direction le sud de la Bavière allemande. 

Je m'installe donc sur la banquette en bois mité, me tuant le dos à chaque déformation du bitume que les chevaux foulent, jusqu'à ce que le cocher, peu loquace je dois bien l'avouer, me jette un accoutrement médiéval au visage. Les ordres sont clairs, Sir Blackmore a bien un album à vendre, mais il refusera de m'adresser la parole en Converses. Je m'exécute, mon chapeau pointu à peine enfilé que nous voilà arrivés à destination, dans la cours d'une maisonnette en toit de chaume.

Sur le pas de la porte, j'enroule mes oreillettes autour de mon Iphone pour faire bonne impression, mais ça c'était sans compter Ritchie qui m'observait par le judas ! Fou de rage à l'idée de laisser pénétrer dans sa maison cette pièce de technologie provenant d'un siècle postérieur au années 1500, c'est la douce Candice Night qui me reçoit pour parler de leur nouvel album "Dancer and the Moon", au coin d'une cheminée dans laquelle la braise semble ne jamais s'être éteinte. Au dessus à l'étage supérieur, on peut entendre les pas lourds et énervés de Ritchie Blackmore, rongeant son frein à l'envie d'envoyer un pigeon voyageur express à son label pour un tel affront... 
Bon je déconne, en fait ça s'est fait par mail !
 

On compte 13 chansons sur ce "Dancer and The Moon", mais avec 2 musiciens à la maison la créativité ne doit pas manquer, étais-ce compliqué de faire une sélection parmi tout ce que vous aviez écrit depuis 2010, l'année de sortie de votre album précédent ?
Oh non, dès lors que nous travaillons sur un album, nous pensons toujours au prochain. Ritchie et moi sommes tout le temps en train d'écrire, que ce soit à la maison ou en voyage, nous compilons toutes nos idées sur cassette. Pour nous, l'écriture et la création se respirent. Ainsi, nous avons un flot incessant de nouvelles idées pour travailler. Cependant il est vrai qu'il nous arrive d'éprouver quelques difficultés à déterminer ce qui atterrira ou non sur l'album. 

Sur "Autumn Sky" vous étiez entrés en studio avec des musiciens de talent tels qu'Elizabeth Cary, Mike Clemente, Malcolm Dick... Les retrouvons-nous sur "Dancer and The Moon" ? 
Mike Clemente, ou notre Earl Grey of Chimay, apparaît sur l'album. C'est un bon bassiste, et également un très bon ami. Néanmoins, nous avons accueilli quelques nouveaux visages sur notre tournée de l'année dernière, que nous retrouvons donc sur cet album : The Troubador of Aberdeen à la batterie et aux percussions, The Scarlett Fiddler au violon et Lady Kelly DeWinter aux choeurs et au cor d'harmonie. Nous avons également un vieil ami aux claviers : Bard David of Larchmont. 

Avec des titres comme "Dancer and the Moon", "Shadow of the Moon", "Under a Violet Moon"... Pouvons nous dire qu'à la manière des grands peintres du 18ème siècle, ces paysages sont source d'inspiration pour vous ? 
La lune est et sera toujours une inspiration. Pleine de mystère et de magie, elle illumine la pénombre et éclaire la nuit tel un rayon d'espoir. Elle veille sur nous quand nous dormons. Elle affecte nos humeurs et nos émotions, comme elle affecte les marées et la terre. Elle est immuable et en perpétuel mouvement à la fois avec ses levés et ses couchés...

 

 
Sur "Vagabon", extrait de votre album précédent, Ritchie avait improvisé un solo de mandoline pour en faire l'introduction du morceau. L'improvisation a-t-elle encore fait partie de l'enregistrement de "Dancer and the Moon" ? 
Ritchie improvise tout le temps. A un tel point qu'il lui est impossible de jouer la même chose deux fois consécutives. C'est ce qui ressort le plus dans nos concerts, non seulement la setlist change de jour en jour, mais les solos, intros et les arrangements sont également tous sujets à l'improvisation. C'est stupéfiant à regarder. 
 
Sur cet album nous retrouvons trois reprises de Randy Newman, RAINBOW et URIAH HEEP... Qu'est ce qu'une bonne reprise pour BLACKMORE'S NIGHT ? Pourquoi ces choix particuliers ? 
"The Temple of the King" de RAINBOW a surement été la première chanson à avoir donné un indice aux fans quant à l'intérêt que Ritchie portait à la musique médiévale dans les années 70. C'est une de ces vieilles chansons que les fans veulent entendre, et qu'il nous arrive de jouer sur scène de temps en temps. Nous l'avons donc enregistrée pour ces fans qui voulaient l'entendre encore une fois, à la sauce BLACKMORE'S NIGHT. Nous avons découvert la chanson de Randy Newman sur la bande originale du film "Au Fil de la Vie", et en sommes littéralement tombés amoureux. Nous la jouons rarement en concert, seulement pour des événements spéciaux, avec juste une guitare acoustique et une voix. Il s'est posé un problème lors de son enregistrement en studio, car nous ne parvenions pas à recapturer la magie de la scène sur l'enregistrement, nous avons donc accéléré le tempo, ajouté de la guitare électrique et je dois dire que ça a plutôt bien fonctionné. Pour "Lady In Black" de URIAH HEEP nous voulions garder sa simplicité et son intensité, en essayant d'y incorporer un second souffle à la fois. C'est pourquoi nous lui avons apporté quelques modulations avec des bois médiévaux. Nous avons pour habitude de nous asseoir autour d'un feu de camps avec des amis en se passant les instruments acoustiques et c'est ainsi qu'il nous arrive de découvrir ou de redécouvrir d'anciennes ou de plus récentes chansons. Tant qu'il y a de la mélodie, il y a de fortes de chances que nous les reprenions. La mélodie est très importante.    
 
En apprenant que vous alliez reprendre "Lady In Black", Ken Hensley de URIAH HEEP a déclaré voir ce geste de façon très particulière car : "Ritchie et moi avons parcouru des chemins totalement parallèles pendant longtemps, nous avons même répété dans le même bâtiment dans l'Est de Londres.". Plus qu'une simple reprise, pouvons nous dire que c'est également un clin d'oeil à un bon ami ? 
Ritchie se souvient très bien de ces années ! Même d'avoir tourné avec eux, mais il ne connaissait pas du tout cette chanson en particulier, jusqu'au jour où il l'a entendue à la radio dans un château en Bavière. Nous avons dû demander à un fan de qui il s'agissait ! 
 
 

 

"Carry On... Jon" sur "Dancer and the Moon" est un hommage à un vieil ami, Jon Lord, décédé l'année dernière. Cette chanson a-t-elle été composée avant ou après l'annonce du décès de l'ancien collègue de Ritchie au sein de DEEP PURPLE ? 
Elle a été écrite après. Cette annonce nous a tous choquée, nous savions que Jon était malade, mais aux dernières nouvelles tout commençait à aller mieux pour lui. Nous avons été mis au courant 5 minutes avant de monter sur scène pour un concert en Allemagne. Ainsi, cette chanson instrumentale a été écrite dans l'intensité du moment, pendant un blizzard alors que nous étions bloqués à la maison pendant 4 jours avec notre producteur. Ritchie a même dit au producteur quelles notes et de quelle manière il devait les jouer de façon à donner l'impression que Jon était derrière le clavier. Ça a été très bénéfique pour Ritchie de pouvoir enregistrer cette chanson. 
 
L'aspect visuel est très important dans BLACKMORE'S NIGHT, penses-tu que c'est un élément trop souvent laissé de côté par les nouveaux groupes aujourd'hui ? 
D'une certaine manière, oui. Je ne comprends pas comment aujourd'hui un groupe peut se conforter à l'idée d'avoir l'air de sortir du lit ou de venir de terminer de peindre sa cuisine quand il monte sur scène. Un concert est un événement ! Donc soyez en fiers, et habillez vous en circonstance. Et de l'autre côté, d'autres groupes insistent trop sur l'aspect visuel : beaucoup de danseurs  de pyrotechnie, d'effets et de changements de costumes, mais au final, pas beaucoup de talents musical. Il faut parvenir à trouver le juste milieu.   
 

"Dancer and the Moon" de BLACKMORE'S NIGHT est disponible depuis le 14 juin 2013 chez Frontiers Records.

01 - I Think It's Going To Rain Today (Randy Newman cover)
02 - Troika
03 - The Last Leaf
04 - Lady In Black (Uriah Heep cover) 
05 - Minstrells in the Hall
06 - The Temple of the King (Rainbow cover) 
07 - Dancer and the Moon
08 - Galliard
09 - The Ashgrove
10 - Somewhere Over the Sea (The Moon is Shining) 

11 - The Moon is Shining (Somewhere Over the Sea)
12 - The Spinner's Tale
13 - Carry On... Jon

 

 

 
Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK