30 septembre 2021, 18:33

F.F.F.

"Blast Culture" (1991 – Rétro-chronique)

Album : Blast Culture

Nous sommes (déjà !) en 2021 et cet album fête ses… 30 ans !

L’aventure F.F.F. débute dans les années 80 alors que Marco Prince (chant) et Nicolas "Niktus" Baby (basse) se connaissent et jouent déjà ensemble. A leur rencontre, le premier officiait comme DJ dans le club Le Palace et l’autre était jeune élève comédien. Ce n’est qu’en 1987 que Marco rencontre lors d’un casting publicitaire un certain Stanislas Poupaud surnommé Yarol (frère ainé de Melvil et acteur de son état), et qui se voit engagé. Nicolas lui abandonne alors la guitare, empoigne la basse et le trio s’acoquine avec le batteur Christian "Krichou" Monthieux, auxquels viendront se greffer le claviériste Philippe "Feel X" Niel et un saxophoniste, le "Prof. Jah Pinpin" Philippe de Lacroix-Herpin. F.F.F. est né. Mais quel nom se cache donc derrière cet acronyme ? Les Fistons Farouches du Finistère ou bien les Furious Five Frogs (de Paris !) comme il est évoqué dans la première chanson de « Blast Culture » ? Non, F.F.F. pour Fédération Française de... Fonck tout simplement. Et pourquoi "fonck" ? Eh bien parce que la formation va s’employer à mêler funk et rock au sein d’un même creuset, le fonck quoi ! De la funk-music et du rock oui mais pas que, ces sorciers saupoudrant leur potion magique de pincées de reggae, de zestes de raggamuffin ou de postillons punk et de coups de tatanes métalliques, mariant dans le même temps la langue de Molière à celle de Shakespeare avec la même facilité qu’avec les styles évoqués. Et répétition après répétition, semaine après semaine, F.F.F. parfait un répertoire original, enregistrant une fois fin prêt une démo en quatre petites journées seulement qui va ensuite faire grand bruit dans le microcosme underground de l’époque.

Mais avant que ne sorte « Blast Culture » le 30 septembre 1991, le groupe se fait repérer à l’occasion d’un concert qui affole alors les Transmusicales de Rennes, lui valant de signer rapidement chez Epic/Sony Music. Cette association va leur permettre d’enregistrer ce premier album dans des conditions bien plus confortables que nombre de formations faisant leurs débuts – une française ici, soulignons-le. Pour s’atteler à la tâche, direction le quartier de Brooklyn à New-York où les membres du groupe retrouvent le producteur Bill Laswell (Public Image Limited, Jah Wooble, Herbie Hancock...). Sur place, ils se permettent d’inviter de nombreux musiciens qu’ils croisent, notamment Gary "Mudbone" Cooper du groupe de Bootsy Collins (Bootsy’s Rubber Band), Mike G. et Afrika "Baby" Bam de THE JUNGLE BROTHERS, Timothius "Tee-Bone" David des TROUBLE FUNK, ou Michael "Clip" Payne des FUNKADELIC. En parlant de ça, ce n’est pas peu fier que F.F.F. peut se targuer d’avoir le fantasque et fantastique George Clinton, chanteur de PARLIAMENT FUNKADELIC, dans la vidéo de "New Funk Generation" (une version qui diffère de celle qui figure sur l’album) et le gaillard gourou les embarquera même en tournée avec lui. Quitte à jouer tout de suite dans la cour des grands, pourquoi ne pas confier la mise en images de leurs titres aux réalisateurs Spike Lee et Don Letts ? Et il finit par être logique qu’avec un chanteur d’origine africaine et un batteur d’origine antillaise que F.F.F., associant influences caribéennes et africaines à leur rock hybride, devienne un membre de la Black Rock Coalition, une association créée par Vernon Reid, guitariste de LIVING COLOUR, pour lutter contre les cloisonnements raciaux entre les genres musicaux.


Le contenant et le bolduc c’est bien mais qu’en est-il de la substantifique moelle des 13 morceaux mis à disposition ? Du bon mes amis, du bon. De l’éclectique comme annoncé plus haut où la suavité des sonorités funk/fusion s’épanouissent sur la bien-nommée "New Funk Generation", posant les bases et basses d’entrée de jeu mais aussi sur "Mama Fonck". Tandis que la fée électricité, elle, fait des étincelles sur "Devil In Me" et, plus encore, avec la speedée "AC2N (Acid Rain)" et la clôture un peu barrée de "Trash A Muffin". Ouvert aux autres cultures musicales comme précisé en préambule, F.F.F. offre à son batteur d’interpréter "Maman Krie", un titre chanté en créole et quelque peu isolé dans une liste de morceaux hétéroclites certes, mais cadrés. Impossible de ne pas évoquer pour conclure, la reprise de "Requiem pour un Con", écrite par Serge Gainsbourg et parue en mars 1968, interprétée avec respect et déférence, eu égard à la stature de son auteur.

En 1993, F.F.F. prendra un tournant plus rock/metal avec « Free For Fever » (et la furieuse "Silver Groover" en tête, talonnée de près par "Stone To The Bone" et la chanson-titre) sans y omettre une chaleur intense procurée par une généreuse section de cuivres. Deux autres albums suivront, l’éponyme « F.F.F. » en 1996 et son tubesque "Barbès" qui a eu une belle carrière avant qu’arrive le final « Vierge » à l’aube du nouveau millénaire. Chacun a pris ensuite une trajectoire différente, Marco signant la musique de nombreux métrages et publicités et faisant l’acteur, Yarol Poupaud écrivant aussi des partitions pour le cinéma et qui, en plus de cela, s’investira dans la production musicale. Guitariste rock qui taquinait dans sa prime jeunesse les standards de Chuck Berry entre autres, il devint plus récemment l’un des guitaristes et le Directeur musical de Johnny Hallyday, de 2012 jusqu’au décès du taulier en 2017.

Pour aller plus loin :
« Free For Fever » (1993)

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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