En sanskrit, "sangama" désigne un point de confluences de plusieurs fleuves physiques et mystiques, considéré comme un lieu de purification. Un mot qui a donné naissance à une toute jeune recrue de l'écurie Klonosphere (label français qui nous offre parmi les plus belles et parfois les plus inclassables sorties hexagonales) : SANGHAM. Fondé en 2020 à Marseille, SANGHAM évolue entre progressif et death. Utilisant le ressort vocal classique mais toujours efficace dit de la belle et la bête avec le duo Christelle Meunier/Cyil Lhuillier, SANGHAM joue de cette permanente dualité tout au long de son premier album, « Intangible ».
« Intangible » croise des sonorités modernes et organiques, une musique tantôt fine, légère, élégante et tantôt rugueuse et massive. Reflet de notre société et du rapport de l'homme à la nature, SANGHAM met en évidence cette dichotomie entre plénitude et violence. Ici, c'est illustré dans cet alliance entre la voix aérée tantôt murmurée comme plus lyrique de Christelle Meunier entre Sade et des chanteuses metal plus classique, et celle plus rauque, presque growlée de Cyril Lhuillier. Mais aussi, à l'image du monumental "Pangea" où la grâce du violon et de la harpe se posent sur une base rythmique death, ou sur "Near" qui commence sur une nappe subtile de guitare toute en arpège avant une montée en puissance inexorable sur les refrains vers des sonorités plus massives. On peut également citer "Macrocosm" où la dualité se fait également entre langue de Shakespeare et celle de Molière, ou "Moltio", morceau pesant et rugueux avec une guitare bien lourde et qui doit son envol grâce à la douce voix de la chanteuse mais aussi à la frappe toute en finesse et en variété de Florian Le Bozec.
Riche dans ses compositions à tiroirs aux facettes multiples et profond dans son propos, « Intangible » n'a qu'un écueil : sa durée relativement courte. Un maigre bémol pour un groupe qui, dès son premier album livre une prestation pleine de belles promesses pour l'avenir.
