Comme je le disais en introduction de ma chronique du dernier EP des Roumains début 2020 : mieux vaut un EP de qualité qu’un album vite torché. Et ça, le clan de Timisoara ORDINUL NEGRU l’a bien compris en revenant sous les feux de la rampe avec ce nouveau mini-format au titre XL « A Sojourner Wandering Through The Barren Openness ». Une fois n'est pas coutume, force est de reconnaître que ce credo fourre-tout relevé sur la biographie du groupe est un descriptif juste et bon. Descriptif qui devient d'ailleurs une évidence au fil des écoutes tant nos Roumains sont habiles dans l'art de brouiller les pistes et de surprendre l'auditeur.
Tenez, je n’ai rien inventé : « Nous avons conçu cette fois-ci un projet ambitieux d'un unique morceau de 23 minutes, dans lequel nous n'avons pas eu peur de repousser les limites du genre, d'incorporer au sein de notre son brut des premiers albums de nouveaux éléments orchestraux pour trouver une alchimie digne d’un poème épique inspiré par de vieilles chroniques et des parchemins époussetés oubliés de tous ». Alors, oui, ça vaut ce que ça vaut mais après plusieurs écoutes attentionnées de ce nouvelle livraison, le constat est sans appel : à l’impossible, ORDINUL n’est tenu. D’ailleurs cette nouvelle composition aux structures alambiquées met à l’honneur l'univers du groupe, intrigant et décalé, qui trahit une envie pressante de s'extirper de la masse et d'emprunter des chemins de traverse.
Dès l’introduction la tempête menace, le vent se lève et le black metal, inscrit dans les gènes du groupe, est on ne peut plus évident. Le batteur bombe le torse et se fait le chantre de ces mélodies d'acier et autres dissonances improbables. Une envolée progressive laisse la place dans la foulée à la sauvagerie délurée d'un riff puissant, entraînant, profondément métallique. Confusion, violence, calme, les sentiments s'entremêlent sans laisser de temps mort pendant plus d'une vingtaine de minutes. « Sojourner... » se joue des étiquettes pour les retourner l'une après l'autre, proposant ici un superbe tour de force, homogène et unique, qui ne se dévoilera véritablement qu'après une bonne dizaine d’écoutes attentives.
Chapeau bas messieurs... une fois de plus !