Quand Dieu n’est pas là, BEHEMOTH performe. Et un concert de black/death metal des Polonais est toujours un moment grandiose, intense, théâtral. Avec « In Absentia Dei », le groupe a placé la barre très haut dans le domaine du live-stream, proposant non pas un show mais quatre actes complets, filmés dans des décors naturels, réaménagés pour l’occasion avec moultes croix inversées dont le point d’orgue fut une performance filmée dans une ancienne église désaffectée. De la superproduction avec des drones et des moyens pyrotechniques incroyables en font un moment unique, faisant du concert une expérience scénique inédite pour les fans mais plaçant également BEHEMOTH au sommet des performers live.
Tout au long du show, le charismatique chanteur Adam "Nergal" Darski se met en scène comme il sait le faire, maquillage et tenues sinistres de rigueur mais ce sont également tous les décors et la mise en scène qui sont soignés : entre forêt décimée, carrières vidées et église en ruines, les musiciens proposent les morceaux les plus lourds, les plus imposants et les plus représentatifs des différentes périodes de leur carrière. Tout est impeccable et rien n’est laissé au hasard, même la sueur et le sang sont visibles sur les visages des membres du groupe, qui jouent comme s’il s’agissait de leur dernier concert, avec frénésie et engagement. L’ensemble est impressionnant, sans concession, violent aussi mais fascinant.
Pour ce qui est des titres joués, ils font un état des lieux global de ce qu’est l’essence même de BEHEMOTH : les 19 chansons couvrent l’ensemble des albums, de "Evoe" paru sur l'EP « A Forest » en 2020, à "O Satan O Father O Sun" de « The Satanist » sorti en 2014, en passant par "From The Pagan Vastlands" issu du premier album « Sventevith » et bien sûr "Bartzabel" de l’excellent et dernier en date « I Loved You At Your Darkest ». Et puis les messages de Nergal appelant ses "legions" à conquérir le monde sont comme de véritables appels à la guerre contre les religions établies. On le sait, BEHEMOTH est blasphématoire à souhait, c’est sa marque de fabrique et sa revendication première.
« In Absentia Dei » sort en différents formats : 2CD, DVD/Blu-ray, digibook, ou encore vinyle 3LP pour donner aux fans le choix dans de l’expérience. A préciser tout de même que quelques scènes peuvent être choquantes, ce qui est presque une redondance lorsque l’on parle de BEHEMOTH, mais il faut le savoir. L’imagerie est tellement importante qu’il est toutefois difficile de se priver de la version visuelle pour se contenter de la bande son. Le live est réussi, il est même abouti, mais le vivre en vidéo donne tout de même plus d’impact à ce « In Absentia Dei » qui restera gravé dans les annales du black metal mais aussi du metal en général.
2020 a privé les groupes de concerts mais BEHEMOTH a su faire fi de ces restrictions pour proposer plus qu’une alternative filmée à leurs prestations incroyables : « In Absentia Dei » marque un tournant dans la réalisation de live-streams et donne un décor on ne peut plus adéquat à une musique qui en impose. A voir et revoir.