MAUDITS n'est pas un inconnu au sein de la rédaction puisque Bruno Cuvelier s'était chargé de chroniquer le premier album, de très bonne facture, du groupe français. Né de la rencontre de musiciens actifs au sein de THROANE et OVTRENOIR, le trio affichait déjà de solides prétentions en matière de metal instrumental qui empruntait autant aux ténèbres du doom qu'aux ambiances du post-metal. Appuyé dans leur quête par la violoniste Caroline B. qui apportait ici une sensibilité toute féminine, MAUDITS portait bien mal son patronyme tant les cieux semblaient s'être portés sur son cas avec une certaine bienveillance. Il ne lui restait plus qu'à concrétiser la suite de ce premier jet avec une suite toute aussi prometteuse.
C'est désormais chose fait avec cet EP aux allures d'album. En effet, il est délicat de considérer « Angle Mort » comme tel puisqu'il vient titiller le compteur des trente-cinq minutes ! Bref, que l'on considère ce nouveau disque comme un EP très généreux ou un album parcimonieux, peu importe puisque ce qui nous intéresse ici... c'est ce qu'il a dans le ventre. Et là, pas de débat à ce sujet puisque le trio fait une nouvelle fois des merveilles. Enfin, le duo plutôt puisque restent aujourd'hui aux commandes du groupe O aux guitares et C à la batterie, épaulés par Raphael (SPECTRALE, PSYGNOSIS) au violoncelle. L'équipe ainsi formée oeuvre avec passion au service d'une relecture éclairée de trois anciens morceaux et propose aussi deux nouvelles créations de qualité. Qui font la part belles aux atmosphères troussées avec délice qui jonglent avec des parties de guitares acoustiques intimistes et une production toute en nuances. Les mélodies font frissonner la couenne tout du long et la mélancolie s'installe dès l'arrivée du violoncelle de Raphael sur ce premier morceau, "Angle Mort", qui souligne un travail de composition exceptionnel réalisé par le duo.
Ce disque, sur chacune des cinq compositions qu'il offre, est exigeant. Pas dans le sens démonstratif avec une avalanche de notes qui déboulent sur chaque riff mais parce qu'il demande une implication à part entière de la part de l'auditeur pour en saisir la substantifique moelle. Que ce soit sur "Perdu d'Avance" et ses sonorités électroniques ou l'implacable "Verdoemd" qui vient chatouiller les esgourdes des fans du dernier OPETH, le duo se réinvente avec classe sur cet EP. Et MAUDITS soient ceux qui en douteraient encore !