22 décembre 2021, 14:55

HÄMATOM

"Die Liebe ist tot"

Album : Die Liebe ist tot

C’était l’avant-veille de Noël. Votre serviteur, gagné par une paresse littéraire sans pareille, n’avait pas écrit une chronique depuis des lustres. Je ne parvenais plus à écouter avec assez d’intérêt mes genres musicaux de prédilection, et mon bien aimé rédacteur en chef me relançait chaque semaine avec une inquiétude qui lui déformait les sourcils. Je m’étais engagé à livrer un merveilleux texte pour les fêtes, mais mon esprit était ailleurs et mes doigts engourdis. C’est alors qu’une nuit un étrange personnage vint à moi dans mes songes...

Dieux du ciel, qui êtes-vous ? Je suis le fantôme des Noëls metal du passé, tonna l’apparition, géant hirsute qui me rappela Hagrid de Harry Potter. Je suis là pour t’interroger sur ta panne rédactionnelle. J’avoue, glissais-je les yeux bouffis de sommeil, je ne trouve plus de musique metal trouvant goût à mes oreilles. Arg... il est temps de t’y remettre mon garçon. Tiens, tire 3 cartes du tarot magique de HÄMATOM, et voyons ta passion passée.

Je m’exécutais et contemplais le visage peint du chanteur de HÄMATOM sur les cartes. L’autre gars, faut l’avouer, me foutait les jetons. Cela t’évoque quelque chose le son qui se dégage de ce "Jeder gegen jeden" ? Oh oui. De doux souvenirs, le regret de joyeux temps passés, aux guitares passionnées et passionnelles. Ces riffs agressifs, ce solo heavy... c’est toute ma jeunesse, morte avec les feuilles fanées de l’automne.

« Die Liebe ist tot », une épitaphe bien à propos. Mais ça fait du bien d'entendre ton engouement. Carte suivante ! "Ihr wisst gar nicht über mich", agressif à souhait, l’écho d’autobahn éclairées au néon façon années 80, parcourues par ces cavalcades des guitares heavy thrash, guitares bousculées par des martèlements de machines vivantes. J’adore ! Evidemment que c’est une jouissance sans pareille. Dernière carte ? "So wie wir", encore une magnifique chevauchée païenne où s’ébattent de joyeux démons peinturlurés, bien énervés sur la gratte électrique et des futs martelés. L'école musicale à l'allemande façon OMMPH!, EISBRECHER, DIE APOKALYPTISCHEN REITER et consorts...

M’étant rendormi, je fus à nouveau réveillé... Ah ! T’es qui toi ? Le fantôme des Noëls présents ? T’es trop toi!... s’esclaffa la sombre silhouette plus squelettique qu’un top model. Tu te crois chez Dickens ? Je suis le fantôme des Noëls metal du futur. Bon, tu connais la musique... 2 cartes et que ça saute !

"Ich hasse euch alle", houla c’est brutal. On dirait une révolte neo-metal éclaboussée au vitriol. On imagine les crânes grimaçants scandant Nietzsche sur cette exécution sans espoir. Beau, mais glacial. C’est pas faux... "Zahltag", effrayant futur. Les riffs sont glacés, le frontman de HÄMATOM balance un rap rugueux sur le hurlement metallique des corps. En contrepoint des chœurs d’anges cherchent désespérément le Himmel, le Paradis. Brrr, quel futur dual cela promet.

Une heure plus tard, un 3e fantôme, vous vous en doutez... Combien de cartes ? 4 !, répondit le bedonnant drille au visage peint en blanc et aux yeux barrés de charbon. Ok, "Dagegen", synthé old-school aux chœurs tout mignons, une rébellion adolescente appuyée d’une voix rugueuse et poignante, des riffs rapides et industriels. Du metal chaud au cœur. On danse dans les flammes de la vie. Ca te plaît ? Oui ! "Liebe auf den ersten fick"... Oh ! Quel groove metal punky. Je crois que WHITE ZOMBIE en allemand se dit HÄMATOM. Quelle joyeuse pochade, un melting pot metal. "Ich will erst schlafen wenn ich tot bin", une baffe de chaleur punk-hardcore direct au corps et au cœur. Tu kiffes ? Et comment, puis "Ficken unsren kopf" pour te dévisser la tête... On poursuit dans un joyeux n’importe quoi. Ces riffs, ces battements de cœurs dans la rythmique, une folie libératrice et heavy.

Je regardais le gai luron spectral...
C’est bien beau cet irrespect de la temporalité de Dickens, mais quel est le message ?
   - T’as pris ton pied en écoutant tes cartes ?
Assurément. Mais attends... oui, la chronologie. Le passé du rock me manque, il s’agit de doux souvenirs. Le futur arrache la tête mais c’est d’un nihilisme glacial...
   - Exactement, et ?
Le présent, à nous d’en faire le meilleur des endroits à vivre. Ces morceaux jouissifs de HÄMATOM. C’est metal, groovy et joyeux, c’est hard... au corps et au cœur.
   - Tu as tout compris mon ami. Car je suis ton fantôme des Noëls présents.

Le gars s’est tiré dans un courant d’air, me laissant songeur. Aussitôt j’attrapais ma plume et mon encrier... je plaisane, je me suis jeté sur mon ordinateur pour rédiger mes impressions sur ce magnifique album. J’avais retrouvé le goût pour le metal chaleureux qui vous fait frissonner de plaisir et vous emmène très loin, à l’abri des soucis du quotidien. HÄMATOM et son « Die Liebe ist tot ». Le rock du groupe est bien vivant et m’a "teutonnisé". Direction la rédaction, le boss va être content, papier prêt sur les faits, à temps pour les fêtes !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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