18 décembre 2021, 23:59

LOFOFORA + POGO CAR CRASH CONTROL

@ Oignies (Le Métaphone)


Pour cette dernière date de l’année – et avant longtemps peut-être… – le Métaphone, loin d’avoir fait salle comble, proposait une belle affiche. La jeune garde française énervée, POGO CAR CRASH CONTROL, y côtoyait les vieux grognards toujours virulents LOFOFORA. Initialement prévu GUERILLA POUBELLE, empêtré dans une histoire sordide, avait vu son nom rayé du programme...
 

Simplicité et décontraction, envie et vitalité, les quatre chenapans de POGO CAR CRASH CONTROL semblent ravis d’être sur scène en ce jour de sortie de "Aluminium", single métallique tout en tension, nouveauté jouée ce soir comme "Criminel Potentiel", autre chanson inédite... et directe.
Les titres, entre punk et metal ("Miroir, L’Histoire se Répète"), s’enchaînent, guitares en avant, basse présente... mais voix lointaine et paroles incompréhensibles. Pas grave, les chansons, courtes, atteignent leur but : un espace pogo se crée, l’énergie circule... et malgré, quelques brèves pauses – "L’intérieur de ton Corps" ou un bref solo de Simon par ci, par là – l’intensité ne chute pas. Olivier, le chanteur guitariste, tend son micro dans le public, commente ses tentatives d’accordage quand ses compagnons n’hésitent pas à le taquiner. « Vous pouvez lui dire ta gueule s’il parle trop ! ». Bien sûr un « Ta gueule ! » jaillit aussitôt de la fosse.

Les jeunes gens, tous aussi bondissants les uns que les autres, jouent la quasi intégralité de leur dernier album, mention spéciale à "Seul à Tomber", idéal pour lancer, tête baissée, les hostilités, surtout quand il est suivi de l’étonnant, et ancien, "Paroles / M’assomment". Bonne entré en matière... et explosion sur le déjà classique "Tête Blême", un "Qu’est-ce qui va pas ?" de feu, un "Crève" si violent qu’il devrait être interdit au moins de 18 ans et, bien sûr, sur l’ultime et génial "Conseil" qui clôt une heure vitaminée.

Les musiciens, sourire et bave aux lèvres, laissent une scène où, devant la batterie et les amplis tachés de sang, ne reste que la basse de Lola et son message « More women on stage ».
 


Chez LOFOFORA, Reuno concentre toute l’attention, attire tous les regards. Phil, à la basse, est impassible, Daniel sourit, heureux d’être là, et, à la batterie, Vincent, précis, assure un set physique, attirant les projecteurs sur un solo réussi. Le chanteur, lui, est au centre : il harangue la foule dans des speechs bien tournés, la rappelle à l’ordre quand un gobelet est lancé sur scène, la remercie. Surtout il vit les chansons, à l’image de la haine qui ravage son visage sur un "Macho Blues" toujours aussi malsain – tiré comme le saccadé "Arraché" de « Peuh! »... qui date de 1996 ; voilà qui ne nous rajeunit pas... comme le brûlot "Justice pour Tous" (1995) à la naïveté touchante.
 


Reuno, aux grands gestes amples de marionnette évadée, à la voix sûre comme en atteste le premier couplet de "Pyromane" a cappella, pilote ainsi une machine – de "Bonne Guerre"à remonter le temps. Elle nous mène, avec les six chansons de leur dixième album « Vanités » (2019), à un présent toujours aussi punk – "Le futur, Le refus" – mais parfois apaisé, à l’image de "Surface" qui conclut l’heure et demie de concert dans une ambiance rock au chant clair. Les classiques sont là – l’intro de "Le fond et la Forme", même modifiée par Vincent, surprend toujours – le groove est bien présent, comme l’agressivité et la férocité... mais dans un excellent état d’esprit : les slammers sont les bienvenus, le fan qui vient faire un selfie sur scène aussi !
Le groupe pioche dans l’ensemble de son répertoire, des hymnes à pogo comme "Carapace" à l’étrange – qui a dit trop long ? – "La beauté et la Bête" en passant par des mid-tempos bien sentis  – "Auto-Pilote" – ou le presque décontracté "Les Gens". Il évite juste le naufrage metalcore qu’était "Monnaie de Singe"... et on le comprend !

Les années passent, l’énergie demeure comme en atteste l’inédit "Les Sirènes", (extrait de la réédition augmentée « Vanités » à paraître le 11 mars 2022), à la basse ultra présente. Et résonne, comme au début du concert, la musique du Casanova de Fellini, signée Nino Rota.


Photo © Christophe Grès - Portfolio
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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