2 avril 2022, 19:42

BILLYBIO

"Leaders And Liars"

Album : Leaders And Liars

Deuxième album solo pour la légende vivante Billy Graziadei et son projet BILLYBIO. Le précédent était déjà très bon, alors autant dire qu’on attendait avec impatience de nouveaux titres du membre historique de BIOHAZARD.

Le démarrage est très lourd et très thrash avec "Black Out". BILLYBIO c’est avant tout de la guitare lourde et une rythmique puissante. La voix de Billy est sans concession, grave et râpeuse, elle secoue l’auditeur dans sa réserve, le rendant témoin de ce déferlement de rage exaltée. "Fallen Empire" est un écho vibrant au thrashcore de BIOHAZARD, avec les délicieux riffs rampants et les accélérations si typiques du blondinet de Brooklyn. Un régal qui nous propulse dans l’âge d’or du genre, le "motherfucking hardcore !". A noter le petit plus, des chœurs clairs bien sentis en arrière-plan lors des breaks. On reste dans le créneau old-school avec "Leaders And Liars". Billy est toujours le porteur de flambeau de la rébellion contre l’establishment, et il sait appuyer son propos de riffs assez puissants pour imprimer le message au fer rouge dans nos esgourdes. A 50 piges passées le guerrier en maillot de "core" n’a rien perdu du feu sacré qui anime le punk-hardcore de New York, et c’est salvateur pour nous. Le son de "Lost Horizon" est capté façon live, on ressent dans nos tripes les soli ultimes.

Les pinailleurs invoqueront la répétitivité dans la succession de morceaux, qu’ils aillent voir ailleurs. Avec "Turn The Wounds", nous sommes en terre hardcore et on nous sert du larsen brûlant plutôt que du réchauffé. Les gamins des nineties connaissent la valeur de cette jouissance musicale. Nous l’avons dans nos tripes. On se régale de cette progression martiale et virevoltante, sans jamais sans lasser. BILLYBIO, c’est de l’authenticité, un label hardcore de qualité déposée. Pas d’arnaque dans la "Deception".

Oh grands Dieux du metal... "Generation Kill", "Looking Up" et "Cyanide", voilà des titres hommages aux tous premiers pas du hardcore, au punk mélodique... à une époque où régnait BLACK FLAG et CRO MAGS avec leurs valeurs rythmiques ultra désinhibées. On sort des autoroutes routinières pour de réel sentiers "battus".  BILLYBIO amène le sens de la mélodie de la côte-ouest, pioche un peu chez ses copains de BAD RELIGION. "One Life To Live" et "Our Scene". L’urgence dans l’écriture et l’exécution d’une fureur de vivre sous forme de punk-metal personnifié. "My Life, My Way" comme balancerait Roger Miret. Cet album est certainement un hommage volontaire aux nombreuses influences du gamin de la Grande Pomme. BILLYBIO est un porte-étendard de son temps, de ses rues, du goût de la vie de tous les métalleux qui vibrent de la même passion de s’éclater en musique. "Enough" ? C’est plus que simplement assez, c’est une philosophie. Pour moi ça veut dire beaucoup.

C’est avec un peu de retard que je me suis mis à ce papier, parabole d’un album sorti trop discrètement, et c’est fort dommage au vu de la qualité musicale de ces 15 titres de hardcore pur jus... saignant. Ne passez pas à côté de ce disque qui porte son pesant de riffs, de rythmes et d’hymnes fédérateurs, revenez vers le Wrong Side Of The Tracks, procurez-vous d’urgence « Leaders And Liars » de BILLYBIO !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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