Vous avez sûrement entendu parler de WHITE VOID, ce projet dark-rock progressif galvanisant de Lars Are Nedland (BORKNAGAR, SOLSTAFIR) dont le premier album « Anti » est sorti l’an passé. Eh bien le norvégien à la voix si unique revient cette année avec son exact contraire, son opposé extrême : BLACK VOID. En effet, là où WHITE VOID faisait preuve de mélodie, de subtilité et de d’une certaine forme de lumière, BLACK VOID lui n’est que chaos, agressivité et brutalité musicale. Le bien nommé « Antithesis » contient donc neuf titres d’un black punk metal tranchant dans le vif, parfois dissonant ("Reject Everything"), parfois plus punchy ("No Right, No Wrong"), parfois lourd et lancinant ("It’s Not Surgery, It’s A Knife Fight") ou parfois encore complètement black/death metal ("Nihil"). Ce n’est à nouveau pas la variété qui a fait défaut dans l’inspiration de Lars Are Nedland mais c’est bien un monde de misanthropie et nihilisme qui est le propos ici. Basé sur les travaux de Nietzsche et à l’entière antithèse de la philosophie de Camus dépeinte sur « Anti », l’album est un véritable coup de pied dans la moralité et un hymne à la hargne.
Le trio est à nouveau emmené rythmiquement par Tobias Solbakk (Ihsahn, WHITE VOID, IN VAIN) et accueille également le guitariste Jostein Thomassen (BORKNAGAR, PROFANE BURIAL), Ces trois musiciens qui n’ont que faire des conventions et de la bienséance nous emmènent dans un monde en noir et blanc, où la demie mesure n’existe pas, les compromis encore moins. Tout n’y est que vide ("Void"), ténèbres ("Tenebrism Of Life") et annihilation ("Explode To Nothingness"). Toutefois, une once de lumière et de mélodie parvient parfois à nos sens avec des passages chantés en voix claire suave et de toute beauté, comme sur l’excellent "Void" qui fait preuve d’une atmosphère toute particulière pour débuter l’album. BLACK VOID fait également appel à des invités prestigieux sur deux morceaux. Sakis Tolis de ROTTING CHRIST tient la beuglante sur le très heavy black "Dadaist Disgust" qui referme l’album en claquant la porte violemment. Et Hoest de TAAKE sur un "Death To Morality" punkisant à souhait. Est ajouté à cela un artwork de toute beauté, aussi sombre et malfaisant que le contenu de l’album.
Si vous aviez aimé WHITE VOID, vous serez forcément touché par BLACK VOID. Bien sûr, il ne s’agit pas de la même musique et l’ensemble peut être déstabilisant par sa violence. Mais l’intelligence et la créativité de Lars Are Nedland n’ayant pas de frontière, il est alors facile d’aller au-delà des a priori et se laisser happer par l’atmosphère d’un « Antithesis » riche et parfaitement équilibré.
BLACK VOID prouve que chaque médaille a son revers, chaque émotion a son contraire, chaque être a son ambiguïté. La dualité est l’essence du monde qui nous entoure, autant tirer profit de tous ses aspects.
