9 juin 2022, 20:20

HEART ATTACK

"Negative Sun"

Album : Negative Sun

Depuis quelques années nous suivons avec intérêt la progression de cette formation cannoise, HEART ATTACK, qui livre un thrash de qualité. Kevin Geyer le frontman me livrait il y a peu que l’oppression du 1er confinement avait été l’occasion pour le groupe de mettre en musique toutes les souffrances et frustrations qu’ils avaient accumulées. Le nouvel album « Negative Sun » en apporte la preuve... en musique.

"Ritual" est une ouverture tribale d’un autre âge. Des fûts métalliques martelés, le groupe s’avance toutes 'g-riffs' sorties. "Septic Melody" arrive et c'est un premier morceau de bravoure, de ceux qui nous ramènent au fin fond du Brésil dans les années 90, quand les growls résonnaient sauvagement dans la jungle des festivals. C’est rapide, avec des guitares déchaînées qui font effectivement ressortir toute la rage accumulée durant ces deux dernières années, alors que nous luttions tous contre nos démons intérieurs, enfermés tels des lions en cage. Il y a ce solo, moderne et mélodieux, qui nous éloigne un peu du classicisme du genre. Un peu de synthé également précède un solo final saignant que n'aurait pas renié Kerry King. Impressionnant.

"Wings Of Jugement" lâche un riff frénétique. Les cordes des guitares sont enduites de la même huile que celle que Tom Araya utilise pour sa barbe, sa basse plutôt. Bref ça glisse et fait jaillir du metal brillant tel qu’on en raffole. Encore un solo épique, et une accélération presque black metal, HEART ATTACK est de retour, avec une puissance décuplée. Oui, non seulement le groupe se lâche littéralement, mais en plus avec "World Consumption" on voyage jusqu’aux frontières d’un BEHEMOTH et d’un MACHINE HEAD. Paradoxe. De ce fait, c’est d’une richesse énorme.

Il y a le single "The Messenger", avec son clip déroutant, une chanson qui nous renvoie à nos sensations ambivalentes du Covidalypse. Paradoxe, à nouveau, de la violence et de la mélodie. On exorcise avec des riffs lourds et une rythmique aussi profonde que la douleur éprouvée alors. En contrepoint de cette batterie si "roots", toujours ces soli aériens, comme une allégorie de se besoin ressenti de retrouver la grâce et la pureté. Un morceau cathartique. "Twisted Sacrifice" est plus classique, mariant les influences thrash et léchant un peu du sel des plaies de l’humanité avec du death flamboyant.

Roulement de frappes sur les fûts pour "Bound To This Land", tel un "Territory" sorti des sépultures païennes.  A nouveau un metal hybride, old-school et voix complémentaires pour un moderne-thrash. Les époques avancent vers nous main dans la main, unis dans une chevauchée de grande classe. HEART ATTACK offre un improbable groovy heroic metal sur "Take Your Pride Back », fusion réussie du bourrin aux gros sabots d’acier avec des soli heavy symphonique. Bien joué les gars, je suis sous le charme, j’ai même cru voir débouler des drakkars sur la croisette lors du refrain...

Vient le titre phare, "Negative Sun". Le morceau est soigné, fresque riche en arrangements, progressivement puissant, alternant growl rageur et chant clair. On s’envole sur une agressivité magnifique contenue et distillée, à la façon de GOJIRA. Le chant de libération après les interdits pandémiques ? Je ne vois pas d’autre explication. HEART ATTACK s’impose définitivement parmi les grands noms du thrash, et du metal tout court.

L’album s’achève sur la reprise "Jesus He Knows Me" de GENESIS. C’est mieux qu’un Dieu qui nous hait tous. Ultime charge de thrash moderne, on extériorise une dernière fois la rage sur des cordes huileuses, on pousse des refrains fascinants et insolents. Après le black metal, c’est une touche pop qui vient par moment surfer sur les riffs de plomb, incroyable audace.

HEART ATTACK nous offre l’album de la résilience au travers de la musique extrême. Ce n’est plus une chronique que j’écris, c’est une lettre de remerciements. Chapeau bas les guerriers du son et du sens que vous êtes. Votre analyse musicale du monde a un côté "Zarathus-Thrash".
HEART ATTACK est un groupe qui ose et qui offre un album référentiel. HEART ATTACK nous donne rendez-vous au Hellfest le 19 juin 2022 et Au Sylak Open Air le 7 août, entre autres, pour enflammer la Mainstage et growler : « Yes, I Cannes ! »

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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