26 juin 2022, 18:23

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 59


Avec cette chaleur de plomb fondu, on n’a envie que d’une seule chose : poser notre séant sur un transat et siroter une menthe à l’eau (oui bon, ou une bière fraîche, mais avec modération hein ? Non ? Ah... ). Bref, il fallait bien que nos trois compères de l’extrême, Clément, Crapulax et Aude, trouvent de quoi faire remuer les méninges et les cervicales assez fort pour nous sortir de notre léthargie. Eh bien c’est chose faite et il semble que la sélection du mois ne soit pas piquée des vers. Ne vous agitez pas trop quand même hein, on s’en voudrait de vous voir tout déshydratés. Apéro !
 

SEVERE TORTURE : « Fisting The Sockets » EP (Season Of Mist)

Surtout ne pas traduire par "enfiler sa socquette avec le poing" ce qui ne veut absolument rien dire sauf si vous avez froid au doigt et pas de gant en laine ou si l'abus d'alcool vous a fait prendre votre main pour votre pied (en ce cas il serait bon d'aller consulter en urgence le docteur Karila !).
Bref, après 12 années d'absence (« Slaughtered » 2010), les Néerlandais reviennent avec un petit en-cas fort goûteux qui annonce un prochain album à venir pour 2023. De quoi frémir d'excitation avec ces 3 titres de pur brutal death metal qui, à l'image de la pochette, risquent de laisser de très vilaines traces sur la figure !
Le mode "écrabouillage à la masse d'armes" est enclenché (à écouter l'ultra-violent "Hands And Head Not Found" pour avoir une idée de l'exceptionnelle étendue des dégâts) avec option strangulation ("Entangled In Hate") et finissage-maison offert à coups de bottes ("Fisting The Sockets").
Gros tabassage en règle en perspective par une bande d'énervés qui donne l'impression de ne pas avoir pu se défouler comme ça depuis un bail... il semble d'ailleurs que ce soit précisément le cas.
(Crapulax)


MISGIVINGS : « Misgivings » (Dolorem Records)

Dans la série "coup de pompe dans les valseuses, envie de forniquer en veilleuse", voici un très vilain quatuor de death metal en provenance de l'hexagone qui ne fait ni dans la ballade rock pour bikers qui passent encore la nuit avec leur doudou ni dans le folk metal festif finalement pas si différent des polkas enfiévrées dans les thés dansants du dimanche après-midi en province.
Bref ce premier album très réussi compulse 35 minutes de méchanceté gratuite en forme de pains de C4 (avec deux membres de IMPUREZA dans l'équipe dont le fabuleux batteur Guilhem Auge, on se doutait bien que ça allait forcément défoncer grave) inscrit dans la droite lignée des grandes productions d'experts en démolition comme celles de KRISIUN, DEICIDE et autres ANGELCORPSE.
On dérouille notre race du début à la fin avec de nombreux moments particulièrement jubilatoires (la déferlante "Masquerading As God") et on ne peut que féliciter Dolorem Records (NEPHREN-KA) pour avoir une nouvelle fois fait preuve de discernement en signant MISGIVINGS.
Après seulement 4 démos et un split, on n'attendait tout simplement pas ce groupe à un tel niveau d'expressivité dans la brutalité. Et le pire c'est qu'on en redemande !
(Crapulax)


ARIES : « Le Dernier Sacre » (Epictural Productions)

ARIES est un duo de black metal parisien formé en 2015 qui revient cette année avec un premier album « Le Dernier Sacre » après avoir sorti un EP « D’Ombres et de Flammes » l’année de sa création. Léandre et LaHire nous propose un true black musclé, malfaisant, complètement possédé. Les guitares sont frénétiquement torturées et les rythmes blastés mais c’est surtout la voix caverneuse qui donne ici une originalité glaçante aux sept titres de l’album.
Les thèmes abordés sont tantôt historiques, tantôt poétiques, avec des textes soigneusement rédigés mais c’est bien l’interprétation dramatiquement écorchée qui donne toute la dimension captivante à ce « Dernier Sacre ». Il serait quand même réducteur de ne décrire l’album qu’en termes d’agressivité obscure car des titres comme "Oriflamme" ou "A l’Océan qui nous Sépare", entre autres, font preuve d’une grande ingéniosité mélodique et rythmique à en devenir presque entêtants.
ARIES sait où et comment frapper : fort, droit dans l’âme, sans concessions mais avec tact et politesse. C’est bien joué. Gageons que ce « Le Dernier Sacre » n’est pas celui de ce duo prometteur.
(Aude Paquot)


LUNAR CHALICE : « Transcendentia: The Shadow Pilgriage » (Ironbonehead Productions)

Si vous aimez le black metal satanique, blasphématoire, brut et sombre, vous devriez être ensorcelés par LUNAR CHALICE, quatuor allemand né en 2019. Après une démo et deux EP, le groupe propose cette fois un album studio de huit titres de true-black metal ritualiste, telle une Messe Noire sous une lune funèbre.
Le chant tantôt growlé, tantôt clair, version ténor charismatique est ensorcelant. Des titres comme "Immortuae" sont hypnotisants avec des riffs cinglants mais aussi des claviers atmosphériques juste clairsemés et des mélodies lugubres mais empruntes d’un mystère enrobant. "Descending Shadows" est plus rythmé et plus lent mais d’une grande lourdeur alors que "The Astral Stargate" est dissonant et macabre.
Chaque moment de « Transcendentia: The Shadow Pilgriage » concourt à absorber l’auditeur dans un monde aussi noir que spirituel. Même l’ultime acoustique "Nocturnalia" vient terminer de nous envoûter avec son tambour presque chamanique et son chant rauque parcimonieux. A découvrir si vous ne craignez pas d’être enrôlés dans de noirs desseins ou simplement si vous souhaitez vous laisser happer par des ténèbres infinies.
LUNAR CHALICE saura vous séduire ou vous pétrifier mais ne vous laissera pas de marbre.
(Aude Paquot)


SUNSTARE : « Ziusudra » (Source Atone Records)

Auteur de deux albums parus en 2015 et 2018 (« Under The Eye Of Utu » et « Eroded »), le quatuor lillois n’y va pas avec le dos de la cuillère rouillée quand il s’agit de balancer un doom ténébreux aux lourds accents sludge.  La preuve en est une nouvelle fois donnée avec ce « Ziusudra » qui tombe comme un bloc de béton à coup de riffs acérés et de batterie teigneuse sur de pauvres oreilles qui n’en avaient pas demandé tant.
Le groupe affiche en effet tout du long de cette quarantaine de minutes une vraie patte et une maîtrise sans pareil de ces alternances de calme et de tempête qui se disputent la vedette avec classe. Les vocalises ne sont pas en reste, montrant aussi de sérieuses aptitudes aussi bien dans le raclement de gosier que dans un chant plus growlé.
Les influences hardcore et metal ponctuent quant à elles les assauts d’une section rythmique qui sait se montrer aussi convaincante dans le mid-tempo que dans un registre plus burné.
Le tout est enrobé dans une production puissante et précise, ciselée par les doigts de fées de Guillaume Delachat dans son Sound Up Studio. Que demande le peuple ?
(Clément Sch)


AU-DESSUS : « Mend » (Les Acteurs de l’Ombre)

En dépit de son artwork au goût plus que discutable, ce nouveau mini-album d’AU-DESSUS est quant à lui d’une qualité indéniable. Il faut dire que les lituaniens nous ont habitué sur chacune de leur sortie à un metal glacial et racé, évoquant au passage les premiers SÓLSTAFIR ou SCHAMMASCH où le quatuor de Vilnius ne se refuse rien et n'hésite pas à ajouter à cette froide addition des embardées sludge ou quelques dissonances bien senties. Mais le fond de sauce est bel et bien black comme sur le mal nommé "Lethargy".
Avant de repartir tête dans le guidon dans les ambiances plus contrastées sur "Epiphany" ou "Alienation", deux petites bombes qui prennent leur temps pour exploser pile là où cela fait le plus mal. Comme pour mieux assommer l’auditeur dès que les vocalises déchirées viennent reprendre leurs droits, aidées par une section rythmique habile dans tous les registres passant d’un metal oppressant à des plans plus atmosphériques bien chiadés.
Rien à redire sur le fond comme sur la forme, AU-DESSUS est toujours au-dessus de la masse de tous ces groupes qui se sont engouffrés dans le salmigondis post-black depuis plusieurs années. Et de loin !
(Clément Sch)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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