26 juin 2022, 23:55

IRON MAIDEN + AIRBOURNE + LORD OF THE LOST

@ Nanterre (Paris La Défense Arena)

Banzaï sur Nanterre ! IRON MAIDEN est enfin de retour après deux ans d’attente en mode pause forcée, la machine ayant été obligée de faire comme tout le monde et de ronger son frein pour regagner la scène, qui plus est avec un album tout prêt et de fait retardé, chamboulant par là même la stratégie de bataille prévue par le manager Rod Smallwood et les boys. Afin d’économiser les forces de ses troopers, ce colonel Parker de la Vierge de Fer a privilégié la salle de Paris La Défense Arena pour le débarquement, un site pouvant accueillir 40 000 personnes – soit l’équivalent de deux Bercy en une seule date. Ou comment faire d’une pierre deux coups. Sachant pouvoir compter sur une large partie de fans qui ne loupent pas un concert de leur groupe préféré et s’alliant les renforts de jeunes recrues à chaque campagne, la date de cette seconde partie de la tournée "Legacy Of The Beast 2022" s’est tenue à (presque) guichets fermés, le fond de la salle étant resté très clairsemé et pas uniquement lors des premières parties.


C’est le groupe allemand LORD OF THE LOST qui a été en charge de tirer le coup de semonce avec près d’une demi-heure d’avance sur l’horaire annoncé par l’organisation et, donc, devant une audience extrêmement faible. Ajoutons à cela que les dix premières minutes de son set sur les trente qui lui étaient allouées ont été effectuées lumières allumées, nous faisant remarquer que la formation n’ait ainsi pas été dans les meilleures conditions pour convaincre un public exigeant. Et pourtant, son metal gothique & dark qui n’est pas sans rappeler parfois MOONSPELL, comme me l’a fait très justement remarquer un ami, est très agréable à écouter, bien loin de certaines litanies auxquelles nous avons eu droit à quelques reprises dans le passé. Bien sûr, un tel groupe ne peut s’apprécier dans de telles salles et on ne peut donc totalement leur rendre justice pour leur prestation, bien qu’ils aient été accueillis très poliment, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé (on se souviendra des bordées d’insultes et de majeurs tendus adressés à AVENGED SEVENFOLD en 2008). A revoir dans d’autres conditions pour en saisir le plein potentiel.

Bien plus attendus ensuite et débarquant tout droit du Hellfest après y avoir joué la veille et le week end précédent, les Australiens AIRBOURNE ne s’encombrent pas d’autant de fioritures que ceux qui viennent de les précéder et misent tout sur le binaire. Si la fatigue doit être présente dans les corps de ceux qui enchaînent sans répit, on se doute que l’adrénaline ressentie par le fait de jouer tous les deux jours dans des salles immenses en compagnie de l’un des plus grands groupes de metal ayant jamais existé suffit à requinquer n’importe qui dans leurs rangs. Aussi, et fidèles à eux-mêmes, le chanteur-guitariste-torse-nu-jean-troué-aux-genoux Joel O’Keefe & Co. ont martelé de leur hard rock simple mais ultra efficace une audience qui a commencé à resserrer les rangs et à manifester de plus en plus bruyamment son approbation au fil des morceaux qui se sont enchaînés sans coup férir. Ici, c’est Paris, mais ce fut droit au but comme disent les Marseillais. Et de "Ready To Rock" balancée en début de set au triptyque de fin composé de "Live It Up", "Raise The Flag" et "Runnin’ Wild", les neuf titres interprétés ont tous fait mouche, faisant correctement monter la température afin d’accueillir les héros du jour.


Les lumières s’éteignent à 20h05 et l’indéboulonnable introduction "Doctor, Doctor", reprise du groupe UFO, résonne dans la sono. Et comme à chaque fois, les quatre minutes et treize secondes séparant le public de l’arrivée du groupe semblent interminables, quand bien même prend-on du plaisir à entonner les paroles de ce titre qui avait d’ailleurs été repris par la Vierge de Fer en 1996 avec l’ancien chanteur Blaze Bayley. Puis, les choses sérieuses ont commencé au son de trois titres extraits du dernier album « Senjutsu » avec la chanson-titre tout d’abord, enchaîné avec "Stratego" puis "The Writing On The Wall". Verdict ? Enorme ! Ces chansons passent le test scénique haut les mains, aidées en cela par une scène qui s’est parée pour ce début de show de pagodes de part et d’autre et d’une ambiance toute asiatique avec, d’entrée de jeu, l’arrivée sur scène du magnifique Eddie samouraï qui orne la pochette de l’album. On leur sait gré d’avoir effectué ce changement de titres afin de donner de la valeur ajoutée aux fans qui étaient présents sur la première partie de la tournée en 2018 (pour la France s’entend) mais qui en ont vu disparaître d’autres afin de respecter leur immuable timing de 1h45-50 de jeu. Mais avec une telle énergie pour des musiciens qui ont tous désormais entre 65 et 70 ans (il faut voir Bruce et Steve courir comme des sprinters pour s’en convaincre), je ne vois pas ce que l’on pourrait leur reprocher à ce niveau.


Ainsi, le morceau "Blood Brothers" a refait son apparition après avoir été joué lors de la tournée "The Book Of Souls World Tour" en 2016, permettant au guitariste Janick Gers de briller, il est bon de le préciser, beaucoup ne le considérant pas à sa juste valeur. Les grands moments que sont "Sign Of The Cross", l’enflammée "Flight Of Icarus" ou "The Clansman" en rappel sont toujours présentes et n’ont pas failli, faisant se soulever le public qui manqua parfois disons de vitalité, la fosse étant restée curieusement assez sage dans son ensemble. Bien évidemment, personne ne s’est fait prier pour donner de la voix sur "Fear Of The Dark" lors de laquelle Bruce Dickinson fera une référence au personnage de Fantomas (oui, celui de la série de films avec De Funès qu’il adore). Et lors des quelques rares interventions qu’il effectuera entre les chansons, préférant laisser parler la musique, il rappellera qu’IRON MAIDEN a joué vingt-huit fois auparavant dans la capitale et que la France est depuis quelques années sa deuxième maison.



Côté guitares, Adrian Smith, impérial comme à chaque fois, et Dave Murray se sont surpassés, avec une mention à Dave en particulier, qui a modifié plusieurs fois ses soli, les agrémentant au passage de quelques tappings bien sentis, ce qui n’est pourtant pas dans ses habitudes. Les six musiciens (plus Eddie, revenu une seconde fois pour un duel avec le chanteur sur "The Trooper") ont donc, une fois de plus, mis tout le monde d’accord sur leur toute puissante hégémonie dans la sphère heavy metal passée et actuelle et ont achevé les fans par un raid aérien au son de la finale "Aces High" et son Spitfire survolant la scène. Grandiose et merci, mille fois merci ! « Iron Maiden’s gonna get all of you ! »


Malheureusement, la prestation aura été entachée de quelques couacs qui ne sont pas à imputer aux musiciens directement mais en partie à la salle en elle-même. La faute à un son plus que perfectible qui sera ajusté plusieurs fois au cours du show et qui fait que Bruce a parfois éprouvé le plus grand mal à suivre le groupe, mettant plusieurs fois à côté en raison d’un son qui tournait sur scène. Au contraire de certains de ses compagnons, il n’a pas de retours dans les oreilles (juste de petites boules Quiès) et se contente du son provenant des retours. Une initiative noble et old school que l’on saluera donc mais qui tend à montrer ses limites selon certaines configurations techniques. Dans le feu de l’action, on verra le bassiste Steve Harris pour le moins agacé au bout de la troisième fois et le facétieux chanteur lui indiquera que le son tourne, qu’il peine à s’entendre et il s’en sortira auprès du leader par une pirouette humoristique entonnant un « one, two, three, four », lui indiquant qu’il va faire de son mieux pour bien suivre le rythme pour le final.

Personnellement et afin d’éviter ce genre de désagréments (c’est que l’on est exigeant, oui madame), on préférera les revoir ailleurs, cette salle n’étant franchement pas la meilleure pour un rendu sonore qui doit être au niveau d’une telle formation. On pardonnera aussi au batteur Nicko McBrain une erreur que tous n’ont peut-être pas relevée sur "Hallowed Be Thy Name" mais il faut dire qu’avec une série de dates soutenue, deux ans de mise à pied contrainte mais aussi le poids des années qui commence à se faire sentir puisqu'il a fêté ses 70 ans trois semaines plus tôt, on peut légitimement prétendre à quelques erreurs.
Certes, nous n’y sommes pas habitués et les images d’un Nicko assez fatigué derrière son kit viendront totalement le dédouaner et l’excuser bien évidemment. On peut même dire qu’IRON MAIDEN a montré une facette plus humaine, avec moins de rigueur militaire qu’on lui connaît qu’à l’accoutumée, à l’image de la quasi-totalité des groupes de la planète pourra-t-on même ajouter. C’est ainsi bien peu de choses comparées au plaisir de retrouver une véritable légende du heavy metal que l’on espère revoir en nos contrées dès l’an prochain pour une tournée qui mettra l’accent, comme il a été avancé, sur « Senjutsu » et au cours de laquelle Bruce a indiqué qu’il était fort probable qu’ils interprètent l’album dans son intégralité. Alors à très bientôt et d’ici là, « up the irons! »

Set-lists - Portfolio | Axelle Quétier

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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