19 juin 2022, 23:59

HELLFEST OPEN AIR 2022

@ Clisson (Jour 1, 2 et 3)


Il y a quelques semaines je suis convoqué à la rédaction. Je flippe et me demande quelle gaffe j’ai pu faire, encore. Surprise géante, le boss pour mes 50 printemps me catapulte... au Hellfest. Une première pour ma part, ayant toujours été trop timide pour affronter une foule de plus de 150 000 guerriers de l’apéro (400 000 sur 7 jours !)

Le Tintin du metal que je suis troque son pantalon de golf pour un short cargo, j’attrape le professeur Tournesol au passage pour m’accompagner et nous voilà sur la route de Clisson. Après deux reports pour cause de Covidalypse, ça s’annonce chaud, dans tous les sens du terme. La température franchit les 35 degrés. Ça va être Les aventures de Tintin au pays des T-shirts noirs.

Logés chez l’habitant, le premier constat est l’extrême gentillesse des autochtones, ainsi que l’implication incroyable des bénévoles. Tout est nickel, ponctuel et propre. 30 ans après mes débuts en festival, c’est avec joie que je découvre que l’on peut s’étendre dans l’herbe sans se coller un mégot dans l’oreille ou sans se vautrer dans une flaque frites-saucisse-bière. Quant au cadre ? Avec sa ville "Disney destroy", sa cathédrale aux vitraux célébrant les apôtres du metal, ses sculptures ou encore sa grande roue aussi incongrue que plaisante, le Hellfest n’est pas qu’un pays pour Bisounours du metal. C’est bien plus. Durant les trois jours, je vais aller à rencontre des festivaliers, des jeunes, des "comme moi", des nus et des déguisés, des gentils qui t’offrent une bière et des méchants qui te prennent pour un essuie-grolles. Nous avons parlé ensemble du cadre, agréable au possible, des prix et bien sûr, de musique.

Une fois le site exploré avec de sacrés décors et sculptures, et nos marques prises, direction les Mainstages. Il est 10h30 et la langue chaude du diable nous lèche déjà sous les aisselles. Nous allons tous mourir, pensais-je, puis je découvre les portiques d’eau offrant une douche rafraîchissante. Avec un passage entre chaque concert, la journée va être nettement plus vivable. Je le mentionnais, le Hellfest, c’est tout un lot de commodités qui justifient sa réputation de festival qui apprend du passé et veut s’offrir le moins d’incertitudes qui soient. Voudrais-je retrouver le côté aventureux des festivals des années 90 ? Franchement non. Je préfère être taxé de Castafiore et avoir un confort appréciable plutôt que de jouer les Jacouille et dormir dans mon poncho boueux comme il y a 30 ans. Une théorie va naître durant ce week-end en enfer. Restez à l’écoute. Et si le Hellfest était notre récompense, pour être demeurés fidèles au genre depuis des décennies, pour avoir affronté des tempêtes, des brûlures, des organisations parfois inexistantes ? Aujourd’hui, au Hellfest, nous vivons notre passion avec les meilleurs aménagements qui soient. Nous rions, faisons les cons, profitons d’une sélection très large de groupes. Nous l’avons mérité.


Pour ouvrir le bal du metal, HEART ATTACK est une recrue de choix, dire qu’ils ont failli ne pas être présents. Pour rappel, le nouvel album « Negative Sun » est une tuerie et ceux qui l’ignoraient le découvrent pendant un set brûlant de 30 minutes. Il y a du monde et les applaudissements révèlent une adhésion unanime au thrash metal moderne de HEART ATTACK. Une prestation qui laisse augurer le meilleur pour ces gars de la Côte d’Azur qui nous ont amenés au Hellfest leur "Cannes-icule".

Un passage au mur à eau et on va voir l’excellent concert de Laura Cox. La jeune blues lady a réellement un talent fou. Une demi-heure de pur rock plaisir. Pour l’anecdote, mon acolyte découvre qu’il l’a vue il y a quelques semaines et a discuté au bar avec elle, ignorant qu’elle était déjà si célèbre. Sacré Tournesol. Dans la foulée, nous allons nous défouler sur le set d'ENFORCED. Ça y thrashe sec pendant 40 minutes...

Je découvre la légendaire Warzone avec les vétérans SLAPSHOT. Du pur hardcore US qui gagne l’approbation même des spectateurs venus par hasard. Mosh-pits et poussière au menu.

Le soleil bien installé sur nos épaules, nous nous aventurons dans le bois du Muscadet afin de respirer un peu de fraîcheur toute relative. Oasis de verdure bienvenue, nous nous assoupissons en écoutant le rock unique et planant de LEPROUS, autant dire que nos rêves sont doucereux et hypnotiques. La monumentale statue de Lemmy veille depuis la colline de la Warzone sur nous. Ma chère collègue Sly Escapist sait mieux que moi décrire le talent live de LEPROUS, un metal progressif unique. A mon réveil je vais assister au concert de SETH sous la tente de la scène Temple. Conquis par le dernier album, « Les Morsures du Christ », je me prends une douche de black metal en français sous le chapiteau transformé en étuve. Chair de poule en pleine chaleur, c’est ça la beauté dans le black réussi. SETH offre un régal de métal extrême pour varier des groupes vus jusqu’à présent.


Je retrouve mon pote à la fin du set carré de OPETH. Nous assistons avec une nostalgie palpable à l’arrivée de THE OFFSPRING. Pendant une heure, nous avons droit à un best of de « Smash » et « Americana » auxquels s’ajoutent extraits du dernier et très bon album « Let The Bad Times Roll ». 14 titres qui seront acclamés et repris en cœur jusqu’au final “Self-Esteem”. Dexter et ses potes n’ont plus l’allure de skaters punks, mais ils ont encore un magnifique mojo, le son est parfait et le public a un sourire de plaisir aux lèvres. Un grand merci à THE OFFSPRING. Ce fut un moment intense.

Je prends le temps d’échanger avec les bénévoles. Pendant la durée du festival j’ai vu des centaines de ces volontaires veiller au grain, s’assurant que nous passions un séjour des plus agréables. Barmen, secouristes, conducteurs de navettes, agents techniques et d’entretien... toujours prêts à échanger un mot avec nous, ils sont l’épine dorsale de la bonne humeur festivalière. Ils sont tous prévenants et joyeux, ils sont la pierre angulaire du confort que je mentionnais précédemment. Chapeau à ces artistes. Je connais des festivals d’Europe bien plus anciens qui n’offrent pas le dixième de ce confort.

Je rêvais de voir DOG EAT DOG, mais apparemment, je n’étais pas le seul, l’accès à la Warzone relève de l’impossible. Nous nous rabattons sur le punk celtique de DROPKICK MURPHYS. Nous n’allons pas le regretter Il n’y a pas à dire, ces Bostoniens, plus irlandais que des vrais, balancent leurs décibels en rythme et enflamment la Mainstage à coups d’accordéon, de guitare électrique et de bignou. Le public est conquis, ça chante et danse, même les culs-de-jatte plongent dans le pit.


La journée s’étire, le soleil cesse de nous cramer la couenne. C’est l’heure d’un de mes groupes fétiches. FIVE FINGER DEATH PUNCH arrive avec fracas sur "Inside Out" et "Trouble", riffs agressifs et lumières colorées pour appuyer un Ivan Moody en excellente forme. Nous sommes partis pour 1 heure 15 de groove metal, un show à l’américaine unique et gigantesque, toute la spécificité du groupe. Côté set-list, nous sommes gâtés avec une part égale d’excellents extraits de chaque album. La cover mythique "Bad Compagny", reprise par des milliers de voix, le clin d’œil à THE OFFSPRING, qui a joué quelques heures auparavant, avec "Gone Away". Franchement les musiciens de FIVE FINGER DEATH PUNCH assurent et montrent qu’ils sont à la fois des bêtes de scène et une tête d’affiche méritante. En sentant la puissance d’un "Burn MF" ou l’émotion du final incontournable "The Bleeding", je pense que nous avons là un digne fils prodigue de JUDAS PRIEST, avec qui le groupe a déjà collaboré sur "Lift Me Up". Je vais pas me faire que des copains, mais je le pense sincèrement...

Les DEFTONES arrivent pour un excellent concert, normal vu la qualité de leur dernier album. Malheureusement, chaleur et longueur de la journée ont eu raison des deux globe-trotters musicaux, oui en réalité, nous n’avons 20 ans que dans nos têtes et nous finissons par regagner notre chambre... Les gens du coin jouent le jeu du festival, je le mentionnais, entre le légendaire supermarché qui constitue une base arrière pour le ravitaillement et qui offre une très bonne scène off, les habitants ont répondu présents en masse pour l’accueil des milliers de festivaliers. Chez notre hôte, nous rencontrons trois autres festivaliers avec qui nous sympathisons. Des vétérans du festival, qui nous racontent le "pas si bon vieux" temps car ils confirment comment l’organisation a évolué de mieux en mieux, écoutant les retours d'expérience, jusqu’à arriver à cette structure optimale. Je repense à mon hypothèse : oui, Maître Barbaud a réussi un tour de force, offrant un site toujours mieux organisé malgré une population toujours croissante. Le résultat est bien, je peux à présent l’affirmer, une récompense à la fidélité des amoureux du metal.


Retour en enfer le samedi 18 juin, le thermomètre avoisine les 40°. Chez beaucoup apparaissent des signes de fatigue... mais cela va vite être balayé, car au programme nous attend du très lourd.
Sous l'Altar nous voyons la fin du concert de RECTAL SMEGMA. Du grind porno-gore qui colle bien au descriptif des vocaux "gruik" et au gros son qui déborde de la scène. Extrême... et rigolo. Nous entrons dans la Temple, scène contiguë à l'Altar, pour le set de HELHEIM, du black-viking metal au son bien épique. C’est une de mes découvertes du Hellfest. Nous restons devant tout le set à déguster la beauté des titres du groupe. Puis ce sont les Anglais XENTRIX qui nous délivrent une leçon de thrash old-school magistral. Le groupe est revenu aux affaires en 2019 avec un jouissif « Bury The Pain », mettant fin à un silence de plus de 20 ans. Une réelle résurrection. Le concert suivant est celui de EINHERJER, un des piliers de la scène black viking originelle. Autant dire que je ne voulais pas le rater. L’accueil est chaleureux sur les puissants "Blood Of The Iron", "West Coast Groove" ou encore "Ballad Of The Swords"... Un grand moment du festival, pour peu qu’on ne squatte pas en permanence les Mainstages. Eh oui, au Hellfest, la curiosité fait faire des bornes et c’est pour une bonne cause.


Le temps de casser la croûte en écoutant LOUDBLAST, notre fierté hexagonale du metal sans concession, je file voir un de mes chouchous, HEAVEN SHALL BURN. Ces chevaliers d’un ordre teutonique musical nouveau amènent la guerre sur la Mainstage. 45 minutes d’une déferlante deathcore impressionnante de maîtrise. 8 titres, dont 2 de leur dernier album monumental, ce fut trop court, mais très réussi, avec des moments de bravoure, tel le surf-crowding du frontman ou encore des jets de flammes comme si l’enfer n’était pas assez chaud. Je les kiffe ces jeunots, monstres de scène reconnus outre-Rhin, ils mériteraient d’être enfin mis en lumière chez nous. Le festival en a peut-être été l’occasion.

L’histoire avec grand "H" comme hardcore m’appelle sur la Warzone. AGNOSTIC FRONT, un de ces groupes qui ont ouvert la voie du pit, a 50 minutes pour résumer 40 ans de carrière. C’est l’effervescence dans le best of. "The Eliminator", "My Life, My Way", "Gotta Go", "Old New York"... Je regrette que la fatigue la veille m'ait fait rater CRO-MAGS. Mais là, je profite d’un Roger Miret en pleine forme, remerciant les fans d’avoir aidé à financer ses problèmes médicaux. Hardcore pour remerciements hard cœur. Loin de chercher à ratisser large pour sortir des petites scènes allouées à son genre, AGNOSTIC FRONT est de ces groupes qui vivent pleinement et intimement leur histoire d’amour avec leur public séculaire.


Nous passons jeter un œil à la prestation de STEEL PANTHER. Je n’adhère absolument pas, malgré mon amour pour le hard rock des années 80. 15 minutes de parlottes pour 60 allouées au total, des blagues graveleuses qui feraient passer les rebus carambar pour du Shakespeare... sérieux, c’est quoi l’engouement pour un tel groupe ? Il y a tant d’excellentes formations de glam modernes... bref, je me tire ailleurs comme on dit au Sénégal, et je trouve à la Temple un bon show pagan-viking délivré par ENSIFERUM. 1 heure de riffs énergiques et de chœurs épiques, à cela on ajoute l’engouement des fans moins portés sur les seins paillards que les saints païens. Moments adorables et oreilles décontaminées.

DEEP PURPLE est une légende, je regarde le premier tiers de son set. Ça me fait un petit quelque chose, ce groupe était là à l’Aube du rock, quand on n'imaginait pas encore jusqu'où tout cela irait. Pas encore de bracelets à clous, de maquillage imitation husky... juste quelques gars aux cheveux longs extirpant de leurs guitares des sons plus énervés et inspirés que la moyenne de l’époque. Je reconnais avec plaisir quelques classiques, "Highway Star", "Lazy", la set-list s’articule autour de l’album culte « Machine Head ». Un moment nostalgie auquel le coucher de soleil fait écho.


Direction la Warzone. Pour mon dernier concert de la journée. J’entends voir un groupe mythique, SOCIAL DISTORTION. Première fois que j’ai l’occasion de regarder ce groupe de punk’n'roll réaliser l’un de ses braquages musicaux. Mike Ness et ses compères sont dans le ton de leur rock, casquettes de mauvais garçons des années 30 et bandanas sur le pif. Dillinger et le couple Barrow doivent être à la sono, me dis-je. C’est parti pour une heure de « Il était une fois en Amé-rock ». Ouverture avec l’enchaînement "Road Zombie" et "Bad Luck”. SOCIAL DISTORTION va nous exécuter 13 titres, 2 à 3 morceaux de chaque période, et pour ce pilier du punk californien, c’est synonyme de richesse et de générosité musicales. Au milieu de ce défilé de classiques, entre "Don't Drag Me Now" et "Dear Lover", Mike introduit un morceau tout frais du nouvel album qui doit sortir à l’automne. "Tonight" est bien accueilli, son identité rock étant indéniablement celle de SOCIAL DISTORTION. Le set s’achève avec un acclamé "Ring Of Fire", dont nous reprenons le refrain jusqu’à la dernière note. Ce fut un grand moment.

Avant de partir je regarde un bout du show de GHOST. Le Hellfest, c’est le rendez-vous des choix cornéliens.... même si le spectacle semble toujours aussi grandiose, pour une fois j’esquive la performance de Tobias Forge pour allez jouer mon propre ghost chez Morphée...


Troisème et ultime jour en terre Hellfest pour notre part. Mon dieu comme le temps passe vite. Regain d’énergie, logique, nous filons en profiter.
Pas de canicule ce dimanche 19 juin. C’est sous un soleil gentillet que nous regardons le tyrol metal de KONTRUST. Frais et décomplexé, parfait pour démarrer la journée. S’ensuit les très attendus SORTILÈGE. Reformation et nouvel album réussis, les vétérans du heavy metal à la française sont à l’aise, ils peuvent allégrement enflammer la Mainstage. Après avoir ouvert avec "Amazone", SORTILÈGE joue 2 à 3 titres de chaque album. Mention spéciale à "Messager", "Délire d’un Fou" et "Progéniture Destructrice". Encore un moment d’émotion pure au Hellfest. Applaudissements mérités, pas mal de monde est venu regarder. Pour ce dernier jour, il y a tant de groupes à voir, donc autant de décisions difficilesà prendre...

A la Temple, j’ai choisi CÂN BARDD. Le groupe suisse va nous hypnotiser avec son black metal atmosphérique. Sa musique emplit la tente, nous glissons tous dans un monde parallèle, fatigue et béatitude ? Un groupe que je recommande en live autant qu’en album. A l’heure de la sieste, nous regardons CAR BOMB, de loin. Nous venons de nous enfiler la légendaire assiette de grillades argentines et la digestion s’avère rude. Le groupe de metalcore progressif est intrigant, puissant et fascinant. J’enchaîne malgré moi sur le set du groupe DORO. Ça a beau être la millième fois, je ne peux cacher mon plaisir de voir la metal queen chanter ses classiques avec un sourire aussi chaleureux que d’habitude. Doro reflète toujours l’amour qu’elle porte au heavy metal et à ses fans. Entre "Burning The Witches" et "East Meets West", c’est ovation sur ovation. 45 minutes de plaisir rock et l’éternel "All We Are" fédérateur repris en chœur. On t’aime Doro !


D’une génération à l’autre, d’un bout de femme à l’autre, nous embrayons sur JINJER pour un concert politique et metal. L’inédit "Call Me A Symbol" ouvre le bal et résume les enjeux : la formation ukrainienne est au Hellfest en tant qu’ambassadrice de la paix et de son pays assiégé. Tatiana et ses amis lâchent leur metal extrême en porte-étendard de la liberté d’exister face à un obscurantisme antidémocratique. Et c’est un incroyable concert, "Perennial" et "Teacher, Teacher!" retournent le pit, les acclamations valident la leçon de metal politik. En un mot : puissance !

Après cette séquence émotion, je souffle un peu, puis file voir le show de BORKNAGAR, un de mes groupes de viking metal préférés. J’en prends pour mon plaisir tellement le voyage est grand, épique et sonore dès l’ouverture avec "The Fire That Burns". L’album « True North » est le plus représenté avec 3 extraits, mais sur les 50 minutes de set, nous aurons droit à plusieurs incontournables, tels "Colossus" ou "The Rhymes Of The Mountain". Une succession de morceaux de bravoure musicaux. Mon ami le Professeur me glisse qu’il s’agit du meilleur concert de la sélection clissonnaise... c’est bien possible, mais il est vrai qu’après des dizaines de prestations, on perd un son objectivité. Le sublime "Winter Thric" vient clore ce magnifique show.


Direction les Mainstages au petit trot, il y a DOWN qui prend possession des lieux. Phil Anselmo est chez lui, avec ses nombreuses formations, il est presque de chaque édition du Hellfest... mais le plus important est de le voir en forme, tant il est sujet à des... excès. Bonne nouvelle, il est très en voix, profonde et agressive, DOWN nous exécute un "Lysergik Funeral Procession" d’anthologie. C’est lourd, c’est gras, c’est langoureux, c’est "Lifer". Comble du bonheur, le groupe nous joue le premier album, « NOLA », dans sa presque totalité. 8 titres incontournables qui sont acclamés. Pendant une heure, on sent une communion entre métalleux. DOWN nous enterre avec "Bury Me In Smoke". La messe est dite, Phil a été le patron sur ce set.

Le temps s’accélère. Impuissants, nous voyons ce week-end s’achever. KORN est dans la place avec son nu-metal agressif et syncopé. Ce groupe divise souvent, mais ce soir, je rencontre une bande de jeunes-vieux de mon âge, qui se charrient gentiment sur leurs préférences, les uns louant KORN, les autres attendant JUDAS PRIEST et accompagnent les premiers par curiosité. Pendant 15 titres, des morceaux issus de tous les albums, ça danse dans la bonne humeur et nous nous joignons à ce groupe de joyeux drilles. Le show monte crescendo pour finir dans une apocalypse de décibels, sur les incontournables "A.D.I.D.A.S" et "Blind". Une claque, KORN en live !


Le moment de la cérémonie religieuse est arrivé. Calme avant les effusions metal. "One Shot At Glory". JUDAS PRIEST se lance dans sa messe heavy metal. Les guitares cavalent comme il y a 50 ans, sa Majesté Rob Halford est au top, ses variations au chant déchirent la nuit qui s’installe. Respect total. Côté set-list, c’est un best of royal, avec "You've Got Another Thing Comin'", "Freewheel Burning" et "Turbo Lover" qui se succèdent à une vitesse folle. Le son est excellent, les fans sont au comble du bonheur. Il y a le retour de "Hell Patrol" et "The Sentinel". Il y a aussi les incontournables, les reprises "The Green Manalishi (With The Two Prong Crown)" et "Diamonds & Rust", nous sommes littéralement gâtés. "Painkiller" explose, refrain repris en chœur, et le groupe nous salue. Heureusement, le rappel arrive avec 4 classiques, "Electric Eye" pour commencer, "Living After Midnight" pour finir dans une apothéose d’applaudissements. Merci infiniment JUDAS PRIEST pour cette performance.

Changement d’époque, un autre monstre du metal, français cette fois, GOJIRA met tout le monde d’accord dès "Born For One Thing". Nous avons droit à 7 titres de l’acclamé dernier album « Fortitude », et des échantillons de sa carrière déjà très riche. "Space Time" est de retour après 10 ans d’absence, ainsi que "Love/Remembrance". Avec un lightshow de circonstances, GOJIRA enchaîne les moments de bravoure, "Flying Whales", "Another World", "L’Enfant Sauvage", pour finir en beauté avec le mythique "Amazonia". Le show nous laisse exsangues, le feu d’artifice de fin de festival explose au-dessus de nos têtes. Dernier moment magique...


Le premier week-end du Hellfest s’achève, la nuit clissonnaise reprend ses droits. Le Professeur et moi avons un pincement au cœur. Mon ressenti après ce séjour découverte ? Au-delà de mes espérances. J’ai lâché prise, un paradoxe au vu de la tonne d’électricité qui a parcouru mon corps durant 3 jours... Je rebondis au passage sur le débat "gros contre petit festival", je pense que ce débat n’a pas lieu d’être, il faut aller aux deux, prendre ce que chacun a à offrir et faire coexister tous les événemets. Le Hellfest est une récompense pour le fan du genre, qui a su demeurer fidèle à sa passion au fil des décennies. Aucune honte à avoir, bien au contraire.

Pour faire court, j’ai été dans mon élément, avec des gens qui partagent ma passion pour les musiques extrêmes, dans un cadre magnifiquement pensé pour notre confort. Je me suis laissé emporter dans une autre dimension, j’ai vécu dans une comédie musicale metal. Grâce aux milliers de bénévoles et à la bienveillance de chacun, (oui : « Si t’es un gros con ne va pas à Clisson » doit rester le mot d’ordre), j’ai pu profiter d’un festival... d’enfer !
 


© Benjamin Delacoux | HARD FORCE

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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