30 juillet 2022, 13:00

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 60

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Ah l'été ! Sa chaleur étouffante qui rend les habits délicieusement collants, ses moustiques qui ciblent le moindre bout de chair qui dépasse, ses prix multipliés par 3 dans tous les magasins, ses kilomètres de vacanciers en file indienne sur les péages d'autoroute, ses grains de sable coincés dans la chaussure et tant de choses merveilleuses encore !
Oui, il y a de quoi pousser de grands cris de rage, la peau rendue verte sous l'effet des rayons gamma de l'exaspération, de quoi tout envoyer valser à 20 bornes. Alors pour tous les hulks et les hulkettes en puissance qui ont envie de craquer mais qui ne le peuvent pas, il reste en cette période estivale la rubrique Labels & Les Bêtes avec des groupes qui hurlent pour eux... C'est pas le Pérou mais ça soulage !

 

TEMPLE OF WORMS : « Liber de Morbis » (Great Dane Records)

Fraîchement signé chez Great Dane records, voilà le quatuor lyonnais aux commandes d’un premier album qui indique qu’il est prêt à passer aux choses sérieuses. Il faut dire que celui-ci s’est déjà fait la main sur les planches en compagnie de pointures reconnues telles AFFLICTION GATE, MASTER, MERCYLESS ou NECROWRETCH. Et c’est d’ailleurs de ce dernier dont il se rapproche le plus en proposant de bien sombres ambiances qui ne rechignent pas à s'acoquiner avec des rythmiques étourdissantes.
Des rythmiques rampantes, vicelardes, qui installent ici un climat étouffant qui ne s’embarrasse pas de détails pour faire passer son message vicé. Et tout du long d’une grosse demi-heure qui passe comme une lettre à la poste ! Voilà un black/death bien costaud qui ne manque pas de redoutables atouts comme les morceaux "Rage", "Yersinia Pestis" ou l’écrasant final "Syphilitic" en témoignent sans détours.
« Liber de Morbid » est donc un album prometteur, qui laisse entrevoir un certain potentiel pour la suite des événements. Oscillant entre respect de la tradition et désir de modernité sans jamais tomber dans la simplicité, le black/death tel qu’il est pratiqué ici se révèle d'une efficacité sans faille !
(Clément)


CLEGANE : « White Of The Eye » (Almost Famous)

C'est des bas-fonds parisiens que CLEGANE exhale son doom bien occulte depuis maintenant six ans. Et le groupe a déjà démontré à de multiples reprises qu’il n’est pas né de la dernière pluie acide en incorporant à son style une bonne louchée de sludge histoire de rendre le tout encore plus compact et poisseux.
Voilà un programme réjouissant qui figurait déjà à l’ordre du jour sur son précédent méfait, « Funeral at Sea », paru en 2018. Qui vous donne déjà une vague idée de ce que CLEGANE vous réserve : une ligne de basse clinquante, des cognées de toms bûcheronnesques appuyées par une guitare teigneuse qui ne néglige pas pour autant quelques breaks et autres accélérations du meilleur effet.
Quant au chanteur, celui-ci ne dépareille à aucun moment sur l’épais goudronnage en règle promis par le trio sur ce nouvel album. Album qui bénéficie au passage d’une production dantesque signée des mimines expertes d’Andrew Guillotin (également à la manœuvre sur l’excellent dernier album de CREEPING FEAR).
Les écoutes successives du bestiau ne font que renforcer l’impression tenace que ces quarante-deux minutes sont bel et bien de celles qui sont amenées à laisser des traces...
(Clément)


FLESHROT : « Unburied Corpse » (Me Saco Un Ojo Records)

Ceux qui aiment les mets épicés, genre au-dessus du Carolina Reaper (1 641 183 en moyenne sur l'échelle de Scoville qui classe les piments suivant leur force), vont être servis avec le nouveau FLESHROT prompt à nettoyer n'importe quelle tuyauterie de l'intérieur et à plus forte raison celle des oreilles.
En dépit de sa grande jeunesse, la formation texane active depuis 2019 carbure au bon vieux death metal des familles, celui élaboré patiemment au fond de la grange comme un tord-boyau frelaté sortant de l'alambic à 90°. Ça confère évidemment à « Unburied Corpse » un goût très, très rude mais en revanche ça chauffe très vite le gosier et niveau saturation ça ravine tout sur son passage !
On retrouve en bouche le death grassouillet typique qui prend aux tripes pour en faire de la pâte à modeler (la calotte "Haunted of Sick Depravities") et les changements de rythme qui font passer l'estomac en mode essoreuse ("Wrapped In Entrails"). Le tout copieusement assaisonné par de rares parties solo qui valent leur pesant de cacahuètes ("Draining The Liquified Remains").
Alors si vous aimez le piquant, c'est assurément l'album de FLESHROT qu'il vous faut.
(Crapulax)


PLAGUE YEARS : « All Will Suffer » (MNRK Music Group)

A Détroit, c'est pas la joie. Ancienne ville réputée pour son industrie automobile dans les années 30 à qui elle doit son surnom de Motor City, la cité du Michigan est tombée en faillite en 2013 (avec une dette colossale s'élevant à 18,5 milliards $), battant tous les records de criminalité au passage en devenant la ville la plus dangereuse des États-Unis (la dixième au classement mondial).
Ajouté à cela des équipes sportives NBA et NFL totalement à la ramasse, Détroit ne brille pas non plus musicalement parlant puisque les derniers groupes connus en provenance de là-bas étaient le MC5, les STOOGES et Alice Cooper... dans les années 70 !
Bref, les autochtones de PLAGUE YEARS ne vont pas à eux tout seuls remonter le niveau, ça c'est certain, et surtout pas avec ce modeste troisième EP de 4 titres, même si celui-ci regorge de sublimes rythmiques thrash qui donnent envie d'headbanger comme un gars qui aurait volontairement mis les doigts dans la prise (l'intro de "Suffer").
Une belle maîtrise du sujet qui s'étend jusqu'aux parties solo, mélodiques juste ce qu'il faut, très inspirées et surtout très personnelles.
Un détour s'impose pour écouter ce petit groupe de Détroit !
(Crapulax)


PESTILENT HEX : « The Ashen Abhorrence » (Debemur Morti Productions)

PESTILENT HEX est un nouveau groupe venu de Finlande dont le premier album est tout simplement un joyau intemporel de black metal mélodique.
Les six morceaux - ou plutôt cinq chapitres et un interlude - de « The Ashen Abhorrence » sont un ingénieux mélange d'influences des années 90 et d'une orchestration moderne sans faille.
Les lignes mélodiques sont à la fois oniriques et funestes et les passages blastés ramènent une touche de punk/thrash et de violence contenue. Des claviers symphoniques viennent compléter la gravité de l'ambiance et le chant torturé dépeint la puissance du désespoir.
Le côté sombre et agressif de "Mephistophelean Liaison" s'équilibre avec la splendeur mélancolique de "Nature Of The Spirit", les passages atmosphériques de "Old Hag" n'ont d'égal que la rapidité cinglante de "Banishment". Il est difficile de faire sortir un des titres du lot de ces un peu plus de quarante minutes d'un black metal aussi qualitatif qu'addictif.
PESTILENT HEX est indéniablement un de ces groupes à suivre pour en découvrir toujours plus sur leur univers qui n'est pas sans rappeler les vieux EMPEROR et ABIGOR ou les plus « récents » OBTAINED ENSLAVEMENT. Nostalgie, quand tu nous tiens...
(Aude Paquot)


IN GRIEF : « An Eternity Of Misery » (Iron Bonehead Productions)

Voilà un album au titre pertinent ! Lorsque l'on se plonge dans ce premier disque de IN GRIEF, on se retrouve projeté dans un monde de désolation infinie. Dès les premières notes de "Beyond The DarkVeil" et ses passages au violon et piano, on est saisi par l'immense tristesse qui anime le trio italien.
Le death/doom profond et lent qu'il nous propose se veut sombre, enivrant bien que son atmosphère soit pesante. On y ressent la souffrance, l'angoisse, la tristesse et l'introspection. Les riffs de guitares sont lourds et mélodiques, les rythmes sont variés mais contenus et les vocaux gutturaux sont pleins d'une force démoniaque.
Le titre "Demons" se démarque par des vocaux clairs et des riffs plus heavy, et l'ensemble dark wave tranche avec le reste de l'album sans dénoter toutefois. Les deux instrumentaux perfectionnent le timbre mystérieux de « An Eternity Of Misery », l'un par son côté minimaliste acoustique, le dernier par son orchestration plus synthétique.
Les dix morceaux se complètent sans se faire d'ombre et la comparaison avec MY DYING BRIDE par exemple est aisée.
IN GRIEF mérite une attention particulière de la part des fans de doom death en mal de nostalgie.
(Aude Paquot)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
Ses autres publications