13 octobre 2022, 19:18

LACUNA COIL

Interview Cristina Scabbia


Ce sont les vingt ans de « Comalies » . Vingt ans que l'album tourne sur les platines des fans de LACUNA COIL comme un objet mythique qui a su faire se démarquer le groupe. Alors pour célébrer cet anniversaire dignement, c'est « Comalies XX » qui sort cette année, pas seulement une réédition mais une réelle réécriture des morceaux pour les moderniser et leur donner toute la couleur qu'ils méritent en 2022. C'est l'occasion pour Cristina Scabbia, chanteuse du groupe de revenir sur ces vingt dernières années. Entre souvenirs et projets, LACUNA COIL a encore beaucoup de choses à raconter.
 

Salut Cristina ! Merci de répondre à quelques unes de nos questions à propos du vingtième anniversaire d'un album désormais mythique de LACUNA COIL : « Comalies ». Pour cette occasion, il ressort ce 14 octobre dans une version quelque peu mise au goût du jour sous le nom judicieux de « Comalies XX ». Peux-tu nous en dire plus sur ce qui le rend différent de sa version originelle ?
En fait, un peu tout ! Il n'est pas simplement remasterisé, ou remixé, on l'a carrément réécrit, comme nous l'aurions écrit en 2022. Et ce n'est pas parce que nous n'aimons pas la version originelle mais parce qu'on a pensé que pour un album aussi important pour nous, une simple réédition dans un packaging différent n'aurait pas été suffisant pour le remettre en lumière. Donc à partir du moment où nous savions que nous n'allions pas enregistrer de nouvel album dans de brefs délais, même si on a déjà cinq ou six chansons déjà prêtes, on s'est mis dans la tête de célébrer correctement ce vingtième anniversaire. La musique est donc similaire à celle de la version originelle de « Comalies » mais elle est également complètement différente c'est-à-dire que quand vous entendrez les chansons, vous les reconnaîtrez car les paroles sont les mêmes mais vous serez en même temps très surpris, comme nous l'avons nous-mêmes été lorsque nous avons écouté l'album dans son intégralité. C'est difficilement explicable mais vous verrez ! Ça n'a pas été facile de réécrire cet album. On a remarqué qu'il est bien plus aisé d'écrire de nouveaux morceaux.

En effet, on a l'impression que le nouveau « Comalies XX » sonne plus lourd mais aussi plus intimiste. C'est ton impression aussi ?
Oui, il est plus sombre, plus doom je dirais. On a ralenti beaucoup des chansons, on les a rendues peut-être un peu plus gothiques. J'espère qu'il plaira à bon nombre d'entre vous, chacun pourra avoir son point de vue mais jusque là, les commentaires que nous avons eus ont été très gratifiants donc on est assez confiants. Et puis pour les autres, il y a toujours la version originelle qui sera incluse dans une des versions de « Comalies XX ». A nouveau, ce n'est pas pour dire que nous n'aimons plus « Comalies » mais nous en avons fait quelque chose de frais, de nouveau.

Comment a-t-il été enregistré ?
Eh bien d'une part on a beaucoup échangé nos fichiers enregistrés entre nous puis nous nous sommes vus plusieurs fois pour mettre les morceaux au point. C'était un vrai challenge de sortir les morceaux originaux de nos têtes et d'en faire quelque chose de nouveau mais nous y sommes parvenus !

« Comalies » est un album emblématique de votre carrière. Qu'est-ce qui a changé entre sa sortie il y a vingt ans et cette réédition ?
Beaucoup de choses : il a été enregistré en analogique, on n'y connaissait quasiment rien à l'industrie musicale, le producteur était différent, il n'y avait pas internet... Je suis d'ailleurs surprise qu'avec tout ce qui existait à l'époque, on a réussi à tirer notre épingle du jeu car notre façon de gérer notre carrière à l'époque consistait en sortir un disque et espérer que quelqu'un, quelque part l'écoute. Ensuite, il fallait mettre tes affaires dans un sac et faire le tour du monde, autant qu'on pouvait. On a donc fait énormément de tournées et c'est comme ça que l'album s'est fait connaître. C'est en 2004 que tout a vraiment explosé pour nous car notre album a été écouté aux Etats-Unis. Aujourd'hui, ce serait complètement différent car si tu veux que quelqu'un aux USA écoute ta musique, tu n'as qu'à la poster sur Youtube, Spotify, Instagram... Et puis nous étions différents aussi, la scène était différente, le monde était différent.

Tu penses qu'il est plus facile de se faire connaître aujourd'hui ? En effet, tout le monde peut mettre sa musique en ligne mais en même temps, on trouve tellement de chose sur internet qu'il est difficile pour un groupe de sortir de la masse. Tu penses que c'est plus facile pour les groupes aujourd'hui que ça l'était à l'époque ?
Comme tu dis, il est facile pour un groupe de se faire connaître du public mais il est effet plus difficile de se faire sa place, de passer devant les autres. Notre chance c'est qu'on a commencé il y a ving-cinq ans donc on a une base de fans très solide qui nous suit depuis toujours. Aujourd'hui c'est vraiment différent, même avec les labels qui sont très intéressés par des singles et si ton groupe ne fonctionne pas tout de suite, ils passent au suivant. Même les gens d'ailleurs ont tendance à se lasser rapidement des chansons et des nouveaux artistes. Pour nous, je dirais que ça n'a pas vraiment d'importance car on est là depuis si longtemps qu'on peut faire la musique qu'on veut mais je n'imagine pas la pression qu'il y a autour des nouveaux artistes.

Pour vous aussi c'était beaucoup de travail, vous pouvez être fiers de ce que vous avez acquis...
Oui, mais pour nous, le plus dur était d'arriver à montrer notre talent. Aujourd'hui, même si tu as du talent et que tu le montres au monde entier, tu ne sais pas si tu vas percer ou non. C'est tellement aléatoire, cela dépend de tellement de facteurs. Sans compter que certains groupes se prennent pour des musiciens juste parce qu'ils savent un peu programmer et se retrouve au même rang que les autres, ce qui est à mon sens assez perturbant.


En parlant de labels, vous avez toujours été très fidèles à Century Media Records. Est-ce que ce sont les meilleurs pour prendre soin de votre carrière ?
On nous a proposé de nous joindre à d'autres labels, même des majors mais on a toujours voulu avoir une maison dont on était la priorité. Des fois, tu rejoins un gros label et tu es le cadet de ses soucis car ils ont de gros noms avant toi. Pour nous, il est important que nous soyons considérés comme un groupe important et qu'on nous laisse aussi travailler comme bon nous semble. On voulait aussi une complète liberté. Quand on a commencé, on ne connaissait bien sûr pas grand chose et donc on avait confiance en notre producteur, les studios qu'il nous conseillait, mais maintenant on sait qui nous sommes et ce que nous voulons. On sait qu'on peut presque tout faire par nous-mêmes, du design de nos pochettes à notre production mais bien sûr nous avons besoin d'un distributeur et de contacts, on est même distribué par Sony Music maintenant. On est avec quelqu'un en qui nous avons confiance, qui a été à nos côtés depuis toujours et nous avons une bonne distribution donc ce sont les conditions idéales.

Avez-vous gagné en confiance depuis le début ?
Pas vraiment car c'était notre rêve de devenir de bons musiciens, faire partie d'un groupe alors quand on a commencé à enregistrer en Allemagne et être reconnus, on était super fiers et donc confiants déjà à l'époque. Par contre, on était jeunes, excités par les nouvelles choses qui nous arrivaient mais heureusement avec le temps, l'expérience arrive et en fait, tu te rends compte que tu n'y connaissais rien mais maintenant tu sais.

Est-ce qu'il y a des choses que tu aurais faites différemment avec le recul ?
Non, je n'ai aucun regret car chaque étape est une expérience et c'est finalement ce qui nous a forgés et fait que nous sommes toujours là année après année. Bien sûr, il y a peut-être quelques contrats que nous aurions pu négocier différemment et encore, on ne peut pas dire... En tous cas, aucun regret !

Et y'a-t-il plus de pression autour du groupe aujourd'hui qu'il y a vingt ans de cela ?
Non, pas vraiment. On a notre propre personnalité et bien sûr, on ne pourra jamais satisfaire tout le monde, il y aura toujours quelqu'un qui sera déçu par notre évolution et nos nouvelles chansons. Mais cela nous est égal. On est des musiciens donc il faut qu'à nos yeux, notre musique ait de la valeur. Il n'y a de toute façon pas de recette pour écrire une chanson que tout le monde aime donc on fait de notre mieux. Même les super grands groupes ont des singles qui sont beaucoup moins biens que leurs hits !

Est-ce que vous aviez l'impression lors de son écriture que votre 3e album « Comalies » allait connaître un destin différent des albums précédents ? Est-ce que vous saviez qu'il allait lancer d'autant plus votre carrière et faire de vous un groupe mondialement reconnu ?
Pour être honnête, pas du tout. D'ailleurs, on ne s'attendait pas non plus à ce que "Heaven's a Lie" devienne un single. C'est une chanson qu'une radio aux Etats-Unis a récupérée, ils en sont tombés amoureux et ils l'ont jouée. Et en quelques jours, une centaine de radios a commencé à jouer le titre également partout aux USA ! Elle est devenue tellement célèbre qu'ils nous ont demandé de tourner une vidéo. On ne s'y attendait pas car c'est arrivé deux ans après la sortie de « Comalies » ! On a donc dû tout recommencer : la promo, les interviews... C'est ce qui fait la magie de la musique. Regarde la chanson de Kate Bush qui apparaît dans Stranger Things et qui est maintenant à nouveau au sommet des charts partout dans le monde. La musique est une chose, le succès en est une autre, qui n'a parfois rien à voir avec la qualité de la chanson.

Quelle est pour toi la meilleure chanson de « Comalies » ? Ou peut-être pas la meilleure mais la plus symbolique pour toi ?
Je ne sais pas trop car je les aime toutes. J'aime beaucoup "Comalies" par exemple car elle a une partie en italien et une en anglais, ce qui est très symbolique car nous sommes italiens et que c'est aussi le titre de l'album. Bien sûr "Swamped" et "Heaven's a Lie" sont très spéciales pour nous, mais je n'ai pas vraiment de favorites. On n'a jamais voulu qu'une chanson soit plus emblématiques que les autres qui ne seraient que des faire-valoir. On accorde la même attention à toutes les chansons et si on n'en aime pas une, on l'enlève car si on la met sur l'album on sait qu'on devra la jouer pendant le reste de nos vies !!

Et qu'est-ce que ça fait de passer de petites salles à de grands festivals ?
Et bien pour moi c'est exactement la même chose. Sur les petites scènes il y a plus d'intimité et le contact avec la foule est meilleur car tu peux regarder tout le monde dans les yeux alors que dans les festivals, tu regardes la foule comme ne faisant qu'un. C'est une entité. Sur les festivals, il faut se concentrer sur l'énergie car tu as énormément de place sur scène donc il faut l'animer. L'approche est différente mais j'aime toujours les petites scènes. Bien sûr, c'est gratifiant d'être sur l'affiche de gros festivals, on ne peut pas le nier.

Est-ce qu'il y a des pays où tu aimerais jouer et que vous n'avez jamais visités ?
J'ai vraiment hâte de retourner au Japon. En décembre, on retourne aussi en Australie et puis j'ai vraiment hâte d'aller en Afrique car c'est le seul continent où nous n'avons jamais joué.

Est-ce qu'il y aura une tournée spéciale pour ce 20e anniversaire de « Comalies », durant laquelle vous joueriez l'album dans son intégralité par exemple ?
Il y aura un concert à Milan ce samedi 15 octobre puis seulement une tournée des clubs, pas plus. Je ne sais pas si l'année prochaine on fera quelque chose de spécial mais pour le moment rien de vraiment prévu. Mais nous avons vraiment hâte de retrouver notre public français car vous nous manquez énormément.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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