29 octobre 2022, 12:40

RISE AGAINST

Interview Joe Principe


La formation originaire de Chicago RISE AGAINST s'est imposée sur l'échiquier hardcore punk mélodique en neuf albums étalés sur ces 20 dernières années.
Preuve en est, le groupe a su concilier les outils mainstream d'une grande distribution et les singles sans compromettre ses convictions originelles, ses thèmes, ses engagements straight edge, ni renier son attachement aux fondamentaux musicaux punk. En témoignent le dernier album en date « Nowhere Generation » l'année dernière, produit par le cultissime Bill Stevenson, et l'EP qui a suivi dans la foulée « Nowhere Generation II ».
Cela fait deux décennies aussi que RISE AGAINST vient nous rendre visite en France, le quartette était d'ailleurs encore ici l'été dernier à Clisson pour le Hellfest. Mais c'est en tête d'affiche et sur la scène du Bataclan qu'il se produira le 4 novembre, salle qu'il connaît bien pour s'y être déjà produit trois fois depuis 2012.
A quelques jours de cette date, nous nous sommes entretenus avec son bassiste et membre fondateur, Joe Principe.

 

Vous avez parcouru les routes pour faire la promotion de l'album « Nowhere Generation » depuis 2021, vous avez ensuite sorti l'EP « Nowhere Generation II ». Quelle particularité ont ces 5 chansons pour qu'elles sortent un an à peine après votre neuvième disque ?
En fait, ce sont des chansons additionnelles. Voilà ce qui s’est passé : nous avons enregistré l’album « Nowhere Generation » et disposions de 18 chansons, mais cela aurait été trop long pour l’album. Nous avons donc décidé de les séparer en deux sorties différentes. C’était donc prévu comme tel depuis le début. Nous ne voulions tout simplement pas présenter trop de chansons d’un coup. Je n’aime pas quand un album traine en longueur.

 


​Après être repartis en tournée aux Etats-Unis quelques mois, vous êtes de retour en Europe pour des concerts, mais en tête d'affiche cette fois. Votre préparation est-elle différente par rapport à des prestations en festival, comme celle que vous avez donnée au Hellfest en juin ?
Oui, car les concerts sont plus longs, donc nous avons besoin de nous y préparer. Quand nous sommes en tête d’affiche, nous pouvons pratiquement jouer tout ce qu’on veut, alors qu’en festival on est parfois limité, ne serait-ce que par la configuration de la scène, par exemple. En tant qu’headliner, on a forcément plus de plaisir, car on peut laisser parler notre créativité. L’atmosphère est différente, dans les salles et dans les festivals. L’énergie dégagée n’est pas la même, donc la préparation est un peu différente, oui.

Est-ce que les thèmes abordés dans vos chansons, qui ont fait votre réputation, influencent l'élaboration de votre set-list pour les concerts ?
Je dirais que ce qui influence notre set-list, c'est plutôt notre humeur du moment. On essaye d’avoir des chansons pleines d’énergie, rapides, des chansons plus pop, des chansons plus lentes... pour que le concert soit varié et intéressant. C’est un vrai défi, car nous avons neuf albums à notre actif et il devient difficile de choisir parmi toutes nos chansons. On essaye de jouer autant les singles radio que les vieux titres ou que des chansons que l’on n’a jamais jouées auparavant. Après, on ne peut pas satisfaire tout le monde, certains de nos fans peuvent être déçus, mais on essaye vraiment de faire de notre mieux pour contenter un maximum de monde.


​RISE AGAINST s'est toujours exprimé sur des thèmes essentiels, on connaît votre engagement straight-edge. Quel est l'événement qui vous a donné envie de faire de votre musique un moyen de partager vos convictions ?
En fait, je l’attribue plutôt au fait d’avoir grandi dans la communauté punk et le punk a toujours exprimé une forme de rébellion avec des groupes qui se sont élevés contre ce qui leur paraissait injuste, comme les RAMONES qui se sont opposés à la société de masse. C’est ce qui nous a imprégnés depuis toujours : le punk est une plateforme qui inspire au changement. Quand on a commencé le groupe, cela nous a juste semblé naturel. On a toujours été sur la même longueur d’onde pour ça.
 

"Le punk a toujours exprimé une forme de rébellion avec des groupes qui se sont élevés contre ce qui leur paraissait injuste. C’est ce qui nous a imprégnés depuis toujours : le punk est une plateforme qui inspire au changement."

 

Vous êtes donc liés, quoi qu'il arrive, à la scène punk et hardcore des années 80 et 90. Aujourd'hui, y a-t-il des sujets que vous préférez ne pas aborder dans vos textes ?
Non, on traite de tout ce qui nous touche à nos propres vies. Notre chanteur, Tim (McIlrath), écrit toutes les paroles de façon très personnelle, mais il laisse beaucoup d’interprétation possible aux fans pour qu'ils disposent d'un libre choix dans la façon dont ils vont les comprendre. Il y a aussi des titres qui sont plus rentre-dedans, plus directs, qui ne laissent que peu de doute sur le message et l'intention véhiculés. Mais globalement, chacun peut appliquer nos chansons à sa vie personnelle. C’est important.

Est-ce qu'il y a des chansons de vos premiers albums qui restent malheureusement d'actualité aujourd'hui ?
Oui, en fait je pense qu’on a plein de chansons qui peuvent s’appliquer aux vies de tous, à tous les stades de leur existence. Je pense par exemple que "Alive And Well" est une chanson assez universelle et intemporelle. Elle parle des combats que tu peux mener et des épreuves à surmonter, à n’importe quel moment de ta vie. Mais je pense que sur chaque album, il y a des chansons qui s’adressent à tous. La nature du monde fait que cela prend énormément de temps avant que les mentalités évoluent ou que les lois changent, notamment en ce qui concerne l’environnement, ou les armes. Malheureusement, on a beau être là depuis 22 ans maintenant et il y a bien des choses que l’on pourrait changer aux Etats-Unis pour vraiment aider les gens et qui sont les mêmes problématiques qu’à nos débuts. L’argent et le pouvoir sont très puissants, malheureusement. Ils semblent faire loi lorsqu’il s’agit du gouvernement. Alors, il faut vraiment que beaucoup de gens luttent pour obtenir du changement, sinon l’argent et les politiciens véreux triomphent. C’est vraiment dur. Avec RISE AGAINST, on espère au moins montrer aux gens qu’ils ne sont pas seuls dans leurs combats.
 

"Avec RISE AGAINST, on espère au moins montrer aux gens qu’ils ne sont pas seuls dans leurs combats."


Quel regard portes-tu, après plus de 20 ans, sur la scène punk-hardcore de Chicago ?
C’est difficile à dire, car on a changé. Nous avons eu des enfants, nous sommes très occupés dans nos vies, donc je me suis un peu détaché de la scène actuelle. En plus, la pandémie de COVID n’a pas aidé, car tout le monde s’est un peu retranché dans sa vie personnelle pendant quelques années. Mais je sais que la scène est toujours très active ; disons juste que j’étais plus au courant quand j’étais plus jeune, plus impliqué et je savais tout ce qui se passait. Je regarde tout cela d’un œil un peu plus extérieur maintenant mais je pense que ça vient du fait que je vieillis aussi et que j’ai d’autres priorités.

Tu ne vieillis pas, tu mûris !
Oui, en effet ! Et c’est d’ailleurs comme ça que je le ressens. J’aime toujours ce que l’on joue et j’y prends énormément de plaisir, surtout en live. RISE AGAINST est vraiment un exutoire, quel que soit l’âge qu'on a !

Est-ce que tu te souviens du premier disque que tu as écouté et qui t'a marqué à vie ?
Oui, je pense que c’était un album des RAMONES. Mais c’est drôle parce qu’après, en grandissant, je me suis plus tourné vers le hardcore que le punk, notamment le groupe DRI dans les années 80. J’ai voulu apprendre sa musique, sa façon de jouer de la guitare qui me paraissait totalement nouvelle. Donc je dirais DRI, RAMONES... et THE CURE. Encore aujourd’hui je les adore, sans oublier la musique pop comme DURAN DURAN !

Et est-ce qu'il y a un groupe ou un artiste que tu n'as jamais vu en concert et que tu rêverais de voir live ?
Oui, je pense notamment à un groupe de new wave des années 80 qui s’appelle ECHO AND THE BUNNYMEN que je rêve de voir sur scène... mais que je loupe tout le temps ! Chaque fois qu’il passe à Chicago, je suis sur la route ! A chaque fois ! Ils étaient là en septembre et bien sûr, moi pas. Ils sont numéro 1 de ma liste des groupes à voir.


​Je sais que cela va être difficile mais si tu devais dédier une seule chanson à vos fans, laquelle choisirais-tu parmi les neuf albums de RISE AGAINST ?
Eh bien, en fait, il y a une chanson qu’on a jouée comme une espèce de face B, il y a quelques années et qui s’appelle "Megaphone". Elle représente vraiment les fans de RISE AGAINST pour moi. C’est une chanson que je trouve géniale, car elle incite les gens à parler, à utiliser leur voix pour s’indigner. Et c’est tout ce qui nous importe : être entendus.

Nous sommes conscients qu'il est de plus en plus difficile pour un groupe de mettre en place des tournées, entre la crise sanitaire, les problèmes environnementaux et les événements à l'Est de l'Europe. Arrives-tu à te projeter et entrevoir un avenir ?
Je pense que tout ce que nous pouvons faire, c’est faire de notre mieux pour assurer que le monde soit en sécurité. Il faut faire preuve d'intelligence. Mais il faut aussi vivre notre vie et accomplir ce qui doit l'être. Il est difficile de prévoir l’avenir et donc l’essentiel, c’est de ne pas envisager le pire scenario, car sinon, nous ne ferions plus rien.

A quelques jours de ton passage ici, le 4 novembre au Bataclan, nous te souhaitons une formidable tournée !
J’ai vraiment hâte de jouer à Paris ! C’est toujours génial de jouer en France, alors on va se régaler. On s'est produit au Hellfest et c’est toujours un plaisir. Je sais que Paris est loin de Clisson, mais j’adore l’ambiance de vos salles de concerts et des fans à Paris. C’est vraiment cool qu’on puisse revenir en Europe. En plus, on a toujours joué à Paris lors de dates proches de mon anniversaire, alors j’associe Paris à mon anniversaire et c'est encore plus sympa. Merci pour votre soutien depuis ces 20 dernières années. On vous aime et on a hâte de vous retrouver !
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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