6 décembre 2022, 18:30

WE CAME AS ROMANS

"Darkbloom"

Album : Darkbloom

Je me botte les fesses pour un rattrapage, la sortie du nouvel album de WE CAME AS ROMANS. J’ai toujours clamé mon amour pour ce groupe de metalcore, mais la tragique disparition du chanteur à la voix d’ange Kyle Pavone m’avait profondément touché. 4 ans, je termine mon deuil et lance « Darkbloom » dans la platine. Forcément l’ombre du défunt plane sur les larsens.

Le titre "Darkbloom" s’ouvre avec des rugissements puissants, une rythmique lourde et des vagues de riffs typiques au genre. Des accélérations que ne renierait pas ARCHITECTS, ainsi que des breaks mélodiques tout en demeurant emprunts d’une forte rage. Excellente entrée en matière. "Plagued" suit le chemin d’un neo-metal aux voix duales, claire pour l’une, fauve et hors de contrôle pour l’autre. La batterie est martelée, les paroles s’élèvent, porteuses d’émotions tel du LINKIN PARK, pendant que les guitares tranchent dans le vif. Je suis sous le charme. Un hymne au passé, au présent et au futur. "Golden" revient à cette mise en forme très lyrique, comme si Chester et Kyle venaient hanter conjointement le monde des vivants. "One More Day" pousse l’intimisme musical plus loin encore, un moment d’émotion où hurlent de concert voix, pianos et riffs.

Cap sur l’audace avec "Black Hole" qui propose une voix claire complètement omniprésente, jusque dans son mixage electrocore qui la rend obsédante, avec des breaks hallucinants de beauté. Musique de commerciale disent certains ? C’est sans connaître la force des riffs sans concession qui portent à bras le "core" ce titre impressionnant. S’en suit "Daggers", sombre et violent dans sa mise en musique. Les voix hurlent la rage, un véritable exutoire. WE CAME AS ROMANS est un groupe de metal extrême, dans son style, et n’en déplaise à certains c’est une réussite.

"Doublespeak" prend plus de temps pour un electrometal abrute, avec un réel growl sauvage, une expression dépourvue de tout artifice. Du coup les mélodieux "The Anchor" et "The Embe" offrent une bouffée d’air bienvenue, bien que la violence des riffs ou la dureté du propos soient omniprésentes. WE CAME AS ROMANS semble traverser au fil des morceaux les étapes du deuil. Parabole de la perte de ce membre arraché à son "core" ? Certainement.

Je me suis demandé tout au long du disque comment WE CAME AS ROMANS conclurait son œuvre. "Promise You" est un chant épuré aux guitares légères, l’écho de la complainte d’un ange qui se serait brûlé les ailes en sillonnant les paradis artificiels. Sobre et beau.

« Darkbloom » est une œuvre forte. Sa force est dans les sons, mais aussi dans son chant. Une succession de morceaux remplis parfois de rage, de douleur, de nostalgie. Différent des albums précédents, mais le deuil n’est-il pas une rupture des habitudes ?
WE CAME AS ROMANS est aujourd’hui en pleine mutation, tout en restant un magnifique porte-parole du metal moderne.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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