14 février 2023, 19:43

OBITUARY

Interview Donald Tardy

Blogger : Clément
par Clément


Oui, OBITUARY est bel et bien de retour en 2023 avec un nouvel album fracassant : « Dying Of Everything » ! Le mythique groupe floridien, après une longue pause de près de six ans, remet les pendules à l’heure avec, comme l’indique Manu Hell dans nos colonnes, « du OBITUARY pur jus et sans fioritures mais efficace, fin comme du gros sel et piochant dans ce que le groupe a fait de mieux par le passé... ». A quelques jours d’embarquer pour une longue tournée européenne, le batteur Donald Tardy a pris le temps de faire le point sur l’actualité d’OBITUARY... mais pas que !
 

Comment te sens-tu avec la sortie de « Dying Of Everything », le onzième album d’OBITUARY ?
Tout va bien, merci ! Si tu savais comme je suis impatient que les auditeurs découvrent ce nouvel album ! Avec le reste du groupe, nous rongeons notre frein car cela fait plus de deux ans que « Dying Of Everything » est composé. C'était très frustrant d’avoir du matériel prêt à être diffusé et de devoir attendre, patiemment, que le contexte lié à cette pandémie soit plus favorable pour que nous puissions le sortir. C’est un album très important pour nous, c’est pour cela que mon frère (NDR : John, le chanteur) et moi avons préféré reporter sa commercialisation une fois que le monde serait à nouveau "ouvert". Mais peu importe, nous sommes bien de retour et prêts à partir en tournée européenne pour le défendre sur les planches.

« Dying Of Everything » marque votre retour en force après la sortie de « Obituary » en 2017... Pourquoi un si long délai entre ces deux albums ?
Nous avons beaucoup tourné en 2017 et 2018, puis nous nous sommes posés pour la composition de ce nouvel album. Ensuite, comme je l’expliquais, la pandémie nous a mis plus de deux ans d'attente dans la vue ! Nous avons dû faire contre mauvaise fortune contre bon cœur, faire avec ce critère de décision. Le fait que les pays d’Europe soient à nouveau accessibles était important pour nous puisque notre dernière venue ici remontait à 2018 lors de la tournée d’adieu de SLAYER. Nous ne souhaitions pas griller nos cartouches et rentrer dans cette spirale infernale de reports et d’annulations de dates. Et avec le recul, nous sommes contents d’avoir pris cette décision.


Ce disque propose 10 chansons et 45 minutes de pur death metal. Du tempo rapide à l’ouverture de "Barely Alive" au côté plus lent, massif du final "Be Warned", on ressent une énergie palpable, une grande variété et une inspiration qui lorgne du côté de vos premiers albums...
C’est exact. En fait, nous avons pris le temps de nous retrouver tous ensemble pour composer des morceaux qui légitimeraient notre retour après plusieurs années d’absence. Comme tu l’imagines, OBITUARY ne fait pas partie de ces groupes qui sortent un nouvel album chaque année ou tous les deux ans. Que nous soyons en tournée ou chez nous, nous enregistrons tout ce qui nous passe par la tête, ce qui fait qu'au moment de composer puis d’enregistrer, nous avons déjà en notre possession de quoi se mettre au travail sérieusement (rires). Il y a une dynamique, une fraîcheur que nous avons pu mettre en avant ici que ce soit avec des morceaux rapides, thrash comme "Barely Alive", ou ce final doom qu'est "Be Warned", sans oublier ce qui fait qu’un album d’OBITUARY est réussi : le groove ! Cela fait plus de trente-cinq ans que je joue avec mon frère John et Trevor Peres (le guitariste rythmique), nous savons exactement où aller à chaque fois que nous rentrons en studio. C’est aussi pour cela que nous faisons notre maximum pour ne pas tomber dans la facilité et pour continuer d’apporter, chacun à notre manière, de nouvelles idées. Et je pense que sur « Dying Of Everything », le contrat est rempli.

Je confirme. Revenons sur ce tout dernier morceau, "Be Warned", qui est un peu à part avec ses tempos massifs ; comment celui-ci a-t-il été composé et d'ailleurs, y a-t-il un dernier message derrière ces mots « Méfiez-vous et soyez prévenus » ?
Il a été composé de la même manière que les autres, c’est-à-dire tous les trois à jammer dans notre studio pour tester des riffs, des breaks sur lesquels John appose sa voix puis, parfois, il y a ce truc qui se passe où l’on se dit « Woooh ! » (rires). C’est ce qui s’est passé avec "Be Warned" où John a repris ces mots, « Beware and Be Warned » comme un mantra : c’était idéal pour conclure ce disque et lui conférer une ambiance menaçante qui colle bien à l’esprit de ce morceau presque doom. Mais John n’avait pas de message particulier à faire passer, cela lui est venu comme cela... d’autant qu’il n’est pas du genre à faire des textes à rallonge avec des significations cachées !


Quelle place accordes-tu à ce nouvel album dans une discographie aussi fournie que celle d'OBITUARY, riche de plus de 35 ans d'activisme au sein de la scène death metal? 
Là, je sèche (rires) même si ce dernier n’est à n’en pas douter très important puisqu’il marque notre retour après six ans d’absence. Ce que je sais en revanche, c’est que « Dying Of Everything » a été composé avec une approche fluide, naturelle de la première à la dernière seconde. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas ressenti ce "mood", cette osmose évidente entre nous. J’en veux pour preuve toutes ces différences de rythmes que j’évoquais auparavant au sein de chaque morceau. Je pense aussi que nous sommes toujours dans une logique d’apprentissage continu puisqu’à chaque fois que nous entrons en studio, nous apprenons de nouvelles choses, de nouvelles façons de peaufiner nos morceaux. C’est très important pour rester à l’écoute de ce qui se fait aujourd’hui. Eh oui, plus de 35 ans après la formation du groupe, nous apprenons... encore et encore !

Tu parles de l’expérience acquise en studio, j’imagine que tu fais référence aussi au rôle primordial que tient Joe Cincotta dans l’évolution de votre son ?
Bien sûr, Joe a une fois de plus apporté son regard bienveillant sur l’ensemble de l’enregistrement. Il a été notre ingénieur du son live pendant plus de 15 ans, mais il a également enregistré nos trois derniers albums au sein de ses Full Force Studios à Long Island. Il nous connaît bien et sait dans quelle direction nous emmener. D'ailleurs, l’alchimie a une nouvelle fois fonctionné puisque la production de « Dying Of Everything » est juste monstrueuse !

L’artwork signé par l'illustrateur de renom Mariusz Lewandowski, qui nous a malheureusement quittés l'année dernière, offre un travail soigné sur les textures et une ambiance sombre qui nous renvoient à l'époque de « The End Complete »...
C’est en fait une coïncidence puisqu’initialement, nous souhaitions travailler, comme nous l’avons déjà fait à de nombreuses reprises, avec l’artiste allemand Andreas Marschall. Cependant, il n’était pas disponible et nous avons donc changé nos plans. Nous sommes alors tombés sur plusieurs artworks signé par Mariusz Lewandowski et nous l’avons contacté dans la foulée, impressionnés par sa capacité à retranscrire les atmosphères des albums qui lui avaient été confiés. Il connaissait bien OBITUARY et la collaboration s’est, elle aussi, faite de façon très naturelle. Marius était un artiste doué, avec un sens inné pour cette mise en images de nos textes, de notre musique. Il m’a demandé quelques titres et le son de nos nouveaux morceaux, les textes de John, puis il souhaitait se laisser diriger par notre musique, par ce qu’il ressentait à son écoute. Deux mois plus tard, il est revenu vers nous avec une idée précise de la couverture de l’album. C’était déjà très fort, très puissant mais c’est lorsque nous lui avons confirmé le titre « Dying Of Everything » qu’il a eu comme une illumination. Quelques jours tard, son œuvre était prête. Quel grand artiste...

Ces trois dernières années, vous avez sorti trois albums live, était-ce une façon de faire patienter les fans avant la sortie de cette nouvelle réalisation ?
En effet, pendant cette période de pandémie où nous étions cloîtrés chez nous, il nous a fallu apprendre à être patients. Mais nous tenions à rappeler à nos fans aux quatre coins du globe qu’OBITUARY était toujours vivant. Comme d’autres formations, nous avons proposé des livestreams pendant ces deux années où nous avons notamment joué l’intégralité de nos deux premiers albums avec quelques bonus. C’est ainsi qu’ont été édités en CD et vinyle « Slowly We Rot - Live & Rotting » et « Cause Of Death - Live Infection » chez Relapse Records. C’était également un bon moyen de remettre au goût du jours ces disques qui comptent beaucoup pour nos fans. Et pour nous aussi !

Votre première démo, « Metal Up Your Ass », est sortie en 1985 sous le patronyme d’EXECUTIONER puis XECUTIONER. 38 ans plus tard, OBITUARY est toujours là, quel est donc le secret de cette longévité exceptionnelle ? D’autant qu’avec ton frère John et Trevor Peres, vous formez le cœur du groupe depuis ses tout débuts...
C’est très simple : John est mon frère et Trevor est mon frère... de cœur ! J’ai fait sa connaissance alors que je n’avais que 11 ans et aujourd’hui j’en ai 53 (rires). Tu te rends compte ? C’est bien plus que de l’amitié à ce niveau-là : 42 ans à vivre ensemble, enfin presque, à partager l'aventure exceptionnelle qui est celle d’OBITUARY. Mais aussi celle d'EXECUTIONER qui fut notre tout premier groupe fondé en 1984 ! Cette longévité est exceptionnelle avec un fil rouge depuis ses tout débuts : la musique. Le plaisir de jouer ensemble, de partir sur les routes. Voilà à quoi tient cette amitié : la musique. Nous formons une grande et belle famille dont je suis très fier.


Vous revenez d'une longue tournée de 28 dates aux Etats-Unis et au Canada, de Memphis à New York en passant par Toronto ou Chicago, peux-tu nous dire quelle a été la réaction du public à l'écoute des nouvelles chansons ?
Fantastique ! Nous étions en première partie d’AMON AMARTH avec une set-list resserrée sur nos tiitres les plus emblématiques et nous y avons inclus le morceau "The Wrong Time" parce que nous savions que les fans de ce groupe aiment les titres heavy (rires). Il fallait un morceau qui sonne 100% OBITUARY et qui s’adresse aussi bien à nos fans qui connaissent nos morceaux sur le bout des doigts qu’aux autres qui ont découvert le groupe lors de cette tournée. Bien sûr, "I’m In Pain" et "Don’t Care" étaient aussi de la partie, tout comme la reprise de CELTIC FROST, "Circle Of The Tyrants". Les réactions ont été très enthousiastes et n’ont fait que confirmer toute la confiance que nous avons en notre nouvel album...

Trois concerts étaient prévus en France à Paris, Lyon et Strasbourg lors de la nouvelle tournée qui se déroule jusqu'au 26 février. A peine revenus, vous voilà déjà repartis sur les routes...
Oh oui, nous avons faim de concerts enflammés, de lâcher toute notre énergie en live ! C’est une opportunité qui ne se refuse pas même si nous ne sommes pas en tête d’affiche, nous avons la chance d’ouvrir pour TRIVIUM et HEAVEN SHALL BURN chaque soir. Je peux te garantir que nous allons tout donner à 100% pendant le temps qui nous sera accordé sur scène. Le public en aura pour son argent (rires). « Beware and Be Warned » !


En 2023, OBITUARY poursuit inexorablement sa route et a donc récemment révélé un tout nouvel album, « Dying Of Everything ».
OBITUARY, c'est le socle inamovible d'une fratrie, le chanteur John Tardy et son frère batteur Donald, et entre eux et la France, c'est une longue histoire : les plus anciens se rappelleront d'un Gibus à Paris en septembre 1990 ; on compte une bonne soixantaine de dates dans l'hexagone depuis cette époque ! C'était donc un plaisir pour METALXS de retrouver Donald, à quelques heures de monter sur la scène de la mythique Olympia le 1er février dernier ! A voir ci-dessous après l'interview d'IN FLAMES.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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