Découvert en octobre dernier à Istres, en première partie de KLONE, nous ne pouvions décemment pas passer à côté du premier album de HAMASAARI, « Ineffable », qui se révèle aussi prometteur que prévu, suite à la prestation extrêmement plaisante que nous avait donnée à voir le groupe. (report ici). Originaire du Mans, le quintet, composé de Jordan Jupin (chant, guitare), Sullivane Albertini (claviers), Antoine Alric (guitare), Jonathan Jupin (basse) et Élie Chéron (batterie), est né en 2021, sur les cendres du groupe SHUFFLE, et propose un rock progressif fortement influencé par PORCUPINE TREE et PINK FLOYD.
Cependant, les jeunes gens ont su se démarquer de leurs ainés grâce à une maturité certaine, un sens de la composition inné, une fluidité des morceaux malgré des structures à tiroir ("Bleak" en particulier), et un goût pour les harmonies vocales de toute beauté ("Crumb", "Lords", "Old Memories"), le tout saupoudré d’une belle dose d’agressivité qui donne du punch à l’ensemble. On attaque fort dès la première chanson, "Different Time", qui, contrairement à ce que pourrait laisser penser son intro aux claviers et guitare toute en légèreté et apesanteur, est particulièrement dynamique, rythmé et ancré au sol. Avec un refrain qui part dans des envolées lyriques, une rythmique syncopée et catchy et une outro bien heavy. En un mot comme en cent : efficace. On poursuit l’écoute avec le deuxième titre, "Crumbs", superbe lui aussi, qui démarre en douceur avec guitare acoustique et voix aérienne avant de prendre son envol avec une rythmique qui se fait plus appuyée, des guitares incisives, un très beau travail sur les chœurs et harmonies vocales, avec un final puissant. "Lords" est une chanson aérienne, où les guitares, les notes de piano et les voix s’envolent en toute légèreté dans les cieux, et où même la basse et la batterie semblent marcher sur des nuages. "Bleak" est le morceau sur lequel l’influence de PORCUPINE TREE et Steven Wilson est la plus palpable. On navigue toujours dans une atmosphère délicate, articulée autour de notes de piano égrenées comme des gouttes d’eau translucides, avec des voix en résonnance faisant écho à la basse, puis les guitares et la rythmique reprennent le dessus, avant de laisser le mot final au piano de Sullivane.
Alors que l’on se promène tranquillement dans ce climat douillet, arrive "White Pinnacles" comme une tornade balayant tout sur son passage. Batterie mordante, rythme effréné, guitares acérées et par-dessus tout, le chant de Jordan Jupin (essentiellement en voix claire tout le long de l’album) et les chœurs se transformant en growls teintés black metal sur le refrain, soutenus en cela par les claviers qui distillent une ambiance théâtrale grandiose et glaciale. Excellent morceau qui dynamise l’ensemble, sur lequel HAMASAARI fait preuve d’inventivité et de technicité avec un naturel bluffant, et l’on se prend à regretter qu’il n’y en ait pas d’autres dans la même veine, tant il est réussi. Formidable et prenant. L’album se referme bien plus calmement sur "Old Memories" au son de la guitare acoustique mêlée à l’électrique, avec là encore, un beau refrain, puis le très doux "Prognosis", nous laissant repartir sur les eaux tranquilles d’un lac paisible, illuminé par les rayons du soleil couchant. Mais allez savoir ce qui se cache dans les profondeurs, sous la surface apparemment calme...
Doté d’une production organique et d’un superbe travail sur les arrangements signés par le talentueux Guillaume Bernard (KLONE, POLAR MOON), « Ineffable » a été enregistré live à La Grange Studio par Paul Peterson et Jordan Jupin, et mixé/masterisé par Forrester Savell (ANIMALS AS LEADER, KARNIVOOL...). Un excellent premier essai pour HAMASAARI qui nous offre là un bel album à l’écoute fluide, reflétant un univers multi-facettes déjà bien affirmé, ainsi qu’un art de la composition et des mélodies soignées qui font de ce « Ineffable » une franche réussite.
