15 avril 2023, 21:24

SUBWAY TO SALLY

"Himmelfahrt"

Album : Himmelfahrt

« Himmelfahrt ». Les allemands SUBWAY TO SALLY nous promettent le paradis dans la langue de Goëthe ? Voyons donc ça.

D’emblée avec "Was ihr wollt" on fait dans le metal grivois et festif, façon IN EXTREMO ou SALTATIO MORTIS. Viole de gambe collée à un riff heavy, percussions joyeuses afin d’instaurer une parfaite ambiance de taverne saxonne, où résonne un chant guttural à souhait. Ça commence très bien. Qui dit soirée au coin du feu avec des compagnons aventureux, dit épopées païennes, on exécute donc un "Leinen los" bien troussé et détrousseur. Mandolines, violons et guitares lourdes comme le plomb de nos chopes, de la matière en fusion pour agiter les guiboles les plus fatiguées.

Beaucoup l’ignorent, mais les allemands sont de grands marins, pour preuve le nombre de chansons parlant de la mer dans toutes les célèbres formations d’outre-Rhin. "Weit ist das Meer" conte avec nostalgie combien la mer est loin. Titre plus violon que violent, les "r" roulent telle l’écume, puis "So tief" vient rajouter un côté abyssale. SUBWAY TO SALLY nous fait chialer sur un poème acoustique et symphonique, qui lâche un peu de pression sur la fin avec un solo langoureux... c’est cruel, c’est beau. "Gaudens in domino" offre ce moment de chants liturgiques et alcoolisés de milieu de soirée, quand tous deviennent compagnons et oscillent coude à coude, "Gott spricht" sert dans la foulée une ode de grande puissance, les riffs et les paroles se drapent d’un sérieux houblonné incontestable. On se tait et on écoute le solennel "Auf dem Hügel" qui voit le retour de ménestrels d’un autre âge. On nous chante d’aller dormir mais, franchement, alors que toutes les tablées tanguent dans l’aventure, qui oserait se dire fatigué ?

SUBWAY TO SALLY nous propulse dans une nouvelle gigue, "Autumn", qui fait crisser le crin sur les cordes et bomber le torse aux tambours, avant que le folk-indus de "Eisbrecher" ne vienne briser la glace. Nouveaux riffs huileux, nouvelles explorations musicales. Très inventif. Très puissant. Puissance que l’on retrouve dans le turbulent et bien heavy "Halt", parsemé de complaintes nostalgiques où les violons pleurent comme de jeunes jouvencelles privées de bal du printemps. Que les demoiselles se consolent, elles se rattraperont en virevoltant au milieu des clients de la taverne, les jupes se soulèveront joyeusement sur un bien relevé "lhr kriegt uns nie". SUBWAY TO SALLY porte le festif dans les notes de ses instruments, modernes ou médiévaux. Du festif qui gonfle nos cœurs.

Ne pouvant conclure que sur une ballade à la sonorité tristounette, les allemands sont les plus incurables romantiques d’Europe, en plus d’être marins, SUBWAY TO SALLY nous tire des larmes avec son "Lasst die Himmel fall’n" en conclusion de l’album. C’est à pleurer, mais c’est incroyablement sobre... et beau. « Himmelfahrt » est à l’arrivée un cru très honorable du groupe. A goûter, ou écouter, en chopant une cuisse de poulet rôtie et juteuse, et en sirotant une chope mousseuse.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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