4 juin 2023, 13:36

ELEGANT WEAPONS

Interview Richie Faulkner


Richie Faulkner, le guitariste de JUDAS PRIEST, revient sur le devant de la scène avec son "supergroupe" ELEGANT WEAPONS, accompagné de Ronnie Romero au chant, Rex Brown et Scott Travis à la section rythmique sur l'album. Remplacés cette année par Dave Rimmer à la basse et Christopher Williams à la batterie. « Horns For a Halo », le premier album heavy rock des armes élégantes est sorti le 26 mai dernier. Faulkner, en gentleman très british, nous parle de sa genèse, des futurs projets et de choses plus personnelles...
 

C’est quoi l’histoire de ton groupe, ELEGANT WEAPONS ?
Ce projet existe depuis longtemps. J’écris tout le temps, je crée tout le temps. Je mets des idées de côté, des riffs. Cela doit dater de 2016-2017, je ne me souviens pas de la date exacte. Il n’y avait pas de chansons abouties à l’époque mais des bribes de morceaux. Pendant la période de confinement de l’épidémie de COVID-19, on ne répétait plus, on ne voyageait plus, on ne tournait plus avec JUDAS PRIEST. J’ai donc naturellement continué à travailler sur mon projet. Est-ce que ça allait devenir un EP, un album, un groupe ? Je ne savais pas. Je voulais que ce projet ait son identité propre. Si c’était un truc qui allait sonner comme du PRIEST, je ne l’aurais sûrement pas fait. Ce n’était pas le cas. Ça a démarré comme ça. Dès que j’ai eu l’album quasiment terminé, je me suis dit que j’allais monter un groupe et enregistrer en studio. J’ai appelé Rex Brown de PANTERA et Scott Travis, qui joue avec moi dans JUDAS PRIEST. Je leur ai demandé s’ils acceptaient de jouer avec moi. Affirmatif ! Je n’en revenais pas ! Rex est phénoménal sur cet album, Scott aussi ! Ce sont de très bons amis. Scott m’a toujours dit que si je faisais autre chose, il m’accompagnerait.
Bon, après j’avais besoin d’un chanteur avec une image qui driverait le groupe. Je discutais avec Damon Johnson (THIN LIZZY, BROTHER CANE) qui m’a parlé du "nouveau" chanteur de Ritchie Blackmore’s RAINBOW, Ronnie Romero. Mais bien sûr ! Ce serait le chanteur parfait ! Il sonne comme un chanteur de hard rock classique, tout en étant vraiment moderne aussi. Je l’ai appelé, nous avons parlé des groupes légendaires avec lesquels nous jouons, de nos influences, de nos envies... Ça a fonctionné complètement. Nous avons décidé d’enregistrer ensemble, de chercher des dates pour faire des concerts. Scott et Rex, quant à eux, ont joué sur l’album mais ne font pas partie du groupe de tournée. Rex est occupé avec celle, massive, de PANTERA. Je les ai vus en Amérique du Sud, c’était dingue ! Scott n’était pas du tout disponible pour la future tournée estivale. Christopher Williams d’ACCEPT sera à la batterie et Dave Rimmer d’URIAH HEEP sera à la basse pour notre tournée cet été. Je connais Dave depuis très longtemps, nous jouions ensemble en Angleterre. Moi dans JUDAS, lui dans HEEP, nous transmettons notre héritage dans notre propre groupe. C’est comme un frère pour moi, j’ai même été l'un de ses témoins de mariage.


Comment as-tu trouvé l’idée de ce nom, ELEGANT WEAPONS ?
Cela fait référence aux instruments sur lesquels on joue. Pour moi, la guitare est une arme élégante. Les mots ensemble sonnent bien. Ce côté élégant de l’arme fait aussi référence au sabre laser d’Obi-Wan Kenobi et de Luke Skywalker. Tiens, j’ai une anecdote. J’étais dans une file d’attente avec ma guitare. Il y avait un contrôle de sécurité. J’ai mis ma guitare dans la machine. La femme qui faisait le contrôle me demande ce qu’il y a dans le flightcase. Je lui réponds une guitare. Elle me demande si c’est une vraie. Je lui dis oui. Elle me répond vraiment ? Cela m’a fait penser à ce sabre laser et son côté magique. Un truc auquel tu ne t’attends pas. Ça a vraiment un coté élégant, d’une autre période.

Comment définirais-tu l’ADN de l’album « Horns For a Halo » ?
Les groupes d’où nous venons, définitivement : JUDAS PRIEST, ACCEPT, URIAH HEEP, RAINBOW. Je suis un fan absolu d’IRON MAIDEN, de BLACK SABBATH, de BLACK LABEL SOCIETY, d’Ozzy Osbourne, d’UFO, de THIN LIZZY. Mon ADN, c’est ça et c’est dans l’album. La beauté du truc est que l’auditeur va décider de ce qu’il trouve comme ADN dans l’album aussi. J’ai ma propre opinion bien sûr, mais ceux qui vont l’écouter aussi. On m’a dit que le premier single, "Blind Leading The Blind", resemble à du SCORPIONS. OK ! Tu sais, j’ai 43 ans, j’ai grandi dans les années 1980. J’ai écouté du hard rock, du rock, de la pop de cette période : METALLICA, ROXY MUSIC, etc... Je n’invente rien. Tout mon ADN s’exprime là-dedans, c’est sûr.

Tu n’as utilisé qu’une seule guitare, ta Flying V branchée dans un ampli Marshall, pour cet album. C’est assez inhabituel de nos jours. Tu nous expliques ce choix ? 
Tu as totalement raison. Ce n’était pas intentionnel. Je joue avec un modèle signature Gibson. Je suis en connexion avec ce modèle. J’ai des micros signature aussi. Je suis à l’aise avec le son de ma guitare. Ça sonnait fort sur tous les morceaux, ça sonnait heavy. Il n’y a pas de sons clean. Le seul où cela semble sonner clean est une chanson où mon volume est bas mais je le remonte après (rires) ! Ça sonnait parfaitement comme ça sur l’album. Ça s’est fait ainsi.

Comment l’album a été enregistré ?
Avec les restrictions COVID, cela a été compliqué. La batterie de Scott a été enregistré tardivement. Nous avons pu être avec lui. Rex a enregistré la basse chez lui et Ronnie a enregistré les voix chez lui, en Europe de l’Est. Tu sais, initialement, Christopher Williams d’ACCEPT, a enregistré les démos de batterie chez moi à Nashville au début 2021. C’était moins tendu au niveau des restrictions relatives à la pandémie. C'est comme ça qu'on a enregistré. Je souhaite que pour le prochain album que nous avons commencé à composer, nous soyons tous ensemble. Enregistrer live est vraiment fabuleux, la musique a une autre vibration.
 

Tu connais bien Andy Sneap. Il a travaillé sur les albums de JUDAS PRIEST, a joué avec toi sur scène. Quel a été son travail avec ELEGANT WEAPONS ?
Andy est top. On se connait hyper bien. On s'envoie des messages probablement tous les jours. On dirait des amoureux : on parle de musique, de trucs personnels, de chansons que l’on aime, de chansons de JUDAS PRIEST sur lesquelles on travaille. J’ai une confiance absolue en lui. On est de la même génération. Il appartient à celle du metal, il produit des albums. Il a la même culture que moi et a une approche moderne dans le son. Andy a été parfait à tous les niveaux pour cet album. Il te dit vraiment ce qu’il pense quand tu lui demandes son avis. Il n’arrange pas l’histoire pour te faire plaisir. S’il te dit ce truc n’est pas bon, ne sonne pas bien, il ne sonne pas bien et l’inverse est également vrai. 

"Blind Leading The Blind" a été le premier choix de single présenté au public. Tu nous en parles ?
C’est un titre bien hard rock. Le label l’a proposé aussi. Je pense que cela a été la première chanson terminée pour l’album. Nous l’avons travaillée ensemble. Le message est cool. "Blind Leading The Blind" peut avoir une connotation politique, religieuse, mais pas radicale ni intense. La vidéo a une touche politique. Le leader dirige le peuple mais ne sait pas trop ce qu’il fait. Il est immonde avec eux. Cela ne doit pas être ainsi.

Le prochain single ?
"Do or Die". Il a une touche JUDAS PRIEST mais ce n’est pas un morceau que l’on retrouverait sur un album du groupe. Il y a forcément un peu ma patte, de ce que je fais dans JUDAS PRIEST mais ce n’est pas vraiment voulu. Le message derrière ce titre c’est : joue le jeu, vis ta vie, fais ce qu’il te plaît, fais-le ou ne le fais pas !

Il y a aussi une reprise de UFO dans l’album ?
"
Lights Out", oui.

Pourquoi ?
Pourquoi pas (rires) ? C’est une bonne question. J’ai beaucoup joué ce titre avant d’intégrer JUDAS PRIEST. Michael Schenker, comme guitariste et UFO font partie de mon ADN, comme je te le disais tout à l’heure. Ce titre s’inscrit parfaitement dans le mouvement, dans l’ambiance de l’album. Ronnie a chanté sur les derniers albums de Michael Schenker et a tourné avec lui. Il y a une connexion fondamentale.

On va voir ELEGANT WEAPONS au Hellfest et à Paris en juin prochain. Ce sera quoi la future set-list ?
Excellente question ! Je n’en ai aucune idée encore. Il y aura beaucoup de ce premier album. J’adore le Hellfest, c’est un festival fantastique et un honneur d’y jouer. J’adore jouer en Europe. Nous avons fait le Hellfest l’année dernière avec JUDAS PRIEST. Ce qui est étonnant en Europe, c’est le public jeune, les parents et les grands-parents qui sont là. Cette transmission est fabuleuse. Je ne sais pas ce que sera la set-list exacte mais je pense que tu peux la deviner.

Et avec JUDAS PRIEST, qu’est ce qui est prévu ?
Cette année, nous ne tournerons quasiment pas. Nous devions tourner avec Ozzy Osbourne en mai et en juin mais cela ne se fait pas malheureusement en raison de son état de santé. Nous allons être off, finir le nouvel album et voir ce qui va se passer ensuite.
 

Tu travailles la guitare tous les jours ?
J’essaie. Je ne travaille pas vraiment mais je joue. Plus je vieillis, plus j’ai besoin de jouer. Je compose tout le temps : mélodies, riffs. Ça vient comme ça. J’aime la guitare. Le nom du groupe vient de mon amour pour la guitare. J’aime l’effet qu'elle me procure : le look, le son, le ressenti quand je joue. La guitare me rend heureux.

Que fais-tu à côté de la musique ?
Des interviews aujourd’hui (rires). J’ai une fille de 3 ans. Je m’occupe d’elle. Je joue aux jeux vidéo, je promène mon bulldog français. Il parle français comme toi (rires). La majeure partie de mon temps est consacrée à la musique : composition, promotion, vidéo, photos... C’est un job à plein temps, tu sais. Je suis heureux que ma passion, mon hobby soit mon travail. Je ne fais rien d’extravagant, j’ai une vie normale.

Comment est ta santé aujourd’hui ? (Pour mémoire, Richie Faulkner a eu un grave accident cardiaque fin septembre 2021 lors du festival Louder Than Life qui aurait pu lui être fatal : 10% des personnes survivent à ce genre d’accident)
Merci de me le demander, j’apprécie beaucoup. J’ai eu un contrôle la semaine dernière et tout est OK. Ma dernière intervention chirurgicale était en août dernier. Tout a l’air OK. Quelle période horrible ! Je suis vraiment heureux de m’en être sorti, d’être vivant, de voir ma fille grandir. Elle est venue au studio avec moi, elle a chanté des chansons ! C’était un vrai bonheur.

Tu es le gendre de George Lynch; c’est comment les réunions de famille ?
C’est fun ! On parle des heures de guitares, de guitaristes. On regarde des vidéos de guitaristes. L’autre jour, c’était Eric Johnson. Il est phénoménal. Nous sommes des fans de guitares. Tu sais, George est hyper occupé à écrire des chansons, à sortir des albums, tourner. Quand il peut, il vient voir sa petite fille qu’il adore.

Vous pensez faire un projet ensemble ?
Je ne sais pas. Qui sait ? Peut-être. Il faudrait que l’on écrive une chanson ensemble pour voir ce que cela donne. C’est un guitariste peu orthodoxe. Il a un style un peu unique. C’est cool de voir George jouer, de l'écouter. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait à chaque fois, cela vient de son cœur, de son âme. Il fait du George Lynch. C’est un bonheur de l’écouter live.

Quelle est ton addiction positive ?
La guitare ! Tu fais un concert, il est 3 heures du matin, tu pars avec ta guitare et ton Marshall. L’addiction positive à la guitare est géniale. Je vis ma passion et c’est mon travail. Je te dirai donc la guitare et... le café aussi.

Merci Richie pour ce moment.
Merci Laurent, on se retrouve à Paris le 15 juin et au Hellfest le 16 !
 

  

 

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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