Wolfgang Van Halen ne recule devant aucun défi. Moi non plus. Je n'ai jamais eu dans l'idée de comparer le fils au père à l'écoute de ses premières œuvres. D'ailleurs, ce n'est musicalement pas comparable et ce n'est pas seulement le courage de Wolfgang de tracer sa propre voie musicale et de sortir de l'ombre de son père emblématique, il est un défi à lui seul, d'autant plus que de nombreuses personnes le comparent à Eddie Van Halen et s'attendent à ce qu'il échoue, sur la base de son seul nom. Il a franchi une nouvelle étape en 2021 sur l'excellent premier album de MAMMOTH WVH. Le résultat a été une place de numéro 1 dans de nombreux classements et une nomination aux Grammy Awards pour le single "Distance", et j'aime cette idée que le talent musical est inscrit dans les gènes...
MAMMOTH WVH a passé la majeure partie de ces deux dernières années sur la route, aux côtés d'artistes tels qu'ALTER BRIDGE, DEF LEPPARD, MÖTLEY CRÜE et METALLICA, et est de retour avec « Mammoth II ». Un deuxième album qui confirme que la qualité et le succès du premier n'étaient pas le fruit du hasard. Wolfgang s'est une nouvelle fois chargé de tous les instruments et du chant en studio sur ce disque avec le producteur Michael "Elvis" Baskette. 10 nouvelles chansons sur lesquelles la lourdeur rencontre la mélodie, avec un fort élan du début à la fin.
"Right?" démarre sur les chapeaux de roues avec une intro de batterie associée à un riff de guitare tranchant. J'ai l'impression que la batterie est plus en avant sur cet album, ce qui est bienvenu. Aussi talentueux que soit Wolfgang à la guitare, il est aussi un excellent batteur, à l'instar de son oncle Alex. Il sera intéressant de voir comment son style derrière le kit évoluera dans les années à venir, si les musiciens qui l'accompagnent sur scène ne deviennent pas des membres à part entière de la formation. Bien sûr, les guitares sont accrocheuses sur ce titre entraînant qui comprend un solo endiablé. Déjà sorti en single, "Like A Pastime" présente des lignes de guitares qui ont quelque chose de U2 et ALICE IN CHAINS. Wolfgang repère vraiment toutes les composantes de sa vision et a la capacité de créer un ensemble à la fois uni et complexe.
Il est possible que "Another Celebration At The End Of The World" devienne l'une des chansons préférées des fans de MAMMOTH WVH. Voilà un morceau qui donne l'impression d'un bordel contrôlé. On sent qu'elle sort de l'autoradio d'un bolide sur une autoroute alors que le mixage audio oscille de gauche à droite. Wolfgang se lance ensuite dans un solo qui évoque de forts souvenirs de son père sur le 3e tiers de la chanson. Le passé se conjugue ici au futur et la chair de poule est immédiate. "Miles Above Me" a le plus grand potentiel pour devenir le tube de l'été et c'est d'ailleurs étonnant qu'il ne soit pas sorti parmi les premiers singles. Il y a un peu de WEEZER dans cette chanson pop-rock qui évoque une journée à la plage...
Le milieu de l'album permet de reprendre son souffle avec un titre onirique, légèrement plus lent et obsédant. D'une durée de 6 minutes et 55 secondes, "Take a Bow" raconte une histoire envoûtante. Wolfgang a indiqué dans plusieurs interviews qu'une grande partie du disque est consacrée aux conséquences de la disparition de son père et "Take a Bow" ressemble à la séance de thérapie la plus évidente. Le solo a été joué sur la guitare Frankenstein originale d'Eddie, et on peut sentir sa présence. C'est l'un des meilleurs solos de Wolfgang à ce stade de sa carrière.
Il est difficile de croire que "Optimist" vient du même artiste que celui qui jouait "Another Celebration At The End Of The World" quelques minutes plus tôt. La ligne de chant me fait penser à Casey McPherson de FLYING COLORS au début de ce titre aux accents qui rappellent parfois TOOL. Quelques chansons de cet album ont une atmosphère un peu plus lourde, ce qui contraste avec le hard rock vitaminé de la majorité de « Mammoth II ». Il est bon de voir Wolfgang Van Halen repousser continuellement les limites et prendre des directions musicales différentes.
A l'écoute du dernier single "I'm Alright", je pense qu'il aurait été à sa place dans les années 80, surtout avec cette intro. C'est une autre chanson entraînante, avec un soupçon de piano en filigrane. Avec son solo qui sent bon la Californie, il est facile de s'imaginer en train de chanter ''Erase Me'' dans sa voiture, alors que "Waiting" ralentit les choses, comme pour avertir l'auditeur que le voyage est bientôt terminé. Elle est ce qui se rapproche le plus d'une ballade sur cet album. Comme "Take a Bow", Wolfgang parle une nouvelle fois de son père en terminant sur une guitare acoustique. Enfin, je ne sais pas à quel moment la chanson "Better Than You" a été composée et enregistrée mais elle donne l'impression que Wolfgang a écouté les BEATLES juste avant de travailler dessus... "Better Than You" est en quelque sorte un post-scriptum au reste de l'album, plus expérimental que tout le reste. Mon seul regret est le fondu qui efface la fin de la chanson. C'est comme voir s'éloigner un train au loin avec la personne que l'on aime à l'intérieur.
Bref, en conclusion, Wolfgang Van Halen est un musicien, un artiste à part entière qui n'en est qu'au début de sa nouvelle histoire. Il a relevé tous les défis qui se sont présentés à lui jusqu'à présent et s'en est sorti. Ce nouvel album de MAMMOTH WVH confirme ce que je pensais du talent d'auteur et compositeur de Wolfgang. C'est à se demander si son deuxième prénom ne serait pas... Amadeus.
