Parmi les moments difficiles au Hellfest, il y a les décisions à assumer comme le fait de vouloir voir des concerts sur les premiers créneaux de la matinée... un peu dur certes mais complètement faisable finalement sur cette première matinée. Au programme, ciel gris et températures clémentes ! De quoi ne pas avoir trop chaud au camping et sur le site ce qui, après la canicule des années précédentes, est un point météo d'importance. Je boude le petit déjeuner au camping ayant décidé de tester le nouveau bar à jus sur le site en remplacement (toujours dans un souci de tester tous les aspects du festival, j’ai le sens du sacrifice voyez-vous !). En chemin je constate que je ne suis pas la seule à être matinale et le cours de Metal Workout de Yann Heurtaux de MASS HYSTERIA rencontre un beau succès au Metal Corner.
Me voici donc à 10h30 devant les Mainstages une barquette de fraises chantilly à la main, une pinte de smoothie au charbon actif de l’autre en train de me dire que décidément, il n’y a pas que les toilettes qui se sont améliorées depuis ma première visite en 2008. Et oui, maintenant on pense aussi au confort intestinal des festivaliers et leurs cinq fruits et légumes par jour...
J’avais apprécié le set de VENDED au Mystic Festival la semaine précédente, je m’étais donc dit que ce serait une excellente raison de se lever, et ayant déserté le site la veille à 1h du matin je n’avais pas d’excuses. La nouvelle génération de nu-metal venue de Des Moines est pour le moins efficace sur scène et loin de se réduire à leur ascendance, le groupe, avec les fils de Corey Taylor et ''Clown'' de SLIPKNOT, nous prouve devant un public nombreux pour l’heure, qu’il a toute sa place sur cette affiche avec une présence scénique assez incroyable pour leur âge ! L’occasion aussi pour ceux qui n’étaient pas au Metal Workout de faire leurs échauffements de début de journée avec le premier wall-of-death de ce vendredi.
J’avais prévu d’aller voir BELENOS sous la Temple, mais une faille temporelle à base de retrouvailles HARD FORCE/METAL XS à l’espace presse et d'autres avec des amis sur le site, je me retrouve quelques créneaux plus tard à aller voir HELMS ALEE côté Valley...
Le ciel est toujours gris et c’est dans une ambiance lourde que le trio délivre son set (ambiance qui aurait été magnifiée si on avait toujours été sous un chapiteau... hum hum). HELMS ALEE c’est un mélange de doom/stoner avec une harmonie vocale comme on en voit peu. Je n’ai malheureusement pas pu voir la fin dans la mesure où je voulais passer une tête pour voir la fin de MOD SUN sur la Mainstage 2. Dommage que les deux soient en même temps, mais le changement d’ambiance radical c’est aussi ce que j’aime au Hellfest. Très concrètement, on est dans la petite dose pop-punk toute mignonne, feelgood, mais qui envoie bien et qui a rappelé à mes genoux mécontents de l’enchaînement de deux festivals, qu’il fut un temps officiellement pas si lointain où j’étais jeune et où j’écoutais Avril Lavigne à la fin du collège et début lycée.
Après une nouvelle faille spatiotemporelle constituée entre autres d’une petite salade de crudités, d’une délicieuse glace fraise/basilic et d’un nouveau passage au stand de jus (les cinq fruits et légumes on a dit !), me voilà donc devant DER WEG EINER FREIHEIT pour ma première dose de black metal et de Temple de la journée. Fidèles à eux-mêmes les Allemands sont accueillis par une tente bien remplie et nous offrent une très belle prestation, avec cependant un chant un peu écrasé par la basse. On se laisse toutefois porter par les mélodies sombres et atmosphériques qui se terminent trop vite. Je remets le cap sur la Mainstage 2 pour cette journée qui décidément ne manque pas de ravir mon podomètre et me fait passer un temps étonnamment réduit sous la Temple.
Journée marquée sous le signe des changements d’ambiances musicales, je me retrouve donc devant MOTIONLESS IN WHITE entre deux groupes de black. MOTIONLESS IN WHITE c’est un de mes petits bonbons de la journée, ça s’écoute tout seul, le public est au taquet et répond aux sollicitations du chanteur en mettant un beau bazar dans la fosse. Chris pense à nous rappeller que c’est la troisième fois que le groupe vient au Hellfest et en est toujours aussi honoré. Leur joie d’être présents est palpable et cela se ressent dans la communication avec le public ! Musicalement ça oscille entre un metalcore agressif, nu-metal et des moments plus post-hardcore et indus. Un vrai bon moment dont on ressort avec le sourire.
Retour sous la Temple et retour au black metal, me voici donc en train de ''regarder'' 1349 ou en tout cas de le faire lorsque la scène n’était pas noyée sous la fumée. Mais c’est 1349 donc on lui pardonne, et puis de toute manière, ce n’est pas comme si j’avais réellement l’espoir d’apercevoir Frost derrière ses fûts (j’ai abandonné depuis longtemps l’idée avec ce groupe, les cymbales très haute et son amour de la fumée). Du bon black traditionnel avec sa noirceur, ses corpse-paints, et son côté rouleau compresseur. Un son qui fleure toujours bon le black metal enregistré au fond d'un garage, mais c’est exactement ce qu’on vient chercher donc, parfait ! Probablement pas le plus abordable si vous découvrez le genre où que vous essayez pour la 4e année consécutive de traîner un de vos potes de camping à un concert de black... mais une vraie pépite pour les amateurs du genre.
Je n’aurais pas été contre un petit tour du côté de la Warzone pour le concert des FLOGGING MOLLY, mais cela fait plusieurs années que je n’essaye même plus de glisser un orteil du côté de cette scène passé 18h... si le déménagement de la Valley a résolu quelques problèmes de circulation, l’amélioration ne touche que le coin entrée principale et Temple, l’espace Warzone quant à lui, continue d’être complètement blindée assez vite dans la journée. A la place, je m’en vais vers les Mainstages pour me trouver une place qui me permettra d’enchaîner à peu près dignement les trois concerts à venir. Oui, trois concerts d’affilés sur les Mainstages, même moi j’étais surprise par cette décision ! Me voici donc sur place pour Machine Gun Kelly, suivi de MÖTLEY CRÜE et SUM 41.
Si j’ai été surprise de voir Machine Gun Kelly sur l’affiche lorsque cette dernière a été annoncée, si je suis dans le mood adéquat, il m’arrive d’en écouter à la maison et bien que dubitative sur sa présence au Hellfest j’étais assez curieuse de voir ce que ça pouvait donner en live et puis finalement MOD SUN était bien à l’affiche le même jour donc finalement rien de foncièrement étonnant vu le tournant plus pop-punk pris par l’ancien rappeur. Je lève le suspense tout de suite... performance en quart de teinte pour ma part (oui demie c’était trop !). Déjà, le côté ''j’arrive défoncé sur scène'', très peu pour moi. Certes, sex, drug & rock'n'roll, mais avec les prix de places de concerts et de festivals qui continuent à grimper, j’estime que ne pas arriver ''stone'' sur scène c’est aussi respecter les spectateurs qui sont venus voir le show et qui ont payé pour cela. Fort heureusement, ça ne l’a pas empêché de faire une bonne prestation musicalement parlant, avec notamment de bons musicien autour de lui qui tiennent bien la barque ! On apprécie l’instant fan-service avec le featuring de Tommy Lee à la batterie, Machine Gun Kelly ayant interprété ce dernier dans le film The Dirt c’était presque un passage obligé.
Si après une journée chargée en metal vous aviez envie d’une petite pause pop-rock avant de ré-attaquer la suite, ça faisait bien le taff... Je craignais un peu l’accueil réservé au groupe par le public mais globalement ça suivait bien et il y avait une bonne ambiance dans la fosse. Jusqu’à ce que le chanteur ne donne cette impression un peu désagréable qu’il n’en avait pas grand-chose à faire d’être là, qu’il lui semblait tout naturel d’avoir un des temps de set les plus longs de la journée - alors que sa présence était un peu étonnante - et qu’il ne parte sans dire au revoir en balançant un clip de rap. Là à vous de juger pour le final : attitude provocation 100% rock'n'roll ? ou magistral fuck final au public ? Ca n’a pas loupé les partisans de la deuxième option l’ont fait savoir et il est donc parti sous les huées du public, mais je ne pense pas que ça lui ait fait grand chose...
5 minutes de battement, le temps que les huées ne cessent et c’est parti pour MÖTLEY CRÜE. Je ne suis pas une grosse fan du groupe, c’était d’ailleurs la première fois que je prévoyais de voir un de leurs sets en entier, et clairement la présence de John 5 à la guitare (en remplacement de Mick Mars) n’était pas étrangère à cet état de fait. Je ne suis donc pas experte en la matière et n’ait pas la prétention de l’être mais tout de même... Ce fut long et laborieux. Le chant m’a réconforté avec mes propres performances scéniques sous la douche, c’est-à-dire que même le playback bien présent ne sauvait pas la chose.
Visuellement tous les éléments du show sauvent un peu le tout... les lights étaient sympas, les clips projetés aussi, et si je ne suis pas friande du concept des danseuses en lingerie habituellement, là c’était plutôt bien amené et ça allait avec le reste sans tomber dans le vulgaire. MÖTLEY CRÜE ça reste une grosse machine carrée à l’américaine. Le problème c’est qu’on est quand même initialement là pour la musique et quand c’est là que le bât blesse c’est un tantinet gênant. Dans la catégorie ''gênant'' le retour de Machine Gun Kelly en tant qu'invité, alors qu’il venait de se faire copieusement huer... mais John 5 était égal à lui-même, ce qui a clairement remonté le niveau ! Dommage tout de même de compter finalement sur le dernier arrivé dans le groupe pour ça...
Qu’à cela ne tienne, il nous reste tout de même SUM 41 pour finir la soirée ! A ce stade il est 0h50, je rappelle que je suis sur site depuis 10h30 et que mes genoux commencent à sérieusement protester contre le traitement honteux que je leur fais subir. Cependant les Canadiens sont une valeur sûre en live et je décide d’opter pour la politique de l’autruche concernant cette sombre histoire d'articulations récalcitrantes. Et bien c’était le concert parfait pour terminer la journée sur une très bonne note ! Le public reste bien massé devant les Mainstage pour ce que l’on croyait être le dernier concert en France du groupe (celui-ci ayant annoncé il y a peu une séparation, mais qu’ils assuraient cependant leur engagement discographique et les concerts prévus). Quel concert ! C’est un véritable best of que nous propose le groupe visiblement très ému d’être là.
A ce sujet, que ce soient eux ou MOTIONLESS IN WHITE il faut bien dire sur ce point que ça contraste agréablement avec Machine Gun Kelly. Ils en profitent également pour nous annoncer que malgré la séparation du groupe un nouvel album a donc été enregistré et qu’ils feront une tournée d’adieu qui servira également à jouer cet ultime disque sur scène. On ressort de là lessivé, même sans être au cœur de la fosse où ça enchaîne les pogos et circle-pit, on ne peut s’empêcher de sauter pendant tout le concert et mes genoux auront droit à une protestation finale lorsqu’ils nous demandent de nous accroupir...
Si les plus courageux font un arrêt plus ou moins long au Metal Corner sur le chemin du camping, pour ma part, c’est douche, débriefing avec les amis et ''au lit'' pour tenter de récupérer un peu avant la journée du samedi qui s’annonce tout aussi chargée...
