Compliqué nerveusement parlant de cette trop insistante attente de dix années sans avoir été sévèrement inquiété par les blast-beats incessants d'une nouvelle offrande de nos cousins canadiens CRYPTOPSY, le groupe revient aussi rapidement qu'il nous a quittés avec ses deux précédents EP « The Book Of Suffering - Tome I » (2015) et « The Book Of Suffering - Tome II » (2018), cataclysmiques comme jamais dans l'ultime refondation existentielle d'un groupe en convalescence d'une carrière presque sabordée par procuration programmée. (Re)Souffrez enfin involontairement pauvres pêcheurs et lâcheurs d'un temps viscéralement révolu car ce retour tonitruant et fracassant à outrance, est la véritable et ineffaçable renaissance de CRYPTOPSY sous ses dévorants aspects les plus outranciers et carnassiers à la fois. Bienvenue dans l'antre sadique de l'uppercut boulimique sur ordonnance saphique.
L'art bestial du brutal death-metal technique de la formation réunie pour en découdre intensément à travers un fantastique brûlot chauffé à point nommé « As Gomorrah Burns », est toujours aussi massivement malaxé, interprété et restitué à sa cause honorée la plus vrombissante qui soit. Mordus inconditionnels de la nouvelle vague technical-death metal menée par ses compatriotes d'ARCHSPIRE, DESPISED ICON, ION DISSONANCE, NEURAXIS et KILLITOROUS, qui n'auraient certainement pas cette notoriété contemporaine sans l'apport inestimable envers l'entièreté de la scène canadienne imposé intemporellement par le trio infernal GORGUTS / KATAKLYSM / CRYPTOPSY. vous serez littéralement soufflés par la déflagration sonore renouvelée ici si explicitement d'ailleurs. La violence infligée durant seulement trente-trois minutes d'intense férocité vous sera fatalement imposée et pernicieusement administrée de plein fouet à dire vrai.
Composé, produit, mixé et masterisé par le redoutable guitariste Christian Donaldson ayant récemment ingénieusement prêté main forte à SUFFOCATION, INGESTED, SHADOW OF INTENT, SIGNS OF THE SWARM ou COFFIN FEEDER, l'album repousse abondamment les limites en matière de riffs syncopés à l'extrême, d'ambiances saturées à outrance et de soli friables en permanence. Vous vous imprégnerez sauvagement de titres comme "In Abeyance", "Flayed The Swine" et "Praise The Filth" à l'architecture instrumentale si effrénée, complexe et raffinée à la fois qu'il vous paraîtra difficilement concevable d'être le seul témoin privilégié devant tant d'art extrême exécuté avec brio. Nous le conseillons avidement et sans modération aucune envers tout fan assidu de CANNIBAL CORPSE, DYING FETUS et LORNA SHORE réunis. Parlons également de cet écrin artistique complet qui se voit diaboliquement sublimé par le travail d'orfèvre du ténébreux peintre italien Paolo Girardi (OLKOTH, INQUISITION, AEON, DEATHCODE SOCIETY...) et vous comprendrez aisément être en présence de son meilleur album depuis « Blasphemy Made Flesh » (1994) d'origine tout autant maligne, subtile et irréversible d'ailleurs.
Cette entité inaliénable est l'annihilation instrumentale par inadvertance et demeure vigoureusement ainsi, en un douloureux saignement d'ouïe opérée, le maître incontesté du blast-beat canadien, par delà toute forme de concurrence passée, présente et future concrètement existant. Grâce à cette monstruosité technique lunaire accouchée en ce chef-d'œuvre de brutalité parcheminée, vous serez massivement transporté au-delà des limites atteignables en matière de haine musicale martelée. Même si l'illustre gorge à vociférations qu'a toujours représenté le chanteur originel Lord Worm (hurleur sur les cinq premiers joyaux intemporels), c'est sans contexte avec l'intransigeante et implacable volonté de sublimer son héritage vocal que son successeur Matt McGachy ait définitivement enfoncé le clou sur ce huitième album dévastateur à souhait. La peur mêlée à la frustration et embellie à l'esprit contradictoire d'une vendetta sonique, voilà ce que traduit insidieusement ce fléau moderne que l'on nomme drastiquement CRYPTOPSY.
