27 octobre 2023, 18:10

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 73

Blogger : Crapulax
par Crapulax


« La culture metal, c'est ce qui demeure dans le crâne du métalleux quand il a pris une bonne cuite à la bière et qu'il a tout oublié, cuvant le long du trottoir insalubre dans son vomi à la sortie d'une salle de concert ». Cette phrase (très légèrement détournée) d'Edouard Herriot prend tout son sens dans cette rubrique puisque finalement les groupes référentiels et les albums cultes, chaque fan de metal qui se respecte les connaît, formant cette fameuse "culture générale" qui nous unit tous et toutes mondialement.
Loin d'être statique elle se renouvelle sans cesse, les nouveaux groupes devenant à leur tour pour les jeunes générations d'incontournables points de référence, drainant dans leur sillage de nouveaux styles comme autant d'horizons à explorer.
Depuis le départ, la rubrique Labels & Les Bêtes a fait de la découverte de nouveaux talents sa raison d'exister. Bien sûr, elle ne trouve pas à chaque numéro les formations de demain qui vont directement intégrer la "culture générale", mais à défaut d'un gros gisement aurifère, elle dégotte malgré tout depuis des années de nombreuses pépites !

 

ASINHELL : « Impii Hora » (Metal Blade Records)

Étonnant retour aux sources que celui abordé par le chanteur Michael Poulsen qui nous avait habitué à son metal teinté de rockabilly depuis plus de 20 ans avec VOLBEAT ! A tel point qu'on avait oublié que ses premières amours en matière de musique étaient plutôt orientés dans un genre très différent, le death metal (DOMINUS), et qu'un jour viendrait où fatalement il éprouverait l'impérieux besoin de s'y replonger !
Même en sachant cela, on ne peut que rester bluffé par les parties de guitare de Michael sur « Impii Hora » dont la maturité n'a rien à envier à celles de musiciens chevronnés qui auraient passé leur vie à ne jouer que du death ! Plus encore : le bougre est accompagné dans son escapade par le batteur Morten Toft Hansen (ancien HATESPHERE) et par Marc Grewe au chant (ex-MORGOTH).
Autant dire que le niveau d'expérience requis pour jouer du très bon death metal est dès le départ largement dépassé voire complètement explosé !
Sur des rythmiques majoritairement mid-tempo et des sonorités dans le style des premiers ENTOMBED, influence nordique oblige, ASINHELL s'apparente également à DEATH sur "Inner Sancticide" ce qui est évidemment loin d'être une tare. Que du bonheur !
(Crapulax)


SKELETAL THRONE : « Barbaric Torment » (Mexican Steels Prod)

Dans le style "coup de pied dans tes testicules tellement fort que ça te fait des oreilles de nounours", voici une puissante formation mexicaine de thrash/death prompte à mettre tout le monde d'accord, à minima au point de vue efficacité dans les compositions. Car de mémoire de métalleux on a rarement vu plus efficient en la matière.
Hé oui, ça ne bricole pas du tout au pays des Olmèques, des Toltèques, des Zapotèques et autres Aztèques !!! D'ailleurs on se demande si SKELETAL THRONE n'est pas loin avec ce successeur à « Human Deterioration » (2020) de créer une nouvelle civilisation : les foudroyépartempsec !
Seule l'histoire nous le dira ! "March Of Death", "Burn The Cross" ou "Cannibal Torturer" montrent en tout cas un groupe en pleine possession de ses moyens, des moyens destructeurs, très rythmés à défaut d'être sidérants d'originalité avec de belles envolées de guitares ("Graveless").
Si le Mexique continue à nous pondre des groupes de cet acabit, ce ne sont plus des conquistadors espagnols qui vont venir les envahir mais des hordes de métalleux du monde entier par charters !
(Crapulax)


DANTALION : « Fatum » (Non Serviam Records)

DANTALION n’est pas un groupe né de la dernière pluie car il a déjà sorti huit albums, en presque vingt ans de carrière. Cependant, son style a pas mal évolué au fur et à mesure des années et les Espagnols reviennent donc en 2023 avec un black metal des plus intéressants.
Les huit titres de cette neuvième offrande sont d’une grande richesse, forgés d’un savant mélange de fureur avec des vocaux transcendés et des rythmes blastés et d’atmosphères lugubres avec des riffs qui nous hantent et nous glacent le sang.
Dans la frénésie globale de « Fatum », il y a également de vrais moments intenses et lourds, sur l’excellent "Qayin Dominor Tumulus" par exemple, un monstre absolument envoûtant. Il y a aussi l’habité "Hades Visions" aux allures de funeral-black ou le mélancolique instrumental "Mortuary Song". Nous sommes en présence d’un chef d’œuvre dans lequel chaque moment est extrêmement réfléchi.
En bref, si DANTALION a longtemps cherché à s’affirmer, il est fort à parier qu’il se place au-devant de la scène en cette fin d’année. N’hésitez pas à jeter une oreille même distraite à cet album, vous serez séduit.
(Aude Paquot)


DRACHE : « Devenir le Rien » (Transcendance)

DRACHE est un one-man band assuré par l’homme de toutes les situations, Déhà. Il revient ici avec un deuxième album de black metal où les ambiances glaciales règnent en maître.
Les lignes de chant hurlés à la mort ne sont qu’un prétexte à un déferlement de riffs et les rythmes blastés viennent conforter l’impression de tornade dans laquelle on serait prisonnier.
Quelques touches de synthé viennent apporter un côté médiéval mystérieux, mais comme son nom l’indique, c’est bien une vision de pluie diluvienne qui s’acharne qui domine sur l’ensemble des six titres de « Devenir le Rien ». L’apogée de ce déluge étant le morceau "A la Gueule" qui mène de front une rapidité extrême et des riffs cathartiques, avec les vocaux d’outre-tombe de Brouillard en prime.
Seul un break mélodique et mid-tempo aux paroles chuchotées ouvrira le ciel d’une lueur de lumière. Peut-être pour se diriger vers "Le Paradis", à l’intro acoustique et dungeon-synth de toute beauté. Il en reste que ce « Devenir le Rien » est un album inspirant, plein de mélancolie et de rage, nihiliste mais pas minimaliste.
Une belle réussite.
(Aude Paquot)


WOLVES IN THE THRONE ROOM : « Crypt Of Ancestral Knowledge » (Relapse Records)

Nous avions laissé la horde des loups d’Olympia il y a deux ans avec un septième album, « Primordial Arcana », qui renouait avec ses racines black metal sylvestres.
Une tendance qui se confirme avec cet EP, paru juste le jour du départ en tournée du groupe aux quatre coins des Etats-Unis.
Composé de quatre titres pour un total d’une vingtaine de minutes, celui-ci s’ouvre sur deux prouesses atmosphériques avec des claviers aux sonorités fin des années 90 qui font mouche. C’est très bien fait, notamment sur l’épique "Twin Mouth Spring" qui résume à lui seul tout le talent de WOLVES IN THE THRONE ROOM pour trousser des mélodies d’une élégance rare.
Doublées d’une profondeur certaine. Mais ce nouveau cru prend l’auditeur à rebours à mi-parcours en l’entraînant sur les terres du dungeon-synth avec "Initiates Of The White Hart" pendant qu’il renoue avec les sonorités ambiant de "Celestite" sur "Crown Of Stone".
Un détour stylistique qui a le mérite d’aérer le propos des frangins Weaver, toujours à la pointe de cette bouillonnante scène black américaine. Et un apéritif riche en saveurs qu’il convient désormais de compléter... avec un plat de résistance à la hauteur dès l’année prochaine !
(Clément)


NOITILA : « Langennut » (Nordvis Production)

Peu d’informations filtrent au sujet de ce mystérieux duo originaire du nord-est de la Finlande. Mais au vu de la qualité d’exécution délivrée sur ce premier album, il y a fort à parier que les musiciens qui officient au sein de NOITILA ne soient pas de jeunes chaperons.
Tout comme il est aussi probable que ces deux mêmes larrons ont dû biberonner goulûment les classiques de leurs camarades norvégiens SATYRICON, KVIST ou ULVER dans leurs vertes années.
De quoi nourrir comme il se doit les quarante minutes de « Langennut », dont l’on imagine à la simple vue de cette pochette forestière à quelle sauce on va être mangé.
Mais, loin de tomber dans le pompage éhonté de ses aînés, NOITILA  tire son épingle du jeu et se révèle aussi efficace avec des tempos heavy en diable ("Kylvemme Sateessa Enkelten Veren" et "Ruumis") que dans le riff épique qui bombe le torse fièrement ("Noitilaan" et ses superbes parties acoustiques).
Rien n’a été ici laissé au hasard et le mot d’ordre est bel et bien la maîtrise au service d’un jeu bien rodé qui fait la part belle aux embardées épiques : du nectar pour des esgourdes en demande d’authenticité. Oui, du nectar !
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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