
BORKNAGAR : groupe de black metal norvégien qui a la capacité d’unir autour de lui un public aussi large que les horizons qu’il dévoile au fur et à mesure de ses albums. En presque 30 ans de carrière et douze albums, il est l’une de ces rares formations qui, en plus d’avoir su garder ses plus fervents fans, rassemble également de plus en plus de métalleux. Parce que sa musique est tour à tour brutale, atmosphérique, progressive, mais toujours inimitable, BORKNAGAR semble ne jamais pouvoir décevoir. Et ce n’est pas cette nouvelle production intitulée « Fall » qui viendra entacher sa discographie. Au contraire, il y a fort à parier que le succès soit, à nouveau, au rendez-vous.
La magie opère dès le décollage de "Summits" aux rythmes blastés, surmontés de riffs hyper mélodiques. Vocaux hurlés, guitares suraiguës, pas le temps de s’attacher, on s’envole pour les sommets les plus hauts où l'on s’arrêtera pour apprécier les chant clairs et tellement envoûtants de Lars Are Nedland, mais aussi de belles atmosphère, des soli cathartiques et un final triomphant. Une entrée en matière percutante. Le titre suivant, "Nordic Anthem", aux allures très païennes avec ses rythmes martelés, ses riffs répétitifs et ses chœurs épiques, présente la fierté des paysages et traditions nordiques. Grâce à un refrain des plus fédérateurs et un côté presque chamanique, on se sent complètement imprégné de culture scandinave et on s’approprie (étonnamment ?) le « We won’t bend our necks to any god ». Le très black metal "Afar" présente de larges passages plus lents et mélodiques, tout en progressivité, mais en gardant un aspect très brut, de l’authentique BORKNAGAR. Les guitares et les lignes de chant y sont monstrueux, une œuvre d’art.
Le heavy "Moon" et ses soli envolés, son chant clair des plus nuancés et son atmosphère légère est comme une parenthèse enchantée. Le break au milieu du morceau est simplement magique. Après ce passage hors du temps, en apesanteur, on se dirige vers le lourd et progressif "Stars Ablaze", une chanson complexe d’une grande richesse de plus de 8 minutes. Les claviers psyché de "Unraveling", ainsi que l’alternance de riffs bourrins, dissonants, de rythmes rapides et de moments bien plus doux, font résonner l’immatériel, l’absurde, tout cela dans une grande beauté descriptive. Une harmonie chaotique, un désordre organisé, un univers sans fin dont on sentirait l’extrémité. C’est ça aussi, BORKNAGAR. Le très apaisant "The Wild Lingers", une presque ballade, nous fait revenir à des paysages plus terrestres, mais tout aussi mystérieux et fascinants avec des vocaux à peine susurrés parfois et un refrain entêtant. Un hymne en puissance.
Enfin, "Northward”, avec ses presque 10 minutes de black metal progressif, termine l’album comme il a été commencé : avec force et vigueur, rappelant que c’est toujours le vent du nord qui souffle son inspiration au groupe. On retrouve ici l’essence même de BORKNAGAR, son génie créatif, sa touche tellement personnelle, son identité musicale. Il nous incite à le suivre, des "sommets" vers le "Nord", sans jamais "tomber". Et on se laisse porter, tant la force de persuasion est puissante.
Grâce à « Fall », BORKNAGAR puise dans ses racines les plus primitives pour aller rejoindre les plus hauts sommets jusqu’à tutoyer les étoiles. Son black metal progressif n’a de cesse d’animer nos âmes et son art universel vise juste. C’est à nouveau un chef-d’œuvre que nous proposent les Norvégiens, un album intemporel, d’une richesse incommensurable. Simplement parfait. A nouveau.