
MAUDITS fait partie de ces groupes que nous suivons début ses tout débuts chez HARD FORCE. La raison en est simple, ce trio est juste l’un des meilleurs en son genre au sein de la scène française instrumentale. Et son metal raffiné, aux ambiances crépusculaires, ne cesse de se bonifier depuis la parution de son premier album, « Maudits », en 2020. Après nous avoir laissé avec un EP qu’il a partagé en compagnie de ses camarades de SaaR il y a deux ans à peine, le groupe est de retour sur le devant de la scène avec ce « Précipice » vertigineux.
D’une durée avoisinant l’heure de jeu, la conception de ce nouvel album ne date pas d’hier puisque ses premières lignes ont été écrites pendant les confinements qui ont émaillé l’année 2020. Une éternité, pourrait-on dire, qui a laissé le temps aux musiciens d’affiner chaque composition pour en extraire la substantifique moelle. Et d’en proposer aujourd’hui une version enfin gravée dans le marbre. Complètement instrumental, le projet a toujours suivi son petit bonhomme de chemin sans se soucier des tendances et des modes depuis sa création.
Le duo fondateur, Olivier (guitare) et Christophe (batterie), rejoints depuis par le bassiste Eric fait preuve d’une ainsi d’une aisance indéniable avec les codes post-rock, metal progressif et autres doom pour façonner son propre monde musical. Une description restreinte bien entendu, il faut bien donner quelques repères pour s’y aventurer, mais en aucun cas limitante. La participation de Raphaël (PSYGNOSIS, HYPNO5E...) et de son violoncelle constitue à ce titre un atout qu’il est nécessaire d’apprécier à sa juste valeur. Elément à part entière dans la construction de l’identité musicale de MAUDITS, celui-ci apporte ce qu’il faut de mélancolie à un ensemble qui en avait déjà sous la pédale. Parfaite synthèse de ce dont il est capable à la fois sur des plans atmosphériques de toute beauté ("Précipice Part. 1" et son jumeau "Part.2" en sont des illustrations implacables), comme sur des embardées métallisées de haut vol ("Seizure", "Séquelles"), ce nouvel album impressionne. Produit de main de maître par Frédéric Gervais et superbement illustré par Dehn Sora, « Précipice » happe et captive de la première à la dernière seconde.
Ce metal instrumental aérien, mélancolique est donc avant tout une histoire d'atmosphères, de celles éthérées et méditatives, qui se dévoilent idéalement au casque et loin de toute agitation. Les guitares y sont enjôleuses, délivrées tout en nuances, le tout donnant une profonde impression de dépaysement, une sorte d’expérience tranquille et décalée un peu à part au sein de la scène. Une scène protéiforme, qui sort de ses propres frontières comme pour mieux les redéfinir l’espace d’une heure riche en émotions.
C'est beau, tout simplement beau.