Quelque chose comme trois mois après sa sortie chez Reigning Phoenix Music, DEICIDE s'expose à nouveau sous les sunlights de HARD FORCE. Charles Zampol s’étant occupé de la chronique "à chaud", je me chargerai donc de celle "à froid". Et pour cause, il m’a fallu un certain temps pour décortiquer comme il se doit le bestiau, treizième d’une longue série initiée il y a presque trente-cinq ans (une longévité dont peu de groupes peuvent se targuer), bien plus complexe qu’il n’en a l’air.
Mettons immédiatement le doigt sur la polémique qui a enflammé internet, enfin une partie des fans les plus suspicieux, au sujet de l’artwork de cet album. Alors, troussé ou non à l’aide de l’intelligence artificielle ? Les avis ont pour le moins tranché en faveur du premier scénario. Loin de mettre fin à ces perfides rumeurs, le père Benton s’est exprimé dans Metalsucks quelques jours avant la sortie de « Banished By Sin ». Et son point de vue peut se résumer en quelques mots bien sentis, je cite : « Je me fous de ce que les autres pensent ! ». Pourtant, l’artiste Nenad Đukić est bel et bien crédité ici pour la réalisation dudit artwork. Quoiqu’il en soit, aidé ou non par l’IA, il faut bien reconnaître que celui-ci demeure bien fade en comparaison de ce que le clan floridien est capable d’offrir en matière de subversivité.
Côté musique, « Banished By Sin » balance douze missiles exécutés en moins de quarante minutes. Une habitude qu’a le groupe ancré en lui puisqu’un seul de ses treize albums dépasse la barre fatidique des quarante minutes (« Till Death Do Us Part » sorti en 2008, loin d'être mémorable au passage). Et ce que l’on peut constater lors des premières écoutes de ce nouveau méfait, c’est que DEICIDE n’a jamais sonné aussi "mélodique" depuis l’illustre « Stench Of Redemption » sur lequel le regretté shredder Ralph Santolla apposait alors sa magnifique signature. Gorgé de superbes solos à faire frissonner les plus exigeants ("The Light Defeated" en est l’incarnation la plus brillante et accessoirement le meilleur morceau de l’album), « Banished By Sin » a des allures de comeback inattendu. Est-ce dû à l’arrivée de Taylor Nordberg, guitariste au doigté de félin qui affiche un beau pedigree puisqu’il officie en parallèle au sein de THE ABSENCE, RIBSPREADER, MASSACRE et INFERNAEON ? Ce qui est sûr, c’est que ce dernier insuffle ici un vent de fraîcheur bienvenu. Il flotte d'ailleurs tout du long de ces douze morceaux une énergie contagieuse, une envie de bien faire incarnée par une fibre thrash fort bienvenue ("Doomed To Die", "Faithless", "Banished By Sin" ou "Woke From God"). Contrebalancée par des moments plus massifs ("Sever The Tongue"), cette nouvelle livraison de DEICIDE ne réinvente pas la roue mais est-ce cela que l’on lui demande ? A l’instar des vétérans CANNIBAL CORPSE, MALEVOLENT CREATION ou OBITUARY, il perpétue cette tradition qui a réjoui tant de fans au tout début des années 90 et qui a pour dénominateur commun le mythique producteur Scott Burns, véritable Bob Rock du death metal !
Homogène de la première à la dernière seconde et mené de main de maître par le duo de guitaristes Kevin Quirion / Taylor Nordberg, ce nouvel album n’a pas à rougir de ses prédécesseurs, bien au contraire. Enregistré par Jeramie Kling aux studios Smoke & Mirrors, mixé et masterisé par Josh Wilbur (ALL THAT REMAINS, KERRY KING, MEGADETH, LAMB OF GOD toussa toussa), « Banished By Sin » témoigne sans le moindre complexe de la santé de fer de DEICIDE. Pourvu que ça dure !