Les fans en avaient rêvé, Tobias Forge l'a fait : proposer avec Rite Here Rite Now non pas un "simple" concert au cinéma (et, selon toute vraisemblance, un DVD et/ou un Blu-ray à venir) – ce qui aurait déjà été énorme –, mais un show partiellement scénarisé basé sur le lore qu'il a imaginé. Qui suit l'ultime prestation de Papa Emeritus IV avant qu'il ne soit envoyé ad pa(pa)tres, rejoindre ses prédécesseurs. Ou pas. Immortalisé sur les deux dernières dates du "Re-Impera Tour" américain en septembre 2023 à Los Angeles, devant des Children of California à la ferveur non feinte et, surtout, amputés de leur smartphone et de tout moyen de capter les soirées, il était logique que son pendant audio arrive dans les bacs.
Sept ans après « Ceremony And Devotion », album live pas complètement convaincant, et avec désormais 5 LP studio sous la mitre, voici donc GHOST au sommet de son art avec « Rite Here Rite Now - Original Motion Picture Soundtrack ». Soit 17 titres avec un son du tonnerre de dieu (humour), plus un inédit studio, "The Future Is A Foreign Land", aux airs de véritable greatest hits. Et, sans chercher à faire de prosélytisme, ceux qui lui reprochent de n'être qu'un groupe de pop (musclée) seraient bien inspirés d'écouter les versions en concert de "Rats", "Faith", "Cirice" ou "Absolution" pour découvrir que sur scène, ça envoie ! Mais après tout, chacun ses idées préconçues.
Outre le véritable spectacle qu'est devenu une “cérémonie” live de GHOST, son répertoire est là pour prouver la capacité de son leader à ciseler des mélodies aux refrains imparables, lui qui s'est entouré de Nameless Ghouls et Ghoulettes virtuoses qui magnifient encore les titres grâce à leur maestria toujours au service des chansons. Et on ne répètera jamais assez à quel point l'arrivée des choristes les a encore fait grimper d'un cran.
Côté surprises, il y a bien évidemment une version "musique de chambre" frémissante de "If You Have Ghosts" de Roky Erickson & THE ALIENS, en compagnie de deux violoncellistes et d'une Ghoulette aux chœurs, et l'apparition pour la première fois dans le set de "Twenties", un titre d'« Impera », dernier LP studio en date largement représenté. Morceau que je n'apprécie personnellement pas plus que ça, mais qui prend une autre envergure en live. Surtout dans le film, avec ses danseurs grimés en squelettes... La bonne nouvelle, c'est la présence en intégralité du jouissif "Miasma", instrumental complètement tronqué sur grand écran pour satisfaire aux besoins du scénario. Parmi les autres moments forts, hormis les titres indiqués plus haut, on citera également "Call Me Little Sunshine", "Watcher In The Sky" ou le très beau "Respite On The Spitalfields". Ainsi que "Mary On A Cross", le single certifié disque d'or même en France, c'est dire... Ou encore les deux derniers morceaux live du set, "Dance Macabre" et "Square Hammer".
Mais on notera que, bien que joués à L.A., "Con Clavi Con Dio", "Ritual" et "Mummy's Dust", tirés d'« Opus Eponymous », premier évangile de GHOST sorti en 2010, ne figurent pas sur le live. Pas plus que – sacrilège ultime ! – "Year Zero", classique d'entre les classiques du groupe et unique rescapé d'« Infestissumam », arrivé 3 ans plus tard, ou encore “He Is”, présent sur « Meliora » (2015)... Sans doute est-ce parce qu'il était impossible de faire rentrer 23 titres sur CD ou vinyle ? Les voies du Seigneur et de Tobias Forge étant impénétrables, retrouvera-t-on ces chansons sur un EP ? En faces B ? Sans doute les fans de la première heure feront-ils la gueule, mais en tout cas, tous les autres ne bouderont certainement pas leur plaisir.
Vivement le DVD/Blu-ray, vivement l'avènement de Papa Emeritus V !
