30 juillet 2024, 20:56

VAN HALEN

"For Unlawful Carnal Knowledge" [Réedition]

Album : For Unlawful Carnal Knowledge

Curieusement, cette réédition du neuvième album de VAN HALEN, « For Unlawful Carnal Knowledge », n’a pas été annoncée en fanfare. Parue dans les bacs ce 12 juillet dernier, cette box format vinyle s’est faite fort discrète alors qu’il s’agit tout de même d’un des albums les plus solides des californiens – et assurément, sans l’ombre d’un doute, le meilleur de l’ère Sammy Hagar.

Doit-on sérieusement revenir sur ce disque majeur sorti en 1991, année miraculeuse pour le hard-rock, le classic-rock, le metal et l’alternatif ? On l’a déjà répété haut et fort, et noir sur blanc, cette année-là est l’une des plus impressionnantes de l’histoire du rock, ever, avec la parution d’immenses classiques en l’espace de quelques mois à peine – et « F.U.C.K. », puisque c’est bien sous son acronyme coquin qu’on le dénomme, fait résolument partie de cette vénérable catégorie. Rappelez-vous : à sa sortie, le disque est célébré partout sous l’impulsion d’une promo monumentale qui le hisse comme l’un des rendez-vous incontournables de son temps. 

Alors sans anniversaire particulier à célébrer, que retient-on de « For Unlawful Carnal Knowledge » quelque trente-trois ans plus tard ? Eh bien qu’il n’a pas pris une ride, contrairement à ses prédécesseurs « 5150 » et « OU812 », bien plus datés en terme de son et de composition, définitivement ancrés dans des années 80 aux stigmates plus grossiers. Or, en 1991, Eddie, son frère Alex et les autres, ont bien décidé de s’inscrire dans la nouvelle décennie et, sans se départir de leur signature, ni de leur fun communicatif et encore moins de ce savoir-faire technique hors-pair, ont parfaitement dosé audace et héritage. Toujours ensoleillé et festif (''Runaround'', ''In'N'Out''), le hard-rock de VAN HALEN ose de prodigieux pas en avant et vit avec son temps, quitte à tutoyer le funk-rock et la fusion (''Spanked''), ou bien à se montrer plus grave et concerné avec le hit-single ''Right Now'', non pas dominé par une ligne de synthétiseur comme en 1984, mais bien par cette progression d’accords de piano qui en font un titre aussi moderne que plus adulte, tout en restant définitivement garant de l’ADN VH, avec la caution du producteur Ted Templeman, de retour derrière la console. S’il y a aussi une poignée de titres un peu oubliés ci et là, on savoure toujours avec le même entrain la collection de tubes qu’il renferme, tubes inaltérés par les modes et les tendances, et qui se savourent avec autant de plaisir – à l’instar des ''Judgement Day'' ou ce ''Top Of The World'' final qui capture totalement l’esprit du groupe depuis ses débuts. Enfin, que dire de l’introductif et explosif ''Poundcake'', titre majeur du cru ’91 et qui reste au bout de sept saisons folles le générique de votre émission ''Jesse Rocks'' sur HEAVY1.

Pour la forme, on salue Warner Music et Rhino qui ont su renouveler le packaging sobre et classieux déjà rencontré sur les rééditions RAMONES ou STONE TEMPLE PILOTS ces dernières années : une grosse digi-box qui se déplie en trois panneaux, l’un contenant la version 33-tours de l’album en question, l’autre le luxueux livret au même format (avec photos inédites et mémorabilia exclusif), et enfin un dernier qui renferme deux CD et un Blu-ray.

Au-delà du premier qui n’est autre que la version remastérisée de « F.U.C.K. », la véritable valeur ajoutée du projet tient dans le second skeud : outre des ''edits'' guitare ou piano de ''Right Now'' ainsi qu’une version instrumentale de ''The Dream Is Over'', c’est un concert complet donné le 4 décembre 1991 à Dallas qui est proposé ici. Loin de n’être qu’une alternative à l’officiel « Live: Right Here, Right Now » qui documente la même tournée, ce show ''intimiste'' donné en plein jour devant 50 000 texans jouit d’une grande spontanéité. Comme une récompense offerte aux fans après avoir foiré un concert au Cotton Bowl de la même ville le 3 juillet 1988 au cours de la tournée ''Monsters Of Rock'' pour cause de voix bien affaiblie, Sammy Hagar avait promis au public de se rattraper un jour en leur délivrant un show gratuit... Et trois ans plus tard, personne n’avait oublié une telle déclaration, l’équivalant de tout un stade s’étant déplacé au West End Marketplace cet après-midi-là pour une heure de live aussi magique que dans la pénombre d’une arena. Outre quatre extraits de « F.U.C.K. » (dont ce ''Poundcake'' toujours aussi phénoménal en introduction !), on retrouve trois autres titres des albums précédents, dont le très bon ''Why Can’t This Be Love'', une reprise du ''A Political Blues'' de LITTLE FEAT, les deux plus grands tubes de Sammy Hagar en solo (''There’s Only One Way To Rock'' et ''I Can’t Drive 55''), et, enfin, un seul classique de l’ère David Lee Roth, le pétaradant ''Panama''.

Bien sûr le Blu-ray est-il le complément vidéo ultra pro de ce même show, augmenté des quatre clips des singles de l’album, ''Poundcake'', ''Runaround'', ''Right Now'' et ''Top Of The World''.

A l’heure de (trop) épaisses box-sets (trop) remplies de gadgets et de matériel audio peut-être dispensable ou en tout cas parfois anecdotique (et qui ne seront écoutés qu’une seule fois par curiosité), peut-être ce type de format suffit-il à marquer avec suffisamment de panache la réédition d’un album marquant, à l’instar des groupes pré-cités. Soit un bon dosage de matos inédit, de live vraiment exceptionnel, et de mise à disposition du disque tant en CD qu’en 33-tours, le tout dans un packaging de bon goût, aussi pratico-pratique qu’élégant. 

Enfin, la grande question qui se pose : et si cette réédition de « For Unlawful Carnal Knowledge » ne faisait qu’augurer une première série d’autres célébrations peut-être encore plus désirées ? Après tout, VAN HALEN n’a jamais été correctement réédité et l’on n’imagine pas la tonne de documents inédits qui reposent dans les archives – sans parler des lives déjà connus en  très bons pirates radio, et qui ne mériteraient alors qu’une simple formalité de dépoussiérage. Alors s’il apparaît que rien ne se fera non plus dans l’ordre ici (comme chez BLACK SABBATH), et que l’on pourrait faire l’impasse sur un « Balance » ou même un « Diver Down », est-ce que « F.U.C.K. » ne serait pas le premier d’une série qui annoncerait les sorties, prochaines, d’une jolie version de « 1984 », de « Women And Children First » ou, prions ensemble, de « Van Halen » ???

FUCK yeah : on y croit fort.

Blogger : Jean-Charles Desgroux
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