9 septembre 2024, 17:51

ANTECHAOS

"Dystopies"

Album : Dystopies

Deuxième album à l’horizon pour les Messins ANTECHAOS. Oui, souvenez-vous, leur reprise metal de "Désenchantée" de Mylène Farmer nous avait... enchantés (facile), et avait fait un excellent buzz qui les avait projetés en pleine lumière. Après un très apprécié « Apocalypse », paru en 2022, son successeur, « Dystopies » est sorti le 7 septembre. ANTECHAOS est né des affres du Covidalypse et évolue dans un hard & heavy moderne aux mélodies imparables, c’est avec impatience que nous attendions leurs nouvelles compositions. 13 titres pour l’édition CD, 11 pour le vinyle, le groupe se veut observateur d’un monde fracturé, en proie à toutes les dystopies alors qu’il n’a jamais été aussi connecté, technologique, ouvert et sensible à son dérèglement... plongeons dans le monde d'ANTECHAOS.

"Memento Mori" nous immerge dans un monde parallèle, la nostalgie est omniprésente, elle est acoustique, nous sommes interpellés cash. Nous serons acteurs de l’album qui se déroule. "Renaissance", guitares offensives et rythmique rapide et old-school amènent une voix incroyablement claire et mélodieuse. C’est prenant. C’est déconcertant également. On sent un groupe qui se cherche, entre héritage rock du passé et volonté de modernité. C’est au final ce qui rend si intéressant le groupe. "Métavers" et ses paroles nous troublent. Je l’avais bien senti, nous sommes acteurs. Tels leurs confrères MASS HYSTERIA ou SIDILARSEN, l’artificialité des choses est dénoncée pour revendiquer de vraies émotions, de vraies interactions entre les humains. Forcément, nous, les sinistrés de l’e-motion, ça nous parle. Pour parvenir à ses fin (et ne pas nous laisser sur notre faim) ANTECHAOS use avec bienveillance d’un heavy metal toute en progressivité, parsemé de rage et de breaks, comme s’il désirait se racheter une virginité de fer en usant d’un délicieux SORTILEGE... pour atteindre sa "Rédemption". Etonnant autant que détonnant est l’alliance du speed metal et des lignes de chant criantes de sincérité d’aujourd’hui.

ANTECHAOS, avec ou grâce à ses maladresses juvéniles, respire la vie et la transmet, "In Vivo", lâche une charge de riffs qui est comme une allégorie de la critique sociétale des paroles, et son refrain innocent met en lumière le désir de retrouver une humanité vertueuse. Une voix grave vient parfois appuyer le propos, signifiant qu’au besoin les gars ne relâcheront pas la pression pour parvenir à leur fin. L’envolée de "Delta Zone A" est incroyable, comme si le HELLOWEEN et la scène française de 1985 se tapait le bœuf en bons voisins. La "Dystopie" est réelle, promesse tenue car les fantômes de WARNING ou VENIN bercent les riffs de ce titre et du suivant, "Les Vertueux". On retrouve cette image de bienveillance, tiens donc.  De la sincérité heavy metal, ça fait du bien de s’en imprégner à nouveau, après toutes les épreuves traversées au fil des âges. Sans oublier ce petit plus, l’apport du metal moderne, celui que depuis 20 ans les révoltés de la scène ont mis à nu. Au final on a un peu la tête qui tourne face à ce mélange audacieux, « J&H » ne déroge pas à la règle, oscillant entre riffs et batterie rageux et lyrisme poétique, mais il est peut-être temps d’être dans l’acceptation de cette musicalité singulière, et d’en savourer chaque circonvolution.

ANTECHAOS sait s’aventurer dans le metal progressif, son "Mission Sirius" en est une belle déclinaison, même si dans les coins ça tabasse bien. Le groupe rejoindra-t-il un jour le Gros Jira entre Mars et Sirius ? Allez savoir... nous vivons dans un hard & heavy de tous les possibles. Un monde où l’on renoue avec "Le Siècle des Lumières" de la créativité sonore, la conclusion se fait dans un excellent heavy metal, l’auditeur est une dernière fois acteur dans une aura de riffs lumineux et d’un chant optimiste. Vu qu’on parle de sons huileux, je salue un "Héros" qui déverse d’excellentes salves au goût d’ANTHRAX ou encore MEGADETH. Des trépassés que l’on nous habille en "Cadavres Exquis", marchant dans des pantoufles de verre, comme une version metal d’un inédit amer de TELEPHONE.

Plutôt qu’un jugement sur un groupe qui cherche encore son chemin au milieu d’influences multiples, je mets en lumière sa qualité intrinsèque. Nous sommes gâtés par un maelstrom assez atypique et non dénué d’intérêt, j’ai adoré cette beauté omniprésente dans la musique et les paroles. Nous avions déjà dans ce registre protéiforme un MALEMORT, voilà pour les accompagner ANTECHAOS. Un Ante-chaos... de heavy metal !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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