Voici un recueil des dernières volontés d’OPETH. En tous cas, son testament en date puisque bien évidemment, il ne s’agit pas du dernier album prévu par les Suédois menés par le charismatique Mikael Åkerfeldt. Si la question de l’héritage et de la succession peut être sujet de discorde, voire mener au chaos, OPETH n’est pas du genre à se laisser déborder et ne laisse rien au hasard. Les 8 titres de « The Last Will And Testament » sont carrés, extrêmement riches, avec un réel engagement dans la musique, les paroles et l’esthétisme. Vous avez pu le constater avec les morceaux déjà extraits et les visuels présentés, nous sommes ici en présence d’un bel album conceptuel, dans tous les sens du terme. Chaque morceau, intitulé d’un numéro de paragraphe, agit comme un poinçon qui vient sceller durablement une volonté solennelle du personnage. Il est impressionnant de constater qu’en 14 albums, OPETH a toujours su avancer, proposer de la nouveauté dans un style death progressif pourtant pas évident. Le graal cette année est le retour aux growls et au death, quelque peu laissés de côtés. Et ça change la donne.
De la puissance des vocaux growlés, on passe à des moments suspendus, comme si la Faucheuse était passée mais qu’elle n’avait pas encore fermé la porte derrière elle, menaçante et mystérieuse. Les atmosphères sont captivantes, avec des compositions bien sûr très progressives ("§1" et son final funeste et la voix de Mirjam Åkerfeldt, la fille cadette de Mikael, "§3" et son rythme chaloupé, "§6") mais aussi mystiques ("§2") avec un chant clair murmuré, sensible et Joey Tempest de EUROPE aux chœurs.
Des titres comme "§4", tout en nuances avec ses instruments à cordes et son de flûtes par Ian Anderson de JETHRO TULL, apportent quant à eux un côté éthéré, comme si un esprit vagabondait encore dans les parages. Plus globalement, les passages parlés, par Ian Anderson encore, apportent une réelle gravité là où les instruments acoustiques et les chœurs permettent, eux, plus de légèreté, donnant ainsi une lecture en plusieurs dimensions de chacun des morceaux. Mention spéciale à "§7", dissonant, hypnotique, au rythme cassé, qui mélange tous types de chants, un titre rock/death/progressif bref, indéfinissable mais intense avec ses orchestrations magnifiques. « The Last Will And Testament » se termine tout en douceur sur "A Story Never Told" aux allures de ballade pour le coup très fédératrice avec ses mélodies imparables, son chant clair, son piano et son solo de guitare plein de mélancolie. Un final des plus enchanteurs.
OPETH sera toujours OPETH mais en revenant à des passages growlés et en faisant sans cesse évoluer son death progressif fouillé, le groupe parvient à nous faire découvrir de nouveaux univers, ici celui de l’après-vie et des tourments pour ceux qui restent. « The Last Will And Testament » en pose l’atmosphère.