6 novembre 2024, 18:03

KLONE

"The Unseen"

Album : The Unseen

Après les excellentissimes « Le Grand Voyage » (2019) et « Meanwhile » sorti début 2023, c’est peu de dire que nous attendions avec la plus grande impatience le nouvel album de KLONE. A croire que le quintet nous a entendu car il ne lui a fallu qu’à peine plus d’un an et demi pour nous proposer cette nouvelle collection baptisée « The Unseen ». Comme nous le confiait lors de leur passage au dernier Hellfest Guillaume Bernard, guitariste et compositeur des Poitevins, ces chansons attendaient patiemment leur tour quelque part dans les cartons du grenier de la mémoire, marquées du signe "à déballer plus tard".

En amont, et pour que KLONE puisse mettre un terme à un contrat qui devait s’achever, il faut savoir que « The Unseen » est une sélection de sept chansons composées depuis longtemps (certains remontent à 2009, comme "Interlaced"), qui ont été retravaillées pour l’occasion. D’où cette impression, parfois, de déjà entendu. Cela ne nuit pas pour autant à la qualité de ces compositions, si l’on est déjà adepte du son du groupe. Mais c’est un album qui nécessite un certain nombre d’écoutes pour vraiment l’assimiler. Moins direct que son prédécesseur, il possède tout de même de nombreux atouts. A commencer par un son aux petits oignons. La basse d’Enzo Alfano sonne de manière incroyable, dodue, claquante, groovy, encore plus présente que sur « Meanwhile ». Ensuite, on a les arrangements et le saxophone de Matthieu Metzger qui ajoute des ornementations savoureuses à tendance jazzy, notamment sur "The Unseen" et "Interlaced". Jazz toujours, et cette fois de manière bien plus flagrante sur "Desire Line", un morceau vraiment différent de tout ce que KLONE a pu faire jusqu’à présent. Le ton général de l’album est plutôt doux. Rares sont les moments énervés, si ce n’est le final de "The Unseen". Pour le reste, mid-tempo et douceur aérienne sont au programme.

On retrouve la même équipe que sur les deux albums studio précédents, soit Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino aux guitares, Morgan Berthet à la batterie et Enzo Alfano à la basse. Et bien sûr la voix inimitable de Yann Ligner, porteuse d’émotions, comme sur le très beau "Magnetic", au rythme balaçant : « All is clear / I’ve never felt this way before  / You’re all I need / The leading light that makes me grow and rise » (« Tout est clair / Je n'ai jamais ressenti cela auparavant / Tu es tout ce dont j'ai besoin / La lumière qui me fait grandir et m'élever »).

Il y a une alchimie entre ces cinq-là, qui infuse toute la musique qu’ils créent, qui se distille dans chaque note, chaque silence, et se fond dans notre cœur au fil des écoutes. Enorme coup de cœur pour la plus belle chanson de ce disque, placée judicieusement en position centrale : "After The Sun" possède un charme irrésistible avec son riff mélodique et addictif, son refrain mélodieux immédiatement mémorisable et sa sensibilité hors-normes, qui n’est pas sans nous rappeler le sublime "Silver Gate", comme une ode aux disparus, mais qui toujours restent, là, quelque part dans les étoiles... Et toujours ces mots qui touchent, tout à la fois profonds et lumineux, noirs mais pleins d’espoir : « And the leaves fall. Leaves die. / We are all the same  / Odd creatures of the night  / Lost in infinite space  / Where  I can see light / Only thoughts remain / Here on the other side / Time seems to slip away » (« Et les feuilles tombent. Les feuilles meurent. / Nous sommes tous les mêmes / D'étranges créatures de la nuit / Perdus dans l'espace infini / Où je peux voir la lumière / Seules les pensées restent / Ici, de l'autre côté / Le temps semble s'échapper »). La vulnérabilité d’instants précieux qui nous échappent trop vite est sur cet album, merveilleusement décrite.

Délicatesse toujours, dans le propos comme dans la forme. Danse sensuelle de "Desire Line" soutenue par cette basse pleine et charnue, par cette batterie qui instille un groove naturel, comme inné. Une fluidité de tous les instants, que l’on ressent sur le bien nommé "Slow Down". Invitation à ralentir et vivre. Maintenant. Arrêter de courir après des chimères. Et aimer pleinement. Eminemment poétique, la musique de KLONE se respire. Elle prend son temps pour séduire. Mais quand sa flèche atteint votre cœur, elle ne vous lâche plus. "Spring", le dernier morceau de cette nouvelle collection est probablement l’un des plus longs que le groupe ait jamais composé. Il se divise en trois parties : une intro aérienne sur laquelle souffle un vent frais, le corps de la chanson avec sa mélodie de toute beauté et ses ambiances étranges, comme si une nuée d’elfes avaient décidé de jouer leur propre chanson au cœur de celle-ci, avec un final progressif éclatant puis, pour finir, une outro musicale céleste qui invite à la contemplation.

Lorsque la dernière note s’éteint, on a cette impression persistante de sortir d’un rêve lointain, la tête un peu cotonneuse, ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs. Un entre-deux monde fait de réalité et d’imagination. Une invitation à s’évader, au-delà des brumes de l’esprit. Si « The Unseen » se donne le temps d’être apprivoisé, c’est pour mieux vous enivrer. KLONE maîtrise à la perfection ce charme envoûtant. Une fois de plus, une fois encore, fermez les yeux et voyagez.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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1 commentaire

User
Ezen
le 08 nov. 2024 à 17:10
Entièrement d'accord avec l'article ! Et quelle claque prise sur "After The Sun" !
Merci de vous identifier pour commenter