28 mars 2025, 8:00

DEAFHEAVEN

"Lonely People With Power"

Album : Lonely People With Power

Attention, chef d'œuvre ! 

Un peu moins de quatre ans après leur dernier album, et pour inaugurer leur tout nouveau contrat avec Roadrunner Records, les Américains DEAFHEAVEN nous offrent ce qui est probablement leur pièce la plus aboutie d’une discographie solide : « Lonely People With Power ». Si la musique du groupe ne s’est jamais encombrée d’étiquettes, faisant parfois pester les "trve" jugeant les ambiances trop planantes pour du black metal, tout en faisant sursauter les fans de shoegaze estimant que certains blasts heurtaient leurs oreilles, il y a fort à parier que cet album ne manquera pas de susciter des émotions. Les douze titres peuvent s’appréhender comme une visite immersive tant l’ensemble est cohérent et profond, et pour autant chaque morceau déroule sa propre narration. 

Si vous avez aimé le premier single dévoilé, "Magnolia", vous ne serez pas déçu. En effet, le côté rentre-dedans de la batterie se retrouve également sur le titre "Doberman", ou sait accompagner l’ambiance tragique en fin de morceau sur "Body Behaviour" et même accentuer la complainte lancinante puis le tournant écorché vif de "The Garden Route". L’album sait se faire tout en nuances et en rebondissements, et je suis par exemple émerveillée par l’extraordinaire "Amethyst" qui enchaîne une entrée en matière mélodique, poétique, puis qui déroule ses plus de huit minutes jusqu’à une ascension transcendantale. 

En parlant d’expérience spirituelle, il faut souligner la profondeur des textes de cet album, qui explorent des thèmes chers au groupe, comme le deuil, les addictions, les relations entre personnes et la religion. C’est le morceau "Revelator" qui renferme la phrase donnant son titre à l’album, dénonçant au passage les inégalités et la quête vaine de pouvoir. Le seul passage en chant clair de la part de George Clarke sera sur le début du mystique "Heathen", tout le reste de l’album offrant un chant hurlé fondu dans le mixage en toute humilité. A noter les interventions de Jae Matthews (BOY HARSHER) et Paul Banks (INTERPOL) sur "Incidental II" et "Incidental III", pour une visite amicale et poétique.

Je citerai comme dernière invitée la nature, présente à la fois dans les sonorités qui apparaissent au fil des chansons (comme le bruit d’une rivière faisant la transition entre le grandiose "Winona" et le nostalgique "The Marvelous Orange Tree"), mais également dans les thématiques abordées, faisant de cette album un voyage initiatique empreint d’espaces, sous un temps changeant. La noirceur laissant place à un soleil timide à travers le brouillard, je me surprends à quelques larmes.

Cette oeuvre d’art sera à découvrir en France cet été 2025, DEAFHEAVEN nous gratifiant de deux dates, l’une à Vitry-sur-Seine le 20 juin et l’autre sur la Temple au Hellfest à Clisson le 21 juin.

Blogger : Carole Cerdan
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