23 mars 2025, 13:46

FURIOUS CIRKUS

Interview Harold Biernacki & Vincent Haudegond


Le confinement a été l’occasion pour certains de se projeter avec la ferme intention d’apporter leur pierre à l’édifice culturel régional des festivals dédiés à notre style de musique. A quelques semaines de la troisième édition du FurioUs CirKus, le 19 avril prochain à Lille, nous nous sommes entretenus avec deux de ses membres actifs pour mieux comprendre ce qui se cache derrière ce personnage maléfique que Stephen King ne pourrait renier...
 

Pouvez-vous nous rappeler comment est né le FurioUs CirKus et quelles sont les personnes qui vous accompagnent dans cette aventure ?
Harold : L'aventure du FurioUs CirKus a démarré en 2020, en plein confinement. A l'époque, on se faisait des apéros en visio avec des potes pour garder le lien et surtout, discuter musique et concert. Très vite, cette période de restriction nous a donné une furieuse envie de musique, de concerts, de festivals. On a donc décidé de remettre les pieds à l'étrier. On avait déjà plus ou moins d'expérience dans l'organisation de festivals et pour certains d'entre nous on avait fait partie d'un projet commun : le Gohelle Fest. On a donc mis à profit cette "pause" pour créer le projet FurioUs CirKus. On a fini par former un noyau dur de quatre personnes qui nous a permis de démarrer, même si certains ont dû arrêter pour des raisons de contraintes professionnelles. Aujourd'hui nous avons toujours ce noyau dur où nous sommes cinq. Avec celui-ci, on a une dizaine d'adhérents à l'association qui nous accompagnent, et le jour J nous sommes un peu plus d’une quarantaine de bénévoles mobilisés.

Quel bilan faites-vous sur ces trois ans d'existence ? Peut-on dire aujourd'hui que le festival a réussi à se faire une place dans le paysage événementiel régional ?
Vincent : Ces trois années nous ont permis de constituer un collectif solide composé d'une quarantaine d'adhérents. Ça fait toujours plaisir de retrouver chaque année les mêmes têtes, c'est un peu comme une grande famille. C'est également une formidable aventure humaine avec quasiment une année de préparation. Progressivement, le FurioUs CirKus a réussi à se faire une place dans le paysage régional qui est d'ailleurs très riche avec plus d'une dizaine de festivals dont certains sont installés depuis de nombreuses années comme le Betiz'Fest ou l'In Theatrum Denonium. Le projet, le lieu, l'ambiance très familiale nous ont permis de trouver notre place avec un concept de Barnum déjanté qui associe metal et arts du cirque.

Tu cites deux festivals qui sont en effet devenus des institutions, mais en réalité, ils sont bien plus nombreux et si on fait un tour d’horizon sur ces festivals régionaux qui touchent au hard-rock, au metal et dérivés, nous avons affaire à une sorte de constellation. Qu’est ce qui permet de vous distinguer dans cet univers?
Vincent : C'est justement ce mélange, un peu hors norme, du metal et des arts du cirque qui nous distingue des autres festivals. C'est un événement qui se déroule tambours battant entre les concerts et les prestations des circassiens du centre régional des arts du cirque (C.R.A.C.) de Lomme. Ça crée une atmosphère particulière, une ambiance euphorique, une parenthèse déjantée.

Comment est venue l'idée d’associer le C.R.A.C. à ce festival ?
Vincent : L'idée est venue assez naturellement. Comme on le disait, il y a déjà beaucoup de festivals dans la région et il fallait nous démarquer. Au début, nous étions plutôt partis sur l’idée du clown démoniaque car en règle générale, les clowns représentent soit le plaisir, soit la peur. Certaines personnes ont peur des clowns à cause de leur maquillage et de leurs costumes qui ne permettent pas beaucoup d'interaction avec la personne qui se trouve en dessous, ils paraissent donc menaçants tandis que d'autres les associent au cirque, au carnaval et aux bons moments. C’est sur cette image ambiguë que nous avons voulu surfer avec ce festival. La présence du C.R.A.C. sur le territoire de Lomme nous a immédiatement incité à prendre contact avec eux, mais aussi à développer un peu plus le concept de "barnum démoniaque" en associant plusieurs disciplines issues des arts du cirque.

Comment s’est fait le choix de la Maison Folie de Beaulieu comme lieu ?
Harold : A l'origine, un des membres fondateurs du festival était de Lomme et connaissait bien la Maison Folie Beaulieu. On a donc présenté le projet à la municipalité qui a tout de suite adhéré. La ville nous a apporté son soutien et continue toujours à soutenir le projet dans ses aspects financiers, techniques et logistiques. Et puis le cadre est assez exceptionnel, en plein cœur du quartier, il s'agit d'une maison érigée dans les années 20 empreinte d'une histoire particulière. Elle a été le siège social des associations de cheminots, et fut aussi un haut lieu de festivités. Elle contribue également à différencier le FurioUs CirKus des autres festivals en salle avec son parc accessible pendant l'événement. L'originalité de ce festival est la présence des élèves du Centre Régional des Arts du Cirque qui anime les changements de plateau. 

Voyez-vous le FurioUs CirKus comme un maillon supplémentaire dans un réseau régional ?
Vincent : Oui et tout au long de l’année, nous militons pour que ce soit le cas. Nous considérons que tous les festivals de metal dont le nôtre font partie d’un même ensemble qui est la scène rock régionale. Chacun a son style, chacun a son public, son courant musical, ses stars et ses codes mais globalement, tous partagent une certaine idée de l’art, une certaine idée de la fête et du partage, une certaine idée du spectacle et de la culture. 

Les festivals sont de plus en plus nombreux dans la région. Ne risquez-vous pas de finir par vous concurrencer et vous cannibaliser ? 
Harold : Effectivement ça pourrait être un risque. C'est pour ça qu'existe le collectif inter-festivals. Ça nous permet d'échanger sur des bons plans, le choix des dates, le prêt de matériel, etc... L’idée principale de ce collectif est aussi de laisser une place à chacun, de s’entraider plutôt que de se faire concurrence, de stabiliser l’offre de concert metal dans la région et surtout, de nous permettre de diversifier l’offre artistique autour de ce courant musical qui est malheureusement encore beaucoup trop méconnu et victime de clichés.

Comment se fait le choix des groupes ? Vous semblez vous positionner dans un créneau metal alternatif pour faire simple. Est-ce un choix qui marque l'identité du festival ou cela peut évoluer ? Par exemple, ONE RUSTY BAND que nous avons découvert au Handi Rock Bike serait pleinement en phase avec l'aspect art du cirque du FurioUs CirKus, pourtant leur blues-rock est en déphasage avec votre programmation...
Vincent : Depuis la seconde édition du FurioUs CirKus, nous cherchons à avoir une affiche cohérente en termes de genre musical. Nous sommes plutôt death metal, death mélodique, mais nous n’hésitons pas à faire un pas de côté si on craque sur un groupe comme par exemple LOCOMUERTE l'année dernière ou KAMIZOL K cette année ou encore SANGDRGON qu'on a eu l'occasion de voir chez les copains du Metal CH 4, nous avons vraiment pris une sérieuse claque. Dans le groupe, on à tous des influences musicales différentes. Nous essayons d'aller beaucoup en concerts ou en festivals pour se faire une idée des groupes qui s’y produisent.

Quelles sont les satisfactions qui vous poussent à continuer ?
Harold : Ça peut paraître un peu banal de le dire comme ça mais notre première satisfaction est de voir le public pousser les portes de la Maison Folie Beaulieu à chaque édition du FurioUs CirKus. Un public nombreux, c’est une vraie marque de reconnaissance, une marque de confiance, un appel à continuer l’aventure ! Notre seconde satisfaction vient du fait que nous avons réussi à garder un collectif de bénévoles soudés, solidaires et passionnés ! C’est une réussite collective avant tout et nous sommes tous reconnaissant les uns envers les autres !


Retrouvez la billetterie du festival sur ce lien : Furious-Cirkus-2025 et rendez-vous à Lomme le 19 avril.
 

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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