
Après la première date de la tournée actuelle d’UNDEROATH aux Etats-Unis, et à l’aube de la sortie de son nouvel album « The Place After This One », Spencer Chamberlain revenait il y a quelques jours avec nous sur les sujets difficiles abordés dans ce nouveau disque, avec le recul qu’apportent le bonheur et la guérison.
Comment te sens-tu et peux-tu m'en dire un peu plus sur cette tournée et cet album à venir ?
Spencer Chamberlain : On est rentrés d'Australie lundi soir. Et puis on est partis pour la tournée avec PAPA ROACH mercredi. On a fait notre premier concert hier soir. C'était super. On est vraiment sous le coup du décalage horaire car le vol Australie-Amérique est assez difficile. On était censés avoir quatre jours de congés, mais on n'en a finalement eu qu'un et demi parce qu'on a dû déplacer le concert à cause d'une tempête là-bas. On avait un show en plein air et il y avait une sorte d'ouragan qui approchait. On a donc dû le décaler à la fin de la tournée et jouer en intérieur, et on s'est produits deux soirs de suite. Et puis, on a pris l'avion pour venir ici, juste assez de temps pour embrasser nos proches, faire notre lessive, dormir dans nos draps, et c'est reparti. Et il faut avoir sa production, son équipe etc… On peut jouer aussi longtemps qu'on le souhaite, vraiment. C'est génial, mais on a fait ça toute l'année dernière. Donc, cette année, le fait de pouvoir être en première partie, surtout avec le nouvel album, c'est avoir la chance de se retrouver devant de nouveaux fans potentiels, des gens qui n'ont peut-être pas écouté UNDEROATH dès le début, qui sont passés complètement à côté de nous ou qui nous ont entendus il y a 20 ans. C'est une nouvelle opportunité pour nous de montrer où nous en sommes aujourd'hui et de faire découvrir notre musique à un nouveau public. Je saisis toutes les occasions, chaque fois que je peux jouer devant quelqu'un qui ne connaît pas ce qu'on fait, ou du moins ce qu'on fait actuellement. On est vraiment ravis d'être en tournée avec PAPA ROACH et RISE AGAINST, et les membres de ces deux groupes sont des mecs vraiment sympas. Ce qui arrive parfois, c'est qu'il y ait au moins quelqu'un sur la tournée avec qui il est difficile de travailler. Ce n’est pas le cas ici et c'est vraiment apaisant. J'imagine que c‘est vraiment ça, une tournée de rêve, pour être honnête.
Après 21 ans d’existence et même si vous continuez à évoluer musicalement, ce nouvel album se démarque un peu, comme si vous vouliez vraiment pousser l'expérimentation plus loin. Est-ce juste une manière de dire que vous êtes maintenant totalement libres de faire ce que vous voulez, sans vous en tenir à un code ?
J'ai l'impression qu'UNDEROATH a toujours évolué et changé. C'est très difficile pour nous de nous mettre d'accord. Aaron, Tim et Chris et moi sommes tous très occupés à écrire. Donc, on a presque un chef de trop en cuisine. Et on a tous des goûts différents. Du coup, on a parfois du mal à s'accorder. Mais quand il s'agit de musique heavy, il y a une frontière très fine sur laquelle on évolue tous et qu'on adore vraiment. J'ai l'impression que l’on essaie de rechercher une émotion - pas forcément un son - on cherche une émotion, on se demande pourquoi on apprécie la musique heavy. On est tombés amoureux de la musique heavy au tout début et elle était tellement différente à ce moment-là. Je ne pense pas que ce soit mieux ou moins bien maintenant. Je pense juste que c'est différent. Quand je vois tous les groupes que j'ai vus au lycée, avec qui j'ai grandi, je pense que la musique est à un stade différent de ce qu'elle était. Certains repoussent les limites, et beaucoup d'autres sont juste un peu différents, si j'ai bien compris. C'est juste que tout le monde sonne pareil. Mais il y a plusieurs groupes qui repoussent vraiment les limites, et j'adore ça. Et je pense que pour UNDEROATH, c'est toujours ce sentiment, peu importe ce qui est populaire en ce moment, peu importe ce qui intéresse les gens. Je ne veux pas ressembler à quelqu'un d'autre. Quel sentiment cherchons-nous après tout à capturer ?
Et il y a cette sensation d'anxiété, d'intensité, d'agressivité, puis de tension et de relâchement que cette musique heavy procure, qui peut te faire dresser les cheveux sur la tête. C'est exactement ce sentiment qu’on recherche. Et je pense que ça va toujours évoluer, parce qu'en tant qu'auteurs, après 20 ou 21 ans dans un groupe, on ne ressent pas ça, si on n'a pas gardé l'enthousiasme. Si on se limitait juste à écrire la musique telle qu'on le faisait il y a 10 ou 20 ans, on ne serait pas motivés, on ne trouverait pas ça excitant. Un peintre n'essaye pas de peindre le même tableau 20 fois en 20 ans. Un réalisateur ne veut pas non plus réaliser le même film, encore et encore. En tant que musiciens, surtout chez UNDEROATH, c'est tout aussi impensable. On ne serait pas loin de nos proches et de nos familles. On n'aurait pas beaucoup d'enfants, si on n'était pas heureux. Et la seule façon d'être heureux, c'est de faire de la musique qui nous passionne. Sinon, on ne serait pas un groupe du tout. C'est très libérateur d'être à un point où UNDEROATH n'a pas forcément besoin d'enregistrer un disque - sauf si on a quelque chose à dire, quelque chose à écrire. On a donc fait un album qui, si on n'aimait pas tous chacune des chansons, ne sortirait pas. On travaille sur la base d'un calendrier pour de nouveaux morceaux sans contrainte de deadline. On ne s'engage pas à promettre. J'ai l'impression qu'on est à un stade de notre carrière où on peut faire des concerts quand ça nous chante, des festivals, des tournées quand ça nous chante, et faire de la musique quand ça nous chante. Et si on n'a rien à dire, ou qu'on est en studio et qu'on n'est pas tous contents, on ne dit rien. On continue à bosser. On continue à travailler jusqu'à ce qu'on ait envie de sortir quelque chose. Je pense donc qu'UNDEROATH sortira toujours de la musique. Ce ne sera juste probablement pas comme auparavant, tous les deux ans, tu vois ? « Voyeurist » est paru il y a quatre ans et je pense qu'on est dans une bonne position pour faire uniquement la musique qui nous passionne. Ça montre toute la passion et le dévouement que l’on a mis dans ce nouvel album et ce nouveau chapitre que nous sommes en train d’écrire.

Peux-tu justement me parler de ce nouveau chapitre pour UNDEROATH ?
Oui, j'ai l'impression que le premier chapitre de l'histoire d'UNDEROATH était une quête de sécurité pour retrouver la ligne directrice perdue lors de la séparation du groupe. Pour clarifier les choses, le groupe s'est séparé et s'est remis ensemble. On a fait une réunion pour se retrouver, puis Arista a autoproduit un album, et on a conclu ce cycle avec une célébration des 20 ans du groupe. On a réalisé une tournée mondiale pour fêter nos 20 ans et pour moi, comme on avait terminé notre nouvel album avant cette tournée, je n'étais vraiment pas emballé à l'idée de faire une tournée des 20 ans, parce qu'on venait de sortir, à mon avis, notre meilleure musique, et personne ne l'avait encore entendue. Et je me suis dit : "putain, je ne veux pas partir en tournée pendant une année entière en jouant un tas de chansons que j'ai écrites quand j'avais 18 ans", après avoir écrit ce que je considère comme notre chef-d'œuvre. En sortant, j'ai réalisé que ce n'était pas seulement pour moi mais qu’il s'agissait de tous les fans qui étaient là depuis le premier jour, et que célébrer, c'était pas si mal finalement. Et j'ai fini par apprécier et voir le résultat tel qu'il était. Une fois la tournée terminée, j'ai vraiment eu l'impression que c'était la fin du premier chapitre, comme si c'était un livre. Et disons que c'est une trilogie, ou quelque chose comme ça… comme si c'était la fin du premier tome. Et c'est là que nous allons commencer notre prochaine aventure. Nous allons poursuivre dans cette voie. Et les prochains albums concluront le chapitre suivant de ce groupe… et j'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres. Tu sais, quand je regarde Mick Jagger à 80 ans, je me dis : "putain, ouais, je peux faire ça. Je peux faire ça. Je te vois, je vois ce que tu fais. Tu es plus vieux que mon père, et je sais que je pourrais faire ça aussi. Bien sûr, s'il peut faire ça, je peux le faire aussi."
Si on parle de l’album en lui-même, il y a plusieurs sujets douloureux abordés, notamment celui de l'addiction. Et il y a aussi beaucoup de souffrance décrite dans certaines chansons comme dans « Spinning in Place ».
Heureusement, je vois que dans la vie, tu es plus heureux que jamais et fiancé, toutes mes félicitations !
Oh merci, oui ! On se marie en septembre. C’est génial.
Mentalement et artistiquement, quel a été le processus pour écrire sur des sujets personnels dans une rétrospective très différente ?
C'est beau d’écrire avec le recul, comme je n'ai jamais pu le faire auparavant, quand on écrivait en ayant systématiquement en tête la pression du calendrier de sortie des disques. Ces morceaux, on les a probablement écrits un an ou plus avant que tu les écoutes, certains même bien plus tôt. Donc, quand on a écrit « Voyeurist », j'étais vraiment en plein dans une relation très toxique avec quelqu'un qui avait subi beaucoup de violence. C'était violent, mauvais, alors que je venais juste d'arrêter la drogue et étais en phase de guérison. Même quand on s'en sort, il y a beaucoup de hauts et de bas, comme des hauts, très hauts. C'était une période très compliquée. Je tournais en rond, je faisais du surplace, bien qu'ayant réussi à arrêter la drogue. Mais j'étais dans une situation très toxique où c'était très dur. Et donc, tu es là, tu vois la lumière intérieure, la lumière au bout du tunnel avec l'arrêt de la drogue, et puis tu te retrouves dans une relation personnelle tout aussi mauvaise. Donc c'était assez dur. Et une fois que toute cette fumée s'est dissipée et que j'ai pu m'éloigner un peu…. Avec le recul, c'est un peu comme si tu étais au milieu de l'océan sur un voilier et qu'une énorme tempête arrivait, que des gens étaient avec toi et que tu criais à tout le monde quoi faire ? Comme les voiles qui tirent, qui tirent, qui tirent. Et tu sais, tu essaies d'empêcher le bateau de chavirer et, tu pourrais rester assis là et décrire tout ce qui se passe dans cette panique totale, non ? Comme si tu pouvais regarder la mer déchaînée, le ciel noir, les éclairs et la pluie. Et on pourrait tout décrire comme une forme de panique pure. Une fois la tempête passée, on accoste, on débarque et on se retrouve sur le rivage, le ciel est dégagé. On se dit : « Waouh, c'était dingue, hein ? » On pourrait probablement écrire un livre là-dessus, lucidement, parce qu'on n'est plus dedans, et on se dit : "Qu'est-ce que j'ai ressenti quand j'ai cru mourir ? Qu'est-ce que j'ai ressenti quand je criais à quelqu'un de faire ce que je voulais qu’il fasse pour m’aider, ou quoi que ce soit d'important dans ces moments de vie ou de mort ?" Là, sur le rivage, face à l'océan, le ciel est bleu et l'océan est calme, on pourrait écrire très clairement.
Et j'ai l'impression que c'est ce que j'ai pu faire cette fois-ci. Ça faisait trois ou quatre ans que j'étais lucide, que ma vie personnelle était belle, et tout allait très bien. Quand on a commencé à écrire pour cet album, je me sentais plus à l'aise, je suppose, pour parler ouvertement de ces choses-là, parce que c'est difficile de se confier sur certaines choses quand on est dedans, parce qu'on a tendance à ne pas l'avouer à ses amis ou à soi-même. Bien sûr. Ça peut être très difficile et inconfortable. Donc, même si on a écrit sur tout ça pendant qu'on était dedans, c'est beaucoup plus facile de l’écrire quand on s’en est sorti. Et je pense que c'est pour ça que cet album est un peu plus direct et un peu plus triomphant, parce qu'on l'a écrit avec la tête claire, ce qui est une première pour nous.
Maintenant que tout est calme et serein, si tu pouvais dire quelque chose aux gens qui traversent actuellement cette terrible tempête, s’ils luttent encore contre des problèmes que tu as eus par le passé, et s’ils pouvaient vous entendre, que leur diriez-vous ?
Si j’y arrive, vous pouvez le faire, parce que je ne suis qu’un mec comme un autre, vous savez, vous me connaissez grâce à UNDEROATH, mais je ne suis pas plus spécial que n’importe qui d’autre dans la rue qui lutte contre la toxicomanie. La toxicomanie ne favorise pas un athlète ou un musicien plus qu’un employé de Starbucks. Elle ne choisit pas avec qui être plus indulgente. Et c'est très dur. Mais je veux encourager les gens qui se disent : "Je ne suis pas meilleur que les autres simplement parce que j'ai réussi.". Je dis simplement : n'abandonnez pas. Il n'est jamais trop tard. Vraiment, il n'est jamais trop tard. Même quand on pense que c’est le cas et qu’on a l'impression qu'on ne pourra jamais se libérer de ce poids, qu'on a l'impression d'être pris dans des sables mouvants, de couler et qu'il n'y a aucun moyen d'en sortir… ou que si tu t’en sors, tu ne seras plus le même. C'est faux. J'ai changé ma façon de manger, de boire, de vivre. J'ai changé ma façon de dormir, comme je le fais. Je vais à la salle de sport tous les jours depuis six ou sept ans. Je me sens bien. Ça m'aide. Je me réveille heureux et en bonne santé, et ça n'était pas arrivé depuis treize ans. J'ai passé treize ans dans la toxicomanie. Alors ressentir ce que je ressens au réveil est une sensation tellement incroyable que je pensais que ce n'était jamais impossible. Je ne suis pas spécial, je n'ai pas eu de traitement de faveur. Je ne suis pas une superstar du rap avec des milliards de dollars qui me permettent d'aller dans les meilleurs centres de traitement du monde, comme toute personne normale l'aurait fait. J'ai demandé de l'aide, j'en ai reçu, et j'ai travaillé très dur. C'est un combat de tous les instants. Je me considère toujours comme un toxicomane, et je n'en ai plus pris depuis huit ans, mais je me considère toujours comme un toxicomane, simplement parce que je sais que ça me guette. Il faut absolument changer ses habitudes et sa vie, c'est sûr. Je ne suis pas meilleur que quiconque, vous savez, genre, je suis juste comme vous. Comme tous ceux qui lisent ou écoutent ceci, quelle que soit la tournure que prend la situation, tous ceux qui rencontrent des difficultés, j'aimerais juste que vous sachiez que vous pouvez le faire. Et je sais que c’est vraiment effrayant maintenant parce le taux d'overdoses accidentelles est tellement élevé à cause du fentanyl. Ce n'est pas seulement dans les calmants. C'est aussi dans les stimulants. C'est dans les soirées. Les drogues aussi. C'est comme, oui, c'est partout. Donc, c'est vraiment effrayant d'être accro en ce moment. Et je pense que malgré toute la chance que j'ai eue, j'étais têtu et j'ai rechuté à plusieurs reprises. Je n'ai pas voulu abandonner pendant longtemps. Et quand j'ai finalement réussi, comme je n'aimais plus ce que je voyais dans le miroir, j'ai fait des changements, et le chemin a été long. Mais je n'envie personne d'avoir à le faire maintenant. Les dangers d'un mauvais achat peuvent être mortels. J'espère donc que ce côté effrayant pourrait motiver certaines personnes à changer. Mais comme je l'ai dit, je ne suis pas meilleur que quiconque. J'ai toujours eu un gros problème de drogue, mais je n'ai jamais eu de problème d'alcool. Et je ne suis pas du genre à juger les actions des autres. Je bois encore un verre de vin avec ma fiancée pendant que nous préparons le dîner. Et ça ne me pose aucun problème. Et je ne dirai jamais à personne quoi faire, mais je peux partager avec eux et je peux m'identifier à eux. Mais je me dis : je ne peux pas vous dire quoi faire, parce que ça ne marchera pas. Les gens qui savaient que je rencontrais des difficultés venaient me voir et me sermonner. Et quand je n'étais pas prêt à les écouter, ça me mettait encore plus en colère. Je pense que je peux comprendre beaucoup de gens dans ce cas-là : Si vous avez déjà assisté à un spectacle incroyable et que vous me voyez passer prendre un café et que vous avez envie de me parler, parlez-moi simplement, je suis toujours prêt à écouter et à partager. Je pense que beaucoup de gens se sentent aliénés, comme si on leur faisait la morale et qu'on les pointait du doigt. Je comprends ce que ça fait. Je veux juste que les gens sachent qu'ils ne sont pas seuls et qu'il y a de la lumière au bout du tunnel.
"Je veux juste que les gens sachent qu'ils ne sont pas seuls et qu'il y a de la lumière au bout du tunnel."
C’est ce ressenti que tu décris dans « Survivor’s Guilt ? »
Je me sens très coupable d'avoir réussi à m'en sortir. Aux États-Unis, il y a eu une vague massive de fentanyl dans nos rues, et ça a tué tellement de gens qui n'étaient même pas aussi accros à la drogue que moi. J'avais des amis qui aimaient bien qu'on fasse un peu la fête, tu sais, une fois par mois, quand on sort avec des amis. Certains sont morts parce qu'ils sont tombés sur des doses de drogue pourrie. Et ça me brise le cœur. Perdre une connaissance, c'est toujours dur. Mais il faut demander de l'aide aux gens, ne pas avoir honte de demander, parce que je l'ai fait, et c'était la seule façon de m'en sortir. Je sais que c'est un peu cliché, mais tant qu'on n'est pas prêt à s'aider soi-même, personne ne peut le faire à votre place.
Dans cette chanson, le premier vers est assez énigmatique. J'étais à 7 ans de sevrage en 2023. Et en 2024, j'ai écrit ces paroles. Je pensais à l'année précédente, aux 7 ans de sevrage, et je venais de perdre huit amis. Huit amis morts rien qu'en 2023 ! Huit de mes amis sont morts en faisant exactement la même chose que moi. Ça m'a presque fait culpabiliser d'être en vie parce que je me suis dit : « pourtant, je n'étais pas meilleur que ces types-là ».

Cette chanson a quelque chose de particulier. Musicalement, elle est très énergique, presque joyeuse dès le refrain. Pourtant, quand on connaît le sujet, on sait à quel point c'est sombre et personnel.
Cette contradiction entre les paroles et la composition était-elle intentionnelle ?
Honnêtement, tout est parti d'une conversation sur ce sentiment de culpabilité dont je parlais, la culpabilité d'avoir survécu. On discutait d'un ami qui était dans l'armée et qui a heurté une mine. Tout le monde dans son équipe est mort, sauf lui. Forcément il s’est senti miraculé d’avoir survécu, mais tout autant coupable. Donc, pour cette chanson, les paroles sont venues assez vite. Et c'était le premier refrain que j'ai écrit pour elle. La culpabilité… la culpabilité accrochée à toi, dissimulée mais qui t’empêche d’oublier. Tout s’est fait naturellement, avec ce sentiment de culpabilité qui ne me lâchait pas dans les paroles, mais qui me laissait en parler librement et me permettait quand même d'être reconnaissant d’être en vie, heureux malgré tout dans la musique.
Comment est née la collaboration avec BRING ME THE HORIZON sur le titre « A bullet w/ My Name on » ?
Ces gars sont de très bons amis. Je les connais depuis la période où j’étais dans SLEEPWAVE (2013-2016 ndlr). C'est là que j'ai rencontré Oli. On a fait des trucs ensemble et on est toujours restés en bons termes. On se voit en moyenne tous les deux mois. J'étais en vacances en Espagne avec ma fiancée. Un soir, alors qu'on allait juste se coucher, mon téléphone a commencé à sonner sans arrêt. Je me suis dit : "mais qui peut bien m'appeller à cette heure ?". C'était Oli et il m'a dit : "J'ai un morceau. Ça fait un peu UNDEROATH, et je pense que tu devrais être dessus. J'adorerais que tu le fasses." Évidemment, sans même l'écouter, j’ai dit oui parce que je trouve que ce qu'ils font est très innovant. Je les adore, vraiment comme des amis. J’ai reçu le morceau et je me suis promené dans la rue en écoutant la démo deux fois. Je suis revenu, je l'ai réécouté. Je lui ai demandé pour quand il en avait besoin, et il m'a répondu : "le plus tôt sera le mieux !». Et donc, dès notre retour, j'ai eu deux jours pour me rendre en studio et le mettre en boîte. Et c’était vraiment sympa.
Quelles sont tes cinq chansons préférées dans ta playlist en ce moment ?
Voyons, cinq chansons préférées dans ma playlist en ce moment… Alors, je ne sais pas si tu connais le groupe DIIV. Je ne sais pas s'ils sont populaires en France, mais je dirais déjà tout le dernier album. C'était mon album préféré l'année dernière, et tout particulièrement les chansons « Brown Paper Bag » et « Soul Net » que j’écoute sans arrêt. Le groupe HOUSE OF PROTECTION aussi. Je me suis plongé dedans, parce que j'adore ces deux gars. En tant que personnes, ils sont juste adorables. Je dirais, leur morceau « Fuse ». J’ai aussi le dernier album de SPIRITBOX, avec le titre « Fata Morgana ». Et puis du TAME IMPALA, c'est toujours génial. Mais j’écoute vraiment souvent DIIV. Ils ont joué un rôle très important dans cette scène shoegaze, je trouve. J'adore ce groupe. Je l'ai découvert quand je vivais à New York, quand il commençait à se produire dans des petits clubs new yorkais. C'était une période géniale pour moi parce qu'UNDEROATH était séparé, et j'ai pu aller à plein de concerts, ce qui m'a redonné l'amour pour la musique. Ce groupe y a un peu contribué pour moi. Le disque qu'il a sorti l'année dernière était tout simplement fantastique. •