
HELLOWEEN célèbre ses 40 ans de carrière en grande trombe et les Allemands nous offrent un gigantesque best ouf d’une quarantaine de hits. L’idée est de retracer la trajectoire du groupe à travers « March Of Time ». Nous revivons donc la naissance de HELLOWEEN avec les monumentaux "Walls Of Jericho/Ride The Sky" et "Metal Invaders". Avec le recul d’une écoute venue du futur, comme dirait Marty McFly, je suis frappé par la résonance heavy/thrash de ces morceaux, comme un écho allemand à un « Kill Em All » devenu une référence en la matière. La différence résidant évidemment dans la voix à la clarté cristalline de Kai Hansen. Ici, plutôt que sur du bourrin growl, nous travaillons sur la puissance, la vitesse et la mélodie. Oserais-je avancer à quel point l’audace vocale et speed metal de "How Many Tears" concurrence IRON MAIDEN et son air-siren ? Je crois que je viens de le faire.
Ensuite, et bien il y a le monument en deux parties que représente "Keeper Of The Seven Keys". Evidemment. Nous passons dans une autre dimension. HELLOWEEN vole haut au-dessus des autres, "Eagle Fly Free", avec des riffs impossibles à stopper, une voix surpuissante, et cette frappe, mon dieu, Ingo Schwichtenberg est possédé et donne au groupe la patte que jamais personne n'égalera. Les limites sans cesse repoussées, nous découvrons le morceau fleuve "Halloween", où pendant plus de 13 minutes on ose et on pose une mélodie qui restera dans nos mémoires bien des années après l’écoute première. Et toujours ces riffs de tueurs qui dépassent le mur du son. Kai et les musiciens accouchent de la fusion homme-instruments, le cri-ff.
La deuxième partie du diptyque de ce gardien des clés est encore plus furieusement réussie que la première. Tricotage des guitares et tabassage de rigueur des fûts sur "Future World", le tout permet à Kai de franchir des limites vocales inimaginables. "March Of Time", impérial comme une marche Vadorienne et qui donne son nom à ce best of anniversaire, laisse le champ libre aux soli impétueux. Certainement un testament musical temporel pour HELLOWEEN, avant la folie rythmique pure de "Dr Stein", et l’épopée épique de "Keeper Of The Seven Keys". Le mètre étalon du power metal mélodique est ainsi posé. Rien ne sera plus jamais pareil.
Pour HELLOWEEN ce sera ensuite un passage en mode automatique, même si se succèdent des albums aux titres honorables tels "Kids Of The Century" ou "Number One", tous deux aux belles mélodies, difficile de pondre des brûlots de l’apogée de "I Want Out". Des changements de line-up y sont pour beaucoup, ainsi que l’évolution du paysage musical des années 90. Kai Hansen a quitté le navire pour un autre groupe de power metal : GAMMA RAY. Ingo Schwichtenberg le maestro de la batterie le suivra, victime de ses démons et de la schizophrénie, sa mort fut une tragédie. Certes il y eut quelques sursauts de taille, « Master Of The Rings » s’approcha du gardien des clés, avec les excellents "Sole Survivor" et "Power", mais la fin de siècle fut une alternance de titres trop aléatoires pour les capacités reconnues de HELLOWEEN. Et parfois trop de clavier et pas assez de guitares mettant en valeur le talent de Weikath et Grosskopf. On peut retenir « Time Of The Oath » et le jouissif "Steel Tormentor". Andi Deris arrivé au micro pris son temps pour se faire... entendre. Petit à petit toutefois il fit sien le style du groupe et les albums redevinrent des condensés de hits, avec de vrais énervement power metal dignes de ce nom, tel "Mister Torture" qui renoue à la fois avec un ton sombre et des guitares bien en verve, et "Hell Was Made In Heaven" qui nous régale d’un speed metal estampillé HELLOWEEN.
Chemin faisant, entre deux audaces expérimentales, "As Long As I Fall" pour ne pas le nommé, HELLOWEEN revenait toujours plus aux affaires, "Kill It" magistral annonce sur cette compilation, le somptueux "Where The Sinners Go" de l'album suivant. La deuxième décennie du troisième millénaire vit un groupe entièrement redevenu en tête de sa catégorie. Pour preuve l’épopée homérienne "Nabataea", avec du riff pur jus de citrouille, et un Andi Deris au top de ses lignes de chant. Le reste n’est que du plaisir. "Straight Out Of Hell" gorgé de power metal, "Waiting For The Thunder" au refrain viscéral, ou encore "My God Given Right" brûlot au cachet metal cent pour cent heavy.
La suite on la connaît. Une tournée triomphale des "Pumpkins United", avec le retour de Hansen et Kiske, pour des duos vocaux olympiens et des soli sans fin. Un album événement de réunion qui se pose là, avec en point d’orgue "Skyfall". Comme un écho des temps anciens.
HELLOWEEN, avec sa marche du temps millénaire, nous rappelle avec cette compilation archéologique l’histoire et l’évolution d’un metal issu des forges teutoniques, avec ses strates d’acier trempé. Une piqûre de rappel incroyablement riche, qui fait un bien fou. Pour ceux qui trouve les tables de la loi indigeste, là avec 42 titres nous avons réellement du lourd à nous mettre sous la dent et nous préparer au prochain album à venir. Are you metal ? Oui !!!