4 avril 2025, 17:48

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 90

Blogger : Clément
par Clément


Pas besoin d’être un expert en météo pour constater que le printemps commence à pointer son pif aux quatre coins de l’Hexagone. Et, dans le prolongement de ce réchauffement des températures, c’est une nouvelle fois installée dans le nid douillet de HARD FORCE, que votre rubrique préférée (si, si !) va vous transcender les esgourdes. Parce qu'avec la sélection mensuelle de LABELS & LES BÊTES et sa dose de metal sans faux col, la chaleur est toujours garantie ! Avec au programme ce mois-ci : dubo, dubon, du bon son qui nous vient d’un peu partout des quatre coins du globe avec un seul point commun : la qualité. Allez, une fois encore... en voiture Simone !
 

THIS GIFT IS A CURSE - « Heir » (Season of Mist)
Défenseur bec et ongles d’un style alliant noirceur et puissance depuis plus de deux décennies, quelque part entre black metal et hardcore, THIS GIFT IS A CURSE revient en force avec un quatrième album dans sa besace. Et le moins que le puisse dire c’est qu’avec « Heir », le clan suédois ne s’est pas assagi avec le temps... loin de là !
Un disque qui débute par des guitares acérées qui ne laissent aucune place au compromis sur "Kingdom" et "Nor Sun Nor Moon". Deux déflagrations qui introduisent "Void Bringer", titre de neuf minutes, plus nuancé, qui navigue avec malice entre ambiances de fin du monde et embardées sauvages.
Mais à peine le temps de reprendre son souffle que les monstrueux "Death Maker" et "Seers Of No Light" ne viennent mettent tout le monde d’accord avec leurs accents plus que jamais dissonants du meilleur effet. "Vow Sayer", "Old Space" et "Ascenson", charrient, eux, en queue de train fantôme un fatras de six cordes et de percussions broyées dans un maelstrom furieux. Que l'on pourrait résumer en un mot : implacable. THIS GIFT IS A CURSE dévoile une fois de plus sur ce nouvel album un son dévastateur qui enfile du gros calibre sans jamais baisser la garde.
Un gros coup de force. Avec bracelets à clous fournis gracieusement par la maison.
(Clément)

 

TEITANBLOOD - « From The Visceral Abyss » (NoEvDia)
Composé de quatre membres ayant déjà bien traîné leur bosse dans les rangs de l'underground espagnol pendant plus de vingt ans, TEITANBLOOD est plutôt du genre expérimenté. Un simple coup d'œil au CV de chacun de ces guerriers ne laisse que peu de doute quant à leur aptitude malfaisante et pourtant « From The Visceral Abyss » n’est que leur quatrième album au compteur, perdu dans une multitude d'obscurs EPs et splits maléfiques.
Gage de qualité, le sceau du mystérieux label Norma Evangelium Diaboli qui héberge en son sein la fine fleur du black metal, ANTAEUS, DEATHSPELL OMEGA ou FUNERAL MIST excusez du peu, est apposé sur la divine missive. Pas de doute donc sur le contenu : noir, destructeur, insondable, qui tout du long d'une cinquantaine de minutes abyssales se nourrit de ce qui se fait de plus extrême en la matière.
Black, death, industriel, ambient, n'en jetez plus la coupe est pleine. Les Espagnols assènent d’ailleurs le KO d'entrée de jeu sans prendre de pincettes : riffs dissonants, breaks hallucinés, climats hostiles, le tout soutenu par des parties de batteries pantagruéliques.
La suite n’est qu’une plongée dans les ténèbres qui balaie les derniers espoirs d'un éventuel revirement : non, ici le noir a triomphé une fois de plus. Les potards, eux, sont dans le rouge. Pour toujours.
(Clément)

 

ALDAARON - « Par-delà les cimes » (Ordre du Givre / Paragon Records)
Si ALDAARON existe depuis 2010, c’est à partir de 2022 que les choses se sont accélérées pour le le duo de black metal alpin, avec trois productions en trois ans. « Par-delà les Cimes », cinquième album à paraître en ce mois d'avril, nous présente quatre titres d’un pagan-black de grande qualité, d’une durée d’environ dix minutes chacun.
D’entrée de jeu "Antediluvian Prophecies" est pourvoyeur d’une belle intro atmosphérique tandis que les rythmes blastés prennent rapidement le relai. Les hurlements se font alors virulents mais les mélodies restent omniprésentes. Le rapide "Frozen Shadows Of The Exalted Sun" ne laisse que peu de répit avec un black metal saisissant, au break lugubre, nous emmenant dans des paysages balayés par une bise glaciale.
L’un peu plus court et bien nommé "Chants d’Hiver et de Solitude" nous enchante d’un black atmosphérique mélancolique complètement hypnotique. Enfin, "Under The Icy Sky, Memories Fade Away", plus lent, dévoile des soli plus envolés.
Il fait la part belle à un côté pagan avec des passages en voix claires mais n’oublie pas tout de même pas de blaster nos oreilles engourdies par le froid. Rien à dire, les cimes des Alpes sont inspirantes.
(Aude Paquot)

 

BLOOD ABSCISSION - « II » (Debemur Morti Productions)
Vous voulez du gros black atmosphérique incarné, habité, transcendé même ? BLOOD ABSCISSION a ce qu’il vous faut. Né en 2023 on ne sait où, ni de quelles âmes charitables, le collectif nous propose déjà son deuxième album intitulé sobrement « II ».
Chacun des cinq titres, nommés efficacement "I" à "V" est fait de passages chaotiques et dissonants, d’atmosphères mystiques et de vocaux hurlants à la mort.
Entre émotions vibrantes et agressivité non dissimulée, ce sont quarante minutes de fureur mêlée de nostalgie qui s’enchaînent sans accrocs. "I" attaque insidieusement avec des riffs true black rapides, ciselés pour ensuite miser sur la mise en place de plus d’atmosphères. Si "II" revêt une ambiance sombre et désespérée, "III" avec son intro acoustique et ses mélodies prenantes se veut plus éthérée, bien que cauchemardesque.
Le court et instrumental "IV" aux ambiances apocalyptiques et guitares blackgaze fait ensuite le lien vers l’excellent et brutal "V" aux growls profonds et plaintifs mêlés de hurlements explosifs. Les dissonances sont nombreuses, donnant l’impression d’être pris dans un tourbillon menaçant. Un final percutant, majestueux. BLOOD ABSCISSION est assurément un groupe à suivre de près, talentueux et dont le mystère reste intact.
(Aude Paquot)

 

AVULSED - « Phoenix Cryptobiosis » (Xtreem Music)
Ceux qui suivent les Espagnols AVULSED depuis leurs débuts ne sont plus vraiment jeunes (en ce qui concerne votre serviteur depuis la démo « Embalmed In Blood » datant de 1992 !) : on peut même dire que leurs cheveux blancs ou leur crâne dégarni les trahit !
Déjà 8 albums en comptant celui-ci et une myriade incalculable de promo-tapes, de démos et de splits LP (sans compter les concerts...) soit près de 34 ans de carrière entièrement dévolue au dieu du metal extrême qui mériterait une médaille d'honneur, une inscription au panthéon voire une étoile sur death metal boulevard !
Le pire dans tout cela c'est que leur dernier « Phoenix Cryptobiosis » reste costaud, crédible, actuel même ! Que ce soit des titres accrocheurs comme "Lacerate To Dominate", "Neverborn Monstrosity" ou "Blood Monolith", que ce soit d'autres plus rapides ("Devotion For Putrefaction"), ils sont tous parsemés de breaks pertinents et de solis aussi mélodiques que techniques qui en disent long sur l'expérience d'AVULSED acquise depuis plusieurs décennies.
Bref c'est la fête du death metal à tous les étages et ce n'est pas le titre éponyme qui nous contredira sur le sujet.
(Crapulax)

 

ARTERY - « Last Chance » (Great Dane Records)
Fin 2024 sortait le quatrième album de cette formation originaire de la ville d’Angoulême et même si un certain laps de temps est passé, il mérite amplement qu'on s'y attarde ! Les premières traces sonores d'ARTERY remontent à 2006 avec une démo, 3 titres qui annoncent l'album « Avoid The Unlknow » (2009) en posant d'ores et déjà les jalons d'un thrash/death à la fois technique, énergique et mélodique.
Ce dernier aspect, très présent sur un « Eternal Sanctuary » (2015) et dénué de growls, se poursuit jusqu'à l'EP « Deep Nature » (2018) où ARTERY prend sa forme actuelle, proche de celle de DEW-SCENTED ou de HATESPHERE par exemple.
Autant dire que ça tabasse, en témoignent "Last Chance" qui démarre les hostilités par un gros bourre-pif suivi d'un uppercut avec "Dictatorship In Blood", d'un coup de genou dans le plexus avec "Lost In The Turmoil" et pour terminer d'un petit coup dans les parties génitales pas très réglo mais rudement efficace ("Measured Suffering") !
Si ARTERY ne boxe pas dans la catégorie des poids lourds, c'est un groupe à ne pas prendre à la légère qui dispose de solides arguments.
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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