
40 ans ! Voilà 40 ans que LOUDBLAST, au fil d’un split fondateur avec AGRESSOR (1987), de neuf albums studio publiés entre 1989 et 2024, de trois albums live et d’innombrables concerts, assume sa position de porte-étendard du metal extrême français. Après avoir célébré son 30e anniversaire à l’Aéronef, la bande à Stéphane Buriez a vu les choses en grand, voire en immense, en investissant, dix ans plus tard, le Black Lab pour quatre concerts hors du commun.
Dans la salle désormais incontournable de Wasquehal, chacune des dates couvre une période précise de la carrière de la formation. Avant de se consacrer à la musique, il convient de regarder l’exposition dédiée à la magnifique aventure des gars du Nord. Les premiers flyers ornés de dessins explicites, les photos ancestrales d’avant le tout numérique où règnent les cheveux longs, les documents issus du Morrisound Studio, les affiches de concerts offrent un voyage dans le passé et un panorama du chemin parcouru, de Lambersart en banlieue lilloise à la Floride, des MJC aux festivals prestigieux.
Et ce passé resurgit, nous happe et nous enveloppe en ce vendredi soir où les LOUD'S – Stéphane Buriez, Hervé Coquerel à la batterie, Pierre-Emmanuel Pelisson à la basse et Jérôme Point à la guitare – plongent aux racines du mal en se consacrant à la fin des années 80 et aux 90’s. L’accent est mis, à ma plus grande joie, moi qui considère ce disque comme leur Opus Magnus, sur le référentiel « Sublime Dementia » (1993) joué dans l’ordre et dans sa quasi-intégralité ; seuls "In Perpetual Motion" et "Fancies" passent à la trappe. Quelle joie nostalgique que d’entendre "Wisdom... Father On", "My Last Journey" et l’enchaînement diabolique qui voit "Subject To Spirit" suivre le magnifique et décalé "About Solitude", interprété par Hélène. Ces compositions complexes, souvent mid-tempo, toujours agressives, à l’effet saisissant, nimbées de mystères oniriques, enrobées de mélodies, n’ont rien perdu de leur éclat, ont conservé leur magnificence d’antan. Le temps glisse sur ces chansons qui nous attachent à notre jeunesse enfuie, enfouie.

Si le taulier semble sur la retenue quand, après l’intro, il attaque "Presumption", le gaillard et ses acolytes trouvent vite leur rythme, baignés dans des lumières variées, qui glissent du rouge au jaune en passant par le bleu et le mauve, parfois striées d’éclairs blancs pour accompagner les montées rageuses. L’émotion, maître-mot de ce cette petite heure et demi qui défilera à toute vitesse, jaillit des propos du boss : « Putain, que c’est bon d’être à la maison ». Bubu est touché un peu plus tard quand les fans, énamourés, entonneront un vibrant « joyeux anniversaire ». Il ne perd rien toutefois de sa fougue, assénant à intervalles réguliers ses vindicatifs et traditionnels « Bouge ton putain de cul » ! Buriez concentre toute l’attention, impose son talent et sa stature, son charisme et sa présence, au détriment de ses compagnons qui restent concentrés sur leur jeu.

Après l’épisode « Sublime Dementia », le groupe offre le récent "Putrid Age Of Decay", étonnant pas de côté vers un metal plus groovy, moins death/thrash, avant de revenir à ses premières amours... et à ses solides amitiés. Alex d’AGRESSOR, en marcel blanc orné de la mythique inscription "Licensed To Thrash", rejoint le quartette pour l’antédiluvien brûlot thrash "Black Death" qui électrise la fosse. La complicité entre les deux vétérans est belle à voir... comme sont magnifiques à entendre les autres titres des vertes années, ce "Malignant Growth" au break saisissant ou un "Disquieting Beliefs" aux passages mélodiques. L’EP « Cross The Threshold » n’est pas oublié avec le morceau éponyme et, en conclusion d’un set qui s’ancrera dans les mémoires, l’impeccable "No Tears To Share". Les ultimes notes envolées dans un Black Lab en ébullition, résonne alors dans la sono le "It’s a Long Way To The Top" d’ACDC. Les fans se précipitent au stand de merchandising où les musiciens les rejoignent très vite pour une longue séance de dédicaces.
En première partie les Dunkerquois MORTAL SCEPTER ont offert 30 minutes de thrash des origines, d’inspiration allemande entre DESTRUCTION et les premiers KREATOR. Envoyés avec conviction et maîtrise, malgré un chant en anglais parfois limite, leurs morceaux ont constitué une excellente entrée en matière énergique.

Les Cannois HEART ATTACK, compagnons de route de LOUDBLAST depuis une dizaine d’années, ont ensuite envahi la scène et déclenché les premiers mouvements dans la fosse avec un circle-pit sur "Wings Of Judgement"... puis un wall-of-death... puis des jumps ! Kevin (chant/guitare) en impose et n’hésite pas à apostropher la foule d’un « Lille, montre nous ce que tu as dans le ventre » ou de rendre hommage au héros de la soirée. Le metal puissant et groovy des Méditerranéens, traversé de soli et enrichi des vocalises plus graves du bassiste, séduit l’assemblée, chauffée à blanc à l’issue de cette prestation incandescente.
