9 mai 2025, 18:06

BEHEMOTH

"The Shit Ov God"

Album : The Shit Ov God

Si le titre de ce nouvel album de BEHEMOTH semble incisif et plutôt direct, c’est pour mieux en refléter le contenu. En effet, la musique des 8 titres de « The Shit Ov Gov » est aussi rentre-dedans que les paroles associées. Le charismatique leader Nergal a toujours été un engagé blasphémateur, arborant une imagerie anti-chrétienne extrême et enchaînant les provocations. Haine et colère font ici bien sûr partie du discours, avec en plus, un esthétisme de plus en plus recherché et détaillé. Le BEHEMOTH grandiloquent perdure, mais se veut maintenant abouti, sûr de lui, ferme, sans concessions et peut-être moins caricatural que sur le précédent album. Théâtral oui, visuel oui, imposant oui, mais surtout féroce et brutal. Son black/death metal est une ode au satanisme, pas spécialement en tant que religion, mais plutôt en tant qu’opposition à la société qui nous entoure, ses dogmes, ses alliances macabres. BEHEMOTH, c’est un tout. Mais un tout extrême, sans être exagéré. La production de Jens Bogren aux Fascination Street Studios rend l’album encore plus majestueux. Bref, rien n’est laissé au hasard, le Diable se cache dans les détails.

Le premier blast arrive avec "The Shadow Elite", à l’entrée martiale. L’utilisation constante du pronom personnel “We” (nous) permet de nous immerger, de nous identifier à l’agressivité déversée, mais aussi de ressentir toute la puissance d’un morceau dévastateur. Le plus death "Sowing Salt" au refrain fédérateur et aux hurlements possédés fait la part belle à des guitares distordues et des rythmes cadencés. Tout aussi efficace, concis, précis, brutal.

Le titre "The Shit Ov God" est l’hymne éponyme de l’album. Symphonique, évocateur, à nouveau inclusif, il est complètement addictif car entêtant, rythmé, mélodique, mais percutant. C’est un morceau fait pour le live, visuel, riche, aux atmosphères lourdes. Son break récité, lent, et son refrain le rendent immédiatement inoubliable. Le sombre "Lvciferaeon" nous emmène au plus profond des enfers, brûlants. De la même façon, les paroles du refrain « If I’m God, everyone is, If i’m not, None exists » est un appel universel, une incantation. Les troupes sont au garde-à-vous et on se sent tout de suite familier du titre, proche du Baphomet cité.

Le tourbillonnant "To Drown The Svn in Wine" garde les rangs serrés autour de « Captain, ô my captain » et de cette voix féminine complètement hystérique en fin de morceau, gigantesque. "Nomen Barbarvm" est un titre théâtral comme seul BEHEMOTH sait les construire, autour de chants virils, de guitares puissantes et riffs répétés et, surtout, de rythmes blastés.

Pour finir, le balancé et varié "O, Venvs Come!" contraste avec le très black "Avgvr (The Dread Vvltvre)" qui clôture ce « The Shit Ov God » de façon plutôt atmosphérique, mystique même. Les sonorités horrifiques et les riffs tranchants le rendent glacial et lugubre. Un final qui en impose, comme pour montrer que la sérénité n’est pas encore venue. Ou bien si, avec les quelques secondes de guitare acoustique, subtile.

Ce treizième album des Polonais BEHEMOTH combine passion dévorante, ambition ravageuse, musique extrême et esthétique fouillée. « The Shit Ov God » est une œuvre monumentale, qui prend aux tripes sur platine, qui vous saisit en live. Après 30 ans de carrière, Nergal peaufine encore et toujours son Art pour nous séduire et semble posséder notre âme. Excellent.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK