16 mai 2025, 17:24

KADAVAR

"I Just Want To Be A Sound"

Album : I Just Want to Be a Sound

Bien que les restrictions liées au Covid semblent être derrière nous, quelques habitudes de vie sont restées : pendant que certains ont quasiment arrêté de faire la bise ou continuent de porter des masques dans les espaces publics, d’autres sont davantage présent.e.s sur les réseaux sociaux afin de se connecter au reste du monde. À rebours de ces habitudes plus ou moins nocives, KADAVAR sort aujourd’hui son album "I Just Want To Be A Sound" dont le premier morceau éponyme affirme ce souhait de vouloir exister en dehors des réseaux sociaux et d’être identifié à une musique plutôt qu’à des posts et des stories Instagram.

Dès les premières notes de l’album, on sent le changement de style du groupe, davantage inspiré par les années 60 et 70, comme en témoigne la couverture de l’album aux couleurs plus vives et saturées que les précédentes.
Deuxième titre de l’album, "Hysteria" s’inscrit dans une veine plus critique avec un clip montrant des individus totalement contrôlés par leurs téléphones portables. Lâchez vos mobiles, vous pourriez être bien plus proche de la réalité sans eux que les yeux rivés sur leurs pixels. Comme ses prédécesseurs, "Regeneration" dévoile une énergie incroyable : alors que la batterie de Tiger Bartelt pose une base solide au rythme rapide, la basse de Simon Bouteloup se fait incisive et précise tandis que les guitares de Jascha Kreft et Lupus Lindemann, également au chant, déploient la mélodie avant que l’ensemble ne se déchaîne dans un torrent sonore. L’alchimie qui unit les membres du groupe ne fait aucun doute et l’arrivée récente de Jascha Kreft en tant que deuxième guitariste du groupe en 2023 apporte une force nouvelle au groupe.

L’album équilibre habilement les moments de force et de calme, l’enchaînement de "Let Me Be A Shadow" et "Sunday Mornings" ménageant une bulle de calme planant qui semble nous happer dans un nuage et nous extraire, pour quelques minutes, du monde qui nous entoure. La voix légèrement réverbérée de Lupus Lindemann, les accords du synthétiseur, la douceur de la basse et le son doucement étouffé de la batterie qui imitent des battements de cœur forment un ensemble propice au repos, au calme et à l’isolement réparateur dont on ne sort que pour retrouver l’énergie de la deuxième partie de "Sunday Mornings" et ses accords de guitare qu’on ne peut s’empêcher de fredonner.

Fini le calme avec "Scar On My Guitar" qui raconte la relation d’amour-haine entre Lupus Lindemann et sa guitare, fidèle au poste malgré les coups et les accès de frustration du guitariste qui s’entraîne dur mais à qui les cordes résistent parfois. Pas de panique, aucun instrument n’a été fracassé dans le but d’illustrer ce titre. "Strange Thoughts" explore ensuite les recoins des pensées et des rêves parfois difficiles à expliquer, à grand renfort de synthétiseurs dont les rythmes et mélodies se situent entre l’incontrôlé et l’onirique pour instaurer un climat méditatif. "Truth" arrive comme une surprise dans cet album puisque le morceau a été composé par Jascha Kreft qui chante également sur les couplets. Bien que Lupus Lindemann reprenne le lead du chant sur les refrains, l’alternance entre les voix des deux guitaristes apporte des modulations douces et subtiles qui, entrecoupées de courts solos, font de ce morceau une ode à la simplicité et à ce qui est essentiel.

Retour au calme doux comme un oreiller avec le morceau "Star". Le tempo ralentit au point de donner envie de danser un slow et de tourner sur soi-même en fermant les yeux pour apprécier les accords légers et aériens qui semblent tout droit venus du ciel. Dans la même veine relaxante et d’inspiration vieux rock doucement psyché, "Until The End" est l’ultime montée en puissance de l’album.
Après une première feinte, le calme du début cède rapidement la place à l’énergie du groupe qui finit à l’unisson avant de laisser Tiger Bartelt faire un dernier solo de batterie, impressionnant de coordination et de rapidité.

Si une partie des fans de KADAVAR peut avoir du mal à comprendre le virage musical que prend le groupe avec cet album, la salle comble du Supersonic Records qui a accueilli leur release party parisienne a bien montré que ce virage est tout de même majoritairement acclamé par les artistes et les médias. L’album est un bonbon aux sonorités aussi acidulées et douces que les couleurs qui en font la couverture. Chaque morceau se savoure et s’apprécie en tant qu’équilibre entre un rock des origines et une modernité portée par une grande liberté musicale et une carrière longue de quinze ans. Rempli de fraîcheur, de liberté et de renouveau, "I Just Want To Be A Sound" est l’album idéal pour célébrer le printemps et la douceur de la vie.

Blogger : Ivane Payen
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