On n’a jamais fini de découvrir CALVA LOUISE. Quand on pense être en terrain connu en écoutant la douce voix de Jessica Allanic et pouvoir se laisser bercer par les mélodies envoûtantes dont le groupe a le secret, c’est pour avoir une surprise de taille en entendant la chanteuse livrer un scream d’une grande puissance dès les premières secondes de "Tunnel Vision". Le groupe évolue entre les lignes et mélange les styles et les influences, au point où on a parfois du mal à le raccrocher à un genre en particulier. D’abord plus proche du punk-rock à ses débuts, le trio se rapproche de plus en plus d’un mélange de metal, de punk et d’électro qui aboutit à un album tout aussi diversifié que l’histoire du groupe. De trois nationalités différentes, Jessica Allanic (chant, guitare, claviers), Alizon Taho (basse, voix) et Ben Parker (batterie, voix) se sont rencontrés au Royaume-Uni où ils ont décidé de former un groupe porté par leurs voyages, leurs migrations et leurs influences musicales et cinématographiques, ces dernières étant visibles dans les clips des singles.
Au programme, quarante minutes de puissance pendant lesquelles les onze titres nous portent d’une ambiance à l’autre : le chant, en anglais ou espagnol, nous fait vivre des moments de vie qui ont tous en commun de nous placer au bord du gouffre, comme l’indique le titre de l’album. Les moments où nous sommes sur le point de basculer ne sont pas rares, qu’il s’agisse de la quête désespérée d’un but dans "W.T.F.", l’agacement devant des personnes à l’attitude pleine de faux-semblants décrite dans "La Corriente" ou la recherche de sens à nos actions dans "Lo Que Vale". Les instruments s’équilibrent et se multiplient, le classique trio guitare-basse-batterie étant régulièrement accompagné d’un piano et de claviers qui renforcent la montée en pression des chansons. Enfin, pour notre plus grand plaisir, les styles sont habilement mélangés : alors que le single "Aimless" tire plus du côté du metal, "La Corriente" et "The Abyss" s’aventurent vers une techno très portée sur les basses et les synthétiseurs, associée à un chant parlé du plus bel effet.
Pour résumer, « Edge Of The Abyss » est aussi riche que le groupe lui-même : en ambiances, en instruments, en langues parlées, en histoires racontées et peut s’apprécier différemment au fil du temps et des écoutes tant les singles sont accrocheurs, chacun dans son style mais ensemble dans leur cohérence. CALVA LOUISE est à la fois très abordable pour les néophytes et assez surprenant pour satisfaire les amateur.ice.s de découvertes. Le groupe se renouvelle constamment et toujours d’une façon qui force l’admiration.